Deux diacres lors d'une célébration. Deux diacres lors d'une célébration.  

Le diacre en vue du service, la vocation du «prendre soin»

À l’occasion de la Journée mondiale de prière pour les vocations ce dimanche 21 avril, le père Jules Solot témoigne de la beauté et de la nécessité de la vocation du diaconat permanent. Ni prêtre de seconde zone, ni laïcs engagés, les diacres «en vue du service» répondent à un appel vocationnel qui enrichit l’Église et répond à son appel à la charité.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Le diaconat permanent célèbre cette année 2024, les 60 ans de son rétablissement par le Concile Vatican II. La constitution dogmatique Lumen Gentium précisait, au chapitre III, paragraphe 29: «Au degré inférieur de la hiérarchie, se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains “non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service“».

La vocation de diacre en vue du service, aussi appelée le diaconat permanent, se développe de plus en plus dans le monde. Selon l’Annuaire pontifical 2024, les diacres sont désormais plus de 50 000 dans le monde. Toutefois, plus de 97% des diacres exercent leur ministère en Europe et en Amérique.

Le ministère de la Charité

La particularité de la vocation du diacre c’est «de donner chair à l'amour de Dieu, à la charité qui est Dieu lui-même dans les relations aussi bien au sein du monde chrétien qu'en dehors», explique le père Jules Solot, responsable de la formation des diacres dans le diocèse de Namur en Belgique. L’axe central de cette vocation est le ministère de la charité, poursuit-il.

Pour assurer ce service de la charité, le diacre doit «se laisser inspirer par le Christ ressuscité aujourd'hui et par son Esprit. Il ne s'agit pas de copier un modèle ancien, mais de le suivre dans sa manière de tisser des liens», assure le père Jules Solot.

La diaconie de l’Église

Les services des diacres peuvent être multiples et participent à la diaconie de l’Église, c’est-à-dire l’Église en service. En effet, «diacre» signifie serviteur en grec ancien, et l’Église toute entière est appelée à servir. Pour le père Jules Solot, le diacre rappelle la dimension du service et de la charité à l’Église. Il est ce stimulant de la charité dans la vie de l’Église. 

“Derrière le défi du diaconat se cache le défi de la diaconie de l'Église. Si l'Église perd cette dimension de diaconie, du «prendre soin», évidemment le diaconat perd sa pertinence. Donc le danger dans la vie de l'Église, c'est d'être très pris par l'évangélisation, l'annonce de la parole et tout ce qui touche la dimension sacramentelle, qui ne sont pas négligeables, évidemment mais le «prendre soin» des autres est parfois oublié.”

Ministre de l’amour de Dieu

Mais cette vocation du «prendre soin», ne se résume pas à un rôle d’«assistant social au sens technique du terme», tient à préciser le père Solot. Le service du diacre découle de sa foi, nourrie par la Parole de Dieu et la prière. Leur ministère devient alors un témoignage vivant de l'amour de Dieu pour tous.

Une vocation à prendre au sérieux explique le prêtre. «C’est un ministère ordonné, c'est une vocation, donc la question est de savoir si Dieu appelle», précise-t-il

À gauche, le premier diacre permanent ordonné en Russie en juin 2023.
À gauche, le premier diacre permanent ordonné en Russie en juin 2023.

Les profils divers des diacres

«Le diacre a une position un peu bizarroïde car il est entre le prêtre et le laïc», souligne le prêtre belge. De même, il existe des diacres venus de tous horizons, mariés ou non, avec un travail ou non... Citant Mgr Albert Rouet, archevêque émérite de Poitier, le père Solot insiste sur la nécessité de permettre aux diacres de continuer leur activité professionnelle afin qu’ils puissent «écclésialiser le travail».

Si le diacre est appelé à administrer quelques sacrements comme le baptême ou le mariage, le père Solot alerte sur les risques de dévoiement de la vocation du diacre. Ni un sous-prêtre, ni un super-laïc, le diacre trouve une place toute particulière dans la vie de l’Église. Le risque de réduire le diaconat à un simple exercice de fonctions liturgiques ou administratives, menace sa véritable essence.

“Par exemple, je vois parfois dans des paroisses le prêtre dire: «Toi, diacre, tu vas t'occuper des baptêmes». Je regrette un peu cette manière de faire parce que le prêtre a quelque chose à dire lorsqu’on accueille une personne dans la communauté.”

Le père Solot, en charge de la formation se penche désormais sur la relecture de l’expérience diaconale pour améliorer la formation, en plus de la formation théologique, en lien avec l’Université catholique de Louvain.


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19 avril 2024, 16:30