L’Église croate invite à voter en se souciant du bien commun
Vianney Groussin – Cité du Vatican
Mercredi 17 avril, la Croatie va renouveler son Parlement à l’occasion d’élections anticipées. À l’approche de cette échéance, le président de la commission «Justice et Paix» de la Conférence des évêques croates Mgr Đuro Hranić signe une déclaration abordant quelques thèmes importants.
La responsabilité vis-à-vis du bien commun
Le document rappelle d’abord l’importance de s’intéresser à la vie publique et d’aller voter, en soulignant que «se rendre aux urnes est un des moyens de manifester la co-responsabilité pour le bien commun de la société et de l’État». Il appelle aussi les partis politiques -dont la confiance octroyée par les citoyens ne repose que sur leur propre capacité à servir tous les citoyens- à la responsabilité,.
Si la crise démographique «est devenue un problème fondamental de la société croate», du fait d’une forte émigration et d’une faible natalité, la commission Justice et Paix insiste aussi sur les problèmes du quotidien pour lesquels les citoyens attendent des solutions: «des programmes de réforme de la santé et des retraites, une politique de protection sociale, des réformes agraires, ainsi que des moyens de résoudre d'autres problèmes sociaux comme les enjeux écologiques de plus en plus importants». Citant ensuite le Pape François et son encyclique Fratelli Tutti, l’Église croate souhaite prévenir les électeurs du danger du «populisme malsain», qui «tente de répondre aux attentes populaires dans le seul but de gagner des voix ou du soutien, tout en négligeant les politiques qui s'efforcent d'atteindre le bien commun par un travail ardu, de fournir aux gens les ressources nécessaires pour leur développement global et de créer les conditions qui leur permettront de subvenir à leurs besoins grâce aux fruits de leurs propres efforts et de leur créativité».
Éviter l’instabilité
«En cette période d'instabilité géopolitique générale en Europe, alerte la Commission de l’Église croate, ce dont nous avons le moins besoin c'est d'une instabilité politique et d'une perte de confiance dans les institutions politiques». Il faut ainsi éviter la crise «constitutionnelle et juridique» qui menace la Croatie, dans une situation politique inédite depuis que le président de la République Zoran Milanović mène lui-même la campagne des législatives pour affronter son Premier ministre malgré la non-conformité de la candidature du président sortant déclarée par la Cour constitutionnelle. De fait, Zoran Milanović ne se présente pas directement au Parlement, mais compte démissionner en cas de victoire de son parti pour former un nouveau gouvernement, semant ainsi le trouble dans l'ordre constitutionnel puisque c'est normalement le Président qui nomme le Premier ministre chargé de choisir le nouveau cabinet.
Plaçant la lutte contre la corruption parmi les priorités de la société croate, le document de l’Église croate plaide par ailleurs pour «une tolérance zéro» en la matière, condition nécessaire pour «la confiance dans les institutions».
En ce qui concerne l’Union Européenne, l’épiscopat croate fait sienne la déclaration intitulée Pour une voix responsable promouvant les valeurs chrétiennes et le projet européen publiée par la Commission des conférences épiscopales de l'Union européenne (COMECE) le 13 mars 2024, dont il cite un passage: «Nous savons que l'Union européenne n'est pas parfaite et que nombre de ses politiques et propositions juridiques ne sont pas conformes aux valeurs chrétiennes ni aux attentes d'une grande partie de ses citoyens, mais nous pensons que nous sommes appelés à y contribuer et à l’améliorer avec les outils que la démocratie nous offre».
La déclaration de la Commission «Justice et Paix» de la Conférence des évêques croates se termine par un appel à participer au vote: «Nous invitons chacun à contribuer personnellement à créer une ambiance positive afin que ces élections législatives se déroulent dans le calme et la dignité, dans une atmosphère de légalité et de justice, pour le bien-être de tous les citoyens de la République de Croatie».
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