Le patriarche de Constantinople en visite œcuménique à Paris
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Il y a dix ans et quelques mois, en janvier 2014, le patriarche de Constantinople rencontrait à Paris le président François Hollande, et Nicolas Hulot, alors en charge de la préparation de la COP 21. Bartholomée Ier, engagé pour la sauvegarde de la Création, acceptait alors un doctorat honoris causa de l’Institut catholique de Paris, prononçant un fort discours sur les fondements de l’écologie chrétienne, cité ce lundi 22 avril par le président des évêques catholiques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, accueillant le successeur d’André.
Au siège de la conférence épiscopale française, le patriarche grec-orthodoxe, qui s’exprimait il y a quelques jours à la 9e conférence mondiale des océans d'Athènes, a évoqué les questions d’environnement, mais aussi de guerre et des voies possibles pour une paix durable, la situation des chrétiens d’Orient ou encore la synodalité, raconte le métropolite Emmanuel de Chalcédoine, métropolite orthodoxe de France jusqu'en 2021.
La délégation catholique était composée par le père Hugues de Woillemont, secrétaire général de la CEF, le nonce apostolique Mgr Celestino Migliore, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France et archevêque de Reims, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et Mgr Jean-Yves Nahmias, évêque de Meaux.
Célébration commune de la Résurrection en 2025
Présent à la rencontre avant la prière œcuménique à la chapelle de la Maison des évêques de Breteuil, Emmanuel de Chalcédoine témoigne d’une atmosphère «fraternelle, cordiale et sincère». «Une nécessité pour un dialogue fructeux», estime-t-il. Une autre perspective commune anime les deux délégations catholique et orthodoxe. La célébration, ensemble, de Pâques lors de l’année jubilaire 2025, également 17e centenaire du premier Concile œcuménique de Nicée en 325.
«Nous souhaiterions tous que cette Pâques 2025, où nous avons la date commune, coïncide tous les ans. Il faudrait travailler pour cela à trouver une solution», relève le métropolite orthodoxe, saluant le travail de la commission mixte catholique orthodoxe en vue des festivités à Nicée, «auxquelles le Pape pourrait venir l’année prochaine», glisse-t-il.
Le lien du patriarche œcuménique avec la France, où vivent environ 50 000 chrétiens orthodoxes grecs appartenant au Patriarcat de Constantinople, n’est plus à prouver. Quatre ans après son élection, Bartholomée effectuait son premier voyage officiel dans l’Hexagone en 1995, faisant étape dans la cité mariale de Lourdes. S’en est suivie une cascade de rencontres avec les présidents de la République et membres du gouvernement dans les années 2000. Mais le patriarche avait appris la langue de Molière bien avant, lors de ses études à l’Université pontificale grégorienne de Rome; il logeait alors au séminaire français, rappelle Emmanuel de Chalcédoine, soulignant la francophilie du patriarche de Constantinople.
Trêve olympique et chrétiens d'Orient
Avec le chef de l’État français ce lundi au palais de l'Élysée, le primus inter pares de l’orthodoxie a fait porter un message de paix, concorde et dialogue avec les communautés religieuses, insistant sur la trêve olympique. «Toutes les personnes de bonne volonté la souhaitent à l’heure où nous avons 160 conflits dans le monde, non seulement l’Ukraine et la Russie ou le Proche-Orient. Cet appel doit être collectif pour être entendu dans ce monde morcelé», relève le métropolite.
La préoccupation grecque-orthodoxe pour les chrétiens de Terre Sainte, aussi, a été évoquée durant cet échange d'un peu plus d'une heure avec le président du pays traditionnellement protecteur des chrétiens d’Orient. «Avec les Églises catholiques, Sa Sainteté en tant que première dans l'orthodoxie, et en collaboration avec le Patriarcat de Jérusalem qui est sur place, nous portons ce message alertant sur la réduction du nombre des chrétiens dans cette région fragilisée, pas uniquement à Jérusalem, mais en Syrie et au Liban. Le berceau du christianisme risque de devenir un endroit d’églises-musées sans chrétiens», s'inquiète Emmanuel de Chalcédoine. Le patriarche Bartholomée a également rencontré lundi Gabriel Attal, Premier ministre français aux racines orthodoxes.
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