Sénégal: le report du scrutin entraîne de nouveaux affrontements
Vatican News avec Fides
Alors que le calme semblait être revenu à Dakar, les affrontements se sont poursuivis vendredi à Ziguinchor, située dans la région de la Casamance, opposant des dizaines de jeunes aux forces de sécurité, qui ont formé des barrages et jeté des pierres. La police, quant à elle, a fait un usage abondant de gaz lacrymogènes pour tenir à distance les personnes voulant se rassembler aux abords de la place de la Nation.
Outre les partis d'opposition, plusieurs organisations de la société civile ont également exprimé leur rejet du report du scrutin. Parmi elles, le Conseil national des laïcs du Sénégal (CNL) qui, dans un communiqué, a exprimé «avec amertume et regret, tout son désaccord face à cette décision dont les conséquences risquent de conduire le Sénégal vers des lendemains incertains».
Des risques d’instabilité
Le président Macky Sall a pris de court tout le monde, samedi 3 février, en reportant les élections à trois semaines du scrutin. Cette décision a été entérinée par l'Assemblée nationale qui a voté un ajournement de l'échéance électorale au 15 décembre, après avoir expulsé par la force les députés de l'opposition. L’Assemblée nationale a aussi voté le maintien au pouvoir de l’actuel président jusqu’à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025, alors que son deuxième mandat expire officiellement le 2 avril 2024.
Étant en contradiction avec la légendaire tradition démocratique du Sénégal, le CNL a déclaré, dans un communiqué, que «cette décision sans précédent comporte des risques réels d'instabilité et constitue une préoccupation majeure pour notre organisation». Fidèle à ses valeurs de paix et de fraternité et dans l'intérêt supérieur de la Nation, le CNL appelle le président de la République ainsi que tous les partis politiques à «respecter scrupuleusement le calendrier électoral». Le Conseil national des laïcs du Sénégal exhorte, en outre, l'État et toutes les parties prenantes au processus électoral, en particulier les partis politiques, «à œuvrer pour la paix et la stabilité du pays en trouvant, dans les meilleurs délais, les solutions nécessaires à l'organisation d'un scrutin transparent, inclusif, apaisé et démocratique».
Appel à garantir les libertés fondamentales
Le report de l'élection présidentielle a soulevé une indignation largement partagée sur les réseaux sociaux, l'opposition criant au «coup d'État constitutionnel». Les partenaires internationaux du Sénégal ont marqué leur préoccupation et appelé à organiser des élections le plus rapidement possible.
Dans un message sur les réseaux sociaux, l'ambassade des États-Unis au Sénégal a «exhorté toutes les parties à agir de manière pacifique et mesurée et a de nouveau demandé au président Sall de rétablir le calendrier électoral, de restaurer la confiance et d'apaiser la situation». L'Union européenne (UE), pour sa part, «a appelé les autorités à garantir les libertés fondamentales», selon une porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.
Notons que la mobilisation s'est étendue samedi à la diaspora, avec des manifestations qui ont drainé quelques milliers de personnes à Paris et Berlin. Par ailleurs, un lycéen de 16 ans a été tué alors qu'il manifestait dans le sud du Sénégal, portant à trois le nombre de tués dans le pays depuis le début de la contestation.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici