Irak: l'église chaldéenne restaurée dix ans après sa réquisition par l’État Islamique
Vianney Groussin (avec AFP) - Cité du Vatican
«Je suis extrêmement heureuse, j'attendais ce jour-là», soupire la septuagénaire Ilham Abdullah, dans l'enceinte de l'église fraichement reconstruite avec son école attenante. L'église d’Oum al-Maouna (Mère de l’entraide) à Mossoul appartient à l'Église chaldéenne, une ancienne église de rite oriental en pleine communion avec le Saint-Siège. Elle vient d'être reconstruite.
Cette église avait été prise par les jihadistes de l’État Islamique en 2014, qui avaient dégradé toutes les croix et les statues, placardé de nombreuses affiches, et écrit sur les murs et le sol.
Le 5 avril dernier, en pleine octave de Pâques, devant l’autel surmonté d’une statue de la vierge, quelques fidèles sont venus assister à la messe célébrée pour l’occasion par le cardinal Louis Raphaël Sako. «C'est notre pays, cette terre est la nôtre, et même si nous ne sommes plus beaucoup, nous sommes là pour rester», a déclaré le patriarche de l'Église catholique chaldéenne à cette communauté qui n’a cessé d’être attaquée ces dernières années.
Une région gangrénée par la violence
En 2003, après la chute de Saddam Hussein, les chrétiens avaient déjà dû fuir Mossoul et la plaine de Ninive, pourtant haut-lieu historique du christianisme. De 1,3 million de croyants, la communauté était passée à 400 000 personnes, beaucoup ayant fui les violences après le renversement du régime. Dix ans plus tard, en 2014, les islamistes avaient pris violemment le contrôle de toute une partie de l’Irak et poussé les chrétiens à quitter leur terre.
Les jihadistes avaient ensuite été défaits en 2017 par les forces irakiennes aidées d’une coalition internationale sous tutelle américaine, mais beaucoup de chrétiens ne sont jamais revenus chez eux. Le Pape François s’était rendu dans la région en mars 2021, et avait encouragé la reconstruction matérielle et spirituelle après deux décennies de violence.
Des persécutions continuelles
Encore aujourd'hui, les catholiques d'Irak ne peuvent pratiquer leur foi en toute liberté. Une nouvelle fois, les célébrations festives autour de la fête de Pâques ont été annulées cette année par l'Église chaldéenne en signe de protestation contre une décision du président irakien. En effet, en juillet 2023, Abdul Latif Rashid a retiré le titre de patriarche au cardinal Louis Raphaël Sako, sur fonds de tensions politiques et religieuses. Le cardinal a depuis quitté Bagdad pour Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan.
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