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Les murs de disparus se multiplient en Ukraine, en hommages aux morts de la guerre. Les murs de disparus se multiplient en Ukraine, en hommages aux morts de la guerre.  

L’esprit de résistance des orphelins ukrainiens

En Ukraine, les orphelinats subissent de plein fouet les conséquences de la guerre qui dure depuis deux ans. De nombreux enfants perdent un parent voire les deux et se retrouvent orphelins. Depuis 5 ans, l’association Caridad soutient trois orphelinats tenus par des religieuses de la Congrégation du Cœur très pur de la Vierge Marie en Ukraine, à Kiev, Jytomyr et Khmelnytskyi. Le délégué au projet, Irénée de Poulpiquet témoigne d’un véritable esprit de résistance développé par ces enfants.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

On comptait déjà plus de 100 000 orphelins ukrainiens en janvier 2022, avant le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Ils sont désormais au moins 9 000 de plus selon les services sociaux du pays. Pour aider ces orphelins, l'association bretonne Caridad soutient financièrement trois orphelinats en Ukraine, gérés par des religieuses. 

Entretien avec Irénée de Poulpiquet, délégué aux projets de l'association Caridad

Dans l'un de ces orphelinats, à Jytomyr, à 150 km à l’ouest de Kiev, les enfants se préparent à retourner en Pologne. «Comme l'école est en ligne depuis le début de la guerre, pour tous les établissements qui n'ont pas d'abris anti-aérien, les enfants repartent en Pologne parce qu'ils sont scolarisés là bas» explique Irénée de Poulpiquet, délégué au projet de l’association Caridad.

Une chance que n’ont pas tous les pensionnaires comme les garçons devenus majeurs qui ne sont pas autorisés à quitter le territoire ukrainien. «Certaines filles majeures restent aussi pour leurs études à Jytomyr» témoigne l’humanitaire français, qui travaille avec ces orphelinats depuis plus de cinq ans.

Avec l'association Cardiad, Irénée de Poulpiquet (en rouge) soutient 3 orphelinats en Ukraine.
Avec l'association Cardiad, Irénée de Poulpiquet (en rouge) soutient 3 orphelinats en Ukraine.

La guerre, un traumatisme pour les enfants

Il témoigne du traumatisme de la guerre pour ces enfants lorsqu’il a fallu fuir les combats. Certains ont même été témoins de violences entre civils, par exemple lors des distributions alimentaires. Des événements qui ont réveillé un véritable sentiment de résistance par les enfants: «Ce que j'ai remarqué, c'est que les enfants étaient devenus très patriotes, ce qui n'était pas forcément le cas avant. Je me rappelle de réflexions d'enfants qui jouaient à bombarder Poutine. Les enfants de Kiev, eux, sont carrément en train d'aider les soldats. Très concrètement, ils confectionnent des filets pour les soldats au front».

Une mentalité guerrière qui se retrouve également dans le discours de ces jeunes enfants: «une des ainées de l'orphelinat de Kiev me parlait tout à l'heure en me disant Mother land, elle me parle de la Terre-mère» raconte Irénée de Poulpiquet. Vivre la guerre au quotidien a transformé les jeunes orphelins qui subissent la guerre.

Une messe en plein air, parmi les décombres en Ukraine.
Une messe en plein air, parmi les décombres en Ukraine.

 

De plus, devenus majeurs, certains sont appelés au front comme un jeune de l’orphelinat de Kiev parti dans un bataillon de volontaires. Un autre majeur de l’orphelinat de Jytomyr est devenu diacre pour le diocèse latin de Kiev et sera ordonné le 25 mai prochain.

Un effort de guerre partagé par tous

Chaque orphelinat tenu par les religieuses de la Congrégation du Cœur très pur de la Vierge Marie, est voulu comme une grande famille et ne dépasse pas les quinze enfants. Ces “familles” participent à l’effort de guerre en accueillant des enfants dont les parents sont morts à cause de la guerre. «La supérieure de la communauté de Jytomyr, qui a accueilli cinq nouveaux enfants en 2023 me disait: “on est assez âgées, on ne voulait plus d'enfants, mais c’est un effort de guerre en fait de récupérer ces enfants et de s'en occuper”».

Pour l’association, qui délivre également des cartons d’aide alimentaire à travers toute l’Ukraine, le soutien aux orphelinats reste une mission importante, notamment en raison du faible taux de natalité ces deux dernières années. Un soutien indispensable à maintenir pour Irénée de Poulpiquet qui se réjouit de ce que les enfants récemment arrivés à Jytomyr «appellent déjà la religieuse maman, comme les autres».

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23 février 2024, 12:48