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Caritas Ouganda: rendre professionnels les petits agriculteurs

Professionaliser les petits agriculteurs est un moyen d'augmenter la production alimentaire dans le pays, a déclaré à Vatican News le directeur national de Caritas Ouganda, le père Hilary Muheezangango. Confier entièrement l’agriculture d’un pays aux grandes entreprises agricoles transnationales n’est pas une bonne idée, a-t-il soutenu.

Paul Samasumo – Cité du Vatican

Convaincue que la promotion de l’agriculture industrielle ne permettra pas d’améliorer la sécurité alimentaire, Caritas Ouganda construit trois académies agricoles où les petits agriculteurs pourront apprendre des différents modules qui augmenteront leur efficacité, leur rentabilité et leurs compétences en marketing. Après leurs cours, les agriculteurs seront accompagnés dans l’évolution de leurs activités, pour un plus grand progrès.

Les petits agriculteurs ont perdu leurs terres au profit des grandes entreprises

En réaction à un mouvement mondial poussant le slogan «Nourrir 10 milliards de personnes d’ici 2050», le père Muheezangango, directeur de Caritas Ouganda,  a exprimé son scepticisme quant au rôle des quelques entreprises agricoles transnationales venant dans les pays en développement sous couvert de stimuler la production alimentaire. «Je sais que certains capitalistes cherchent à s'emparer des terres des petits agriculteurs ou des paysans afin d'obtenir le mandat de cultiver pour nourrir la planète, d'ici 2050. Je pense que ce n’est pas une bonne ambition, car elle est déshumanisante et empêche les gens de travailler pour eux-mêmes», a confier le prêtre ougandais. «Je pense que Dieu nous a créés et veut que nous travaillions pour nous-mêmes. Si les gens veulent cultiver pour nous, parce que la population mondiale est en plein essor, je pense que c’est une erreur. Cela n'est pas fait dans le but de fournir de la nourriture, mais plutôt dans le but d'obtenir plus d'argent pour eux-mêmes. Les petits agriculteurs ont perdu des terres au profit de ces entreprises et, dans la plupart des cas, les aliments cultivés ne restent même pas dans le pays pour nourrir la nation. Ils les emportent et les exploitent. L'argent ne revient pas au pays comme indiqué. Je pense que c’est une mauvaise motivation», a-t-il insisté.


Les peuples doivent travailler pour leur propre développement

Le père Muheezangango a souligné le fait que Dieu a créé et veut que les êtres humains travaillent pour eux-mêmes pour leur propre développement. «Parfois, nous voulons apporter le développement aux gens. Les gens devraient rechercher eux même le type de développement dont ils ont besoin», a-t-il souligné.  «En tant que Caritas Ouganda, nous avons conçu un programme, que nous appelons la professionnalisation des petits agriculteurs», a-t-il poursuivi«Enfin, nous construisons trois académies où les petits agriculteurs viendront payer un montant raisonnable pour s'inscrire aux différents programmes et pourront ensuite choisir un module qui les intéresse. Alternativement, ils peuvent choisir et suivre la totalité de cours; et après ils retournent dans leurs fermes pour mettre en pratique ce qu'ils ont appris, et nous accompagnerons leurs progrès», a déclaré le directeur de Caritas Ouganda.

Selon la FAO, près des trois quarts des Ougandais vivent de l'agriculture. Le secteur, dominé par les petits agriculteurs, est responsable de 25 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Pourtant, de nombreux petits agriculteurs continuent de vivre en dessous du seuil national de pauvreté.

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15 mars 2024, 17:38