Les évêques du Costa Rica plaident pour un véritable développement humain intégral
Dans son message pour le Carême de cette année, le Pape a rappelé que «durant le Carême, agir c’est aussi s’arrêter. S’arrêter en prière, pour accueillir la Parole de Dieu, et s’arrêter comme le Samaritain, en présence du frère blessé. L’amour de Dieu et du prochain est un unique amour. Ne pas avoir d’autres dieux, c’est s’arrêter en présence de Dieu, devant la chair de son prochain».
L'Église, lit-on dans le message des évêques costaricains en date du 29 février, depuis son origine dans notre Seigneur Jésus-Christ, est porteuse de bonnes nouvelles: «L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres» (Luc 4,18). Les disciples du Seigneur sont allés «prêcher l'Évangile du Royaume de Dieu et le nom de Jésus-Christ» (Actes des Apôtres 8,12), un message qui implique la possibilité de vivre selon le dessein de Dieu, basé sur des attitudes d'amour, de justice et de solidarité, à la fois dans le domaine interpersonnel et social.
En s’appuyant sur l’encyclique Populorum Progressio de saint Paul VI, les évêques du Costa Rica réfléchissent actuellement au développement humain intégral «conçu comme le résultat d'une dynamique sociale qui permet à l'être humain d'atteindre une plénitude de vie toujours plus grande, conformément à sa haute dignité». «Nous nous référons à ce thème en partant du fait que l'Église est appelée à promouvoir le développement intégral de l'homme à la lumière de l'Évangile», ajoutent-ils.
Les limites du développement au Costa Rica
Pour les évêques il serait erroné de considérer le développement du Costa Rica uniquement à partir d'indicateurs économiques. Le Pape saint Jean XXIII déclarait que «le progrès social doit accompagner et rejoindre le développement économique, de telle sorte que toutes les catégories sociales aient leur part des produits accrus, Il faut donc veiller avec attention, et s'employer efficacement, à ce que les déséquilibres économiques et sociaux n'augmentent pas, mais s'atténuent dans la mesure du possible» (Mater et magistra, 73). Or, au Costa Rica, les bons résultats économiques sont nombreux: première place mondiale pour l'attraction des investissements étrangers directs proportionnellement à la taille de l’économie; réduction de la dette publique par rapport au produit intérieur brut; réduction du taux de chômage; pays avec le taux d'inflation le plus bas de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE); croissance exceptionnelle des exportations, y compris les exportations agricoles…
Toutefois, la conférence épiscopale costaricaine dénonce les inégalités dont souffre la population: «Le Costa Rica s'est imposé comme l'un des pays les plus inégaux du monde, tant en termes de différence de revenus entre les personnes qu'en termes de développement humain comparatif entre les territoires du pays». Selon eux, les efforts pour endiguer la pauvreté sont structurellement insuffisants. Par exemple, en matière de logement, «il y a beaucoup de familles qui n'ont pas de maison ou qui ont des problèmes de logement qui les empêchent de couvrir leurs besoins de base». Idem sur le travail où «la sortie sans précédent de dizaines de milliers de personnes du marché du travail requiert une attention particulière, même si l'indicateur officiel reflète une réduction du taux de chômage».
Les évêques dressent ensuite un bilan des différents secteurs économiques. Pour l’agriculture, ils critiquent la dépendance aux importations et souhaitent que soit renforcé «le secteur agricole national orienté vers la consommation intérieure». En matière de santé, ils rappellent que «le système de santé solidaire de la Caisse de sécurité sociale du Costa Rica doit être renforcé, en évitant les tendances à la privatisation». Sur le sujet de l’éducation, ils encouragent le pays à s’engager dans une action de redressement du système éducatif. Enfin, dans le domaine du numérique, les évêques demandent aux fidèles de se former sur l’utilisation de l’intelligence artificielle, afin d’«apprendre à en réduire les risques et à en exploiter toutes les possibilités».
Le communiqué de la conférence costaricaine revient ensuite sur la situation de violence dans le pays, insufflée par l’action de gangs criminels, avec des mots très forts: «Cela nous fait mal à l'âme que beaucoup de nos jeunes, résultat de l'exclusion de l'éducation, de la pauvreté et du manque d'opportunités, soient pris par ces criminels, pour lesquels ils devront rendre des comptes à Dieu pour leurs actes détestables».
Le Carême, un temps de décision
Après avoir dressé ce bilan alarmant du Costa Rica, les évêques reprennent à leur compte le message de Carême du Pape: «Le Carême est un temps de petites et grandes décisions à contre-courant, capables de changer la vie quotidienne des gens: les habitudes d'achat, le souci de la création, l'inclusion des invisibles ou des méprisés». Ils proposent ensuite quelques pistes de réflexions.
D’abord, un travail plus intense auprès des plus démunis, travail déjà en cours avec la Caritas. Ensuite, les évêques assurent être «sensibles aux droits des enfants». Ils ont participé à une grande marche nationale dont le thème était «nos enfants sont sacrés». Enfin, ils proposent un «Pacte national pour l'éducation afin de rechercher ensemble une éducation qui ouvre la voie à l'espérance». Ils concluent assurant qu’il reste beaucoup à faire pour un «authentique développement humain intégral» au Costa Rica.
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