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Le premier ministre britannique Rishi Sunak, le 22 avril à Londres. Le premier ministre britannique Rishi Sunak, le 22 avril à Londres.  

«Le plan d'expulsion du Royaume-Uni vers le Rwanda n'est pas la bonne approche»

La récente décision de la Grande-Bretagne d'approuver une loi autorisant l'expulsion de demandeurs d'asile vers le Rwanda suscite la condamnation de nombreuses organisations humanitaires, dont la CAFOD, l'agence d'aide de l'Église catholique en Angleterre et au Pays de Galles.

Linda Bordoni - Cité du Vatican

Réagissant à l'approbation par le Parlement britannique, tôt ce mardi 23 avril, d'une loi visant à envoyer certains demandeurs d'asile au Rwanda, la CAFOD (Organisation Catholique pour le Développement d’Outre-mer), organisme dépendant de la Conférence épiscopale catholique d’Angleterre et du Pays de Galles, partage sa déception. 

«Nous sommes déçus que ce projet de loi ait été adopté et nous sommes déçus à plusieurs niveaux», explique Neil Thorns, directeur du plaidoyer et de la communication de la Cafod, interrogé par Radio Vatican - Vatican News. Selon le responsable de l'ONG, cette loi «ne témoigne pas de l'attention et de la compassion que le Pape François -et d'autres- nous appellent à accorder à ceux qui fuient les situations de conflit et de détresse». 

Pour Neil Thorns, la nouvelle loi adoptée «ne tient pas compte des valeurs chrétiennes et de l'appel du Pape à "accueillir, protéger, intégrer et promouvoir" nos frères et sœurs déplacés, mais elle est aussi en décalage avec les sentiments du peuple britannique, en soulignant l'accueil général réservé aux réfugiés provenant de régions telles que l'Ukraine».

Dénaturer le problème

Soulignant que le projet de loi déforme la problématique de la crise des réfugiés qui, en réalité, voit la majorité des personnes déplacées chercher refuge dans les pays voisins plutôt qu'en Europe, le directeur du plaidoyer et de la communication de la CAFOD déplore que le Royaume-Uni ait négligé son devoir de soutenir les populations vulnérables et appelle à une répartition plus équitable des responsabilités. 

Neil Thorns souligne en effet que l'adoption de cette loi va à l'encontre des principes énoncés dans le nouveau pacte de l'Union européenne sur l'asile et la migration (adopté le 10 avril par le Parlement européen), qui met l'accent sur le partage des responsabilités entre les États membres. Si le Royaume-Uni ne fait plus partie de l'Union européenne, la CAFOD dénonce la réticence du gouvernement britannique à choisir des solutions humaines, alors que les moyens économiques ne manquent pas. «Nous sommes le pays qui a le plus de ressources pour aider et nous devrions donc prendre notre juste part du partage du fardeau», explique ainsi Neil Thorns. 

Une loi non dissuasive

Interrogé sur l'affirmation du Premier ministre Rishi Sunak selon laquelle la loi dissuaderait les migrants d'entreprendre des voyages dangereux, Neil Thorns s'est montré sceptique: «Si vous êtes dans une situation où vous êtes prêt à risquer votre vie sur ces bateaux horriblement fragiles, surchargés et souvent dépourvus des outils de sauvetage appropriés, je ne vois pas en quoi cette loi vous ferait changer d'avis». 

Respect de la dignité

Neil Thorns se dit convaincu que des solutions pour protéger les personnes vulnérables peuvent être trouvées. «Je pense qu'il peut y avoir des voies humanitaires légales qui permettent aux gens de venir. Les demandes peuvent être évaluées, comme il se doit, en vertu du droit international», précise-t-il. Les migrants et les demandeurs d'asile peuvent être accueillis ou, parfois, s'ils ne le sont pas, accompagnés dans le respect de leur dignité.

Il n'est vraiment «pas normal, ajoute-t-il, de donner la priorité à la dissuasion plutôt qu'à la compassion, tout en ignorant les obligations internationales, et d'utiliser des mesures punitives pour s'attaquer aux causes sous-jacentes des déplacements. Ce n'est pas la bonne chose à faire pour donner aux gens une alternative à ce terrible voyage à travers la Manche».

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24 avril 2024, 13:55