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La sonnerie du Shofar La sonnerie du Shofar 

Une corne de bélier à l’origine des Jubilés

Le mot «Jubilé» provient de l’hébreu «yōbēl», qui signifie «bélier». Il fait référence au son de la corne de bélier qui retentissait pour annoncer les grandes fêtes juives, et notamment les années jubilaires tous les 50 ans.

Paolo Ondarza, Vianney Groussin – Cité du Vatican

La tradition initiale provient de la foi d’Abraham lorsqu’il a fait preuve de son obéissance en acceptant de sacrifier son fils Isaac. Dieu lui donna finalement un bélier retenu par les cornes dans un buisson, que le patriarche offrit en sacrifice à la place de son fils. Pour commémorer cet épisode, la tradition biblique cite régulièrement la corne de bélier appelée «Shofar» qui sonnait à chaque grande fête, comme Rosh haShanah, le Nouvel An juif, ou Yom Kippour, le jour du Grand Pardon.

L'origine du mot "jubilé"

Sabbat de douze mois, annulation des inégalités et libération des esclaves

La tradition du Jobel (littéralement «bélier») est inscrite au chapitre 25 du Livre du Lévitique, et veut que l’on laisse une année sabbatique après «sept semaines d’années, c’est-à-dire sept fois sept ans, soit quarante-neuf ans». Cette cinquantième année devait être une année sainte, et son début était marqué par la sonnerie du Shofar. Pendant douze mois, la terre ne devait alors pas être cultivée pour se régénérer, et le peuple d’Israël était invité à se nourrir des récoltes précédentes.

De plus, chacun devait retrouver sa propriété foncière. Concrètement, cela signifiait rétablir l’égalité comme l’explique le grand rabbin de Rome Riccardo Shemuel Di Segni: «Il s'agit du système biblique selon lequel lorsque les Israélites sont arrivés en Terre promise, la terre a été divisée entre les tribus et, à l'intérieur des tribus, entre les différentes familles, de sorte que chaque famille avait un morceau de terre. Il pouvait arriver que, selon l'évolution des temps, de l'économie, quelqu'un perde tout, quelqu'un accumule des biens. Le Jubilé, c'était remettre tout à zéro, c'est-à-dire que chacun reprenait son bien d'origine».

Enfin, toujours selon les prescriptions du Lévitique, l’année jubilaire octroyait la libération des esclaves: «Si ton frère tombe dans la pauvreté et s’il se vend à toi, tu ne lui imposeras pas un travail d’esclave; il sera pour toi comme un travailleur salarié et travaillera avec toi jusqu’à l’année jubilaire. Alors il te quittera, lui et ses enfants, et il retournera dans son clan; il réintégrera la propriété de ses pères. En effet, ceux que j’ai fait sortir du pays d’Égypte sont mes serviteurs; ils ne seront pas vendus comme on vend des esclaves».

Un message d’espérance et de justice sociale

Le son du Shofar annonçait ainsi «la possibilité donnée à chacun de se construire une existence digne avec un minimum de terre», note le rabbin Di Segni, surtout dans une époque où «la terre, l'agriculture, était la principale source de subsistance. Chacun devait donc avoir sa part de subsistance. Et si, au fil des ans, quelqu'un s'enrichissait et quelqu'un s'appauvrissait, le Jubilé servait à réorganiser les choses, à faire repartir tout le monde avec les mêmes possibilités».

Aujourd’hui, le fonctionnement des années jubilaires a évolué pour l’Église catholique puisqu’elles sont célébrées tous les 25 ans, et parfois de façon exceptionnelle (comme en 2015 pour les 50 ans du Concile Vatican II). En 2025 aura lieu à Rome un Jubilé qui s’inscrira donc dans cette longue tradition issue de l’Ancien Testament.

Le rabbin Riccardo Shemuel Di Segni
Le rabbin Riccardo Shemuel Di Segni

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10 avril 2024, 16:54