Au sud du Tchad, des attaques contre des villages ont fait au moins 16 morts
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
Au moins seize morts et quelques six autres blessés, quelques centaines de têtes de bétail et de volailles emportées, des maisons incendiées... C’est le bilan établi par la Caritas diocésaine à la suite de conflits survenus successivement dans les différents villages dans le département de Lac-Iro, précisément dans le canton Baltobaye.
Des attaques perpétrées par des inconnus
Dans un entretien accordé à Vatican News, le juriste de formation Germain Adoumbaye Ndimantangar, responsable de la mission de la Commission Justice et paix du Diocèse de Sarh, a fait savoir que la provenance de ceux qui ont organisé ces attaques reste inconnue. «C’est une invasion d'un groupe qui serait venu attaquer les villages aux environs de 4h et 5h du matin», a-t-il expliqué. Et pendant que «les autochtones sortaient de leurs maisons pour essayer de se sauver», a-t-il poursuivi, ces inconnus en ont «profité pour leur tirer dessus, incendier les maisons» et détruire tout ce qu’ils trouvaient sur leur passage. Une semaine après, le calme semble revenu dans les zones attaquées grâce à la présence des forces de l’ordre déployées pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Toutefois, ce calme «est à remettre en cause», a-t-il expliqué. Car les tirs se font encore entendre dans ces zones.
Par ailleurs, Germain Adoumbaye Ndimantangar a assuré que «quelques personnes impliquées dans ces attaques ont été arrêtées et sont détenues à la maison d’arrêt de Sarh où elles pourraient comparaitre devant la justice».
L’Église aux côtés des victimes
D’après le témoignage du juriste, l'Église a essayé de voler au secours des sinistrés, «en termes de vivres et des médicaments», car, a-t-il fait savoir, «il y avait beaucoup d'autochtones qui ont fui pour se réfugier». La majorité d'entre eux s'est retrouvé sans abri, ni nourriture. En dehors de ce secours en vivres, a déclaré le chargé de formation de la Commission Justice et Paix de Sarh, «l'Église essaie aussi de faire de son mieux pour que les autorités judiciaires mettent la pression sur ceux qui sont impliqués directement ou indirectement dans ce conflit et que tous soient traduits en justice afin qu'ils répondent de leurs actes». Par ailleurs, l'Église continue de plaider auprès des ONG et appelle les personnes de bonne volonté à venir en aide aux victimes de ces attaques.
Le gouvernement doit promouvoir la justice et favoriser l'éducation à la citoyenneté
«Ces attaques ont eu lieu au moment où le pays s’engage dans la préparation des élections présidentielles et alors que les campagnes ont commencé», a déclaré Adoumbaye Ndimantangar. Pour lui, ce que les Tchadiens attendent du président qui prendra la tête du pays à l’issue de ces élections, c’est des «efforts pour que la justice soit rendue de façon équitable et que les textes officiels de notre pays soient surtout appliqués en matière judiciaire». Car, a-t-il fait observer, «le Tchad est un pays qui a des beaux textes mais qui ne les applique pas», assurant que cela «relève plus de la volonté de nos autorités».
Rappelant également que «la vie de la personne humaine est sacrée et inviolable», selon les disposition de «l'article 18 de la constitution de la 5e République du Tchad», il a fait le vœu que «le président qui sera élu puisse rendre cette disposition effective, que la valeur de la personne humaine soit respectée, que les textes officiels de notre pays soient appliqués et que la quiétude sociale soit sauvée pour que les différentes communautés puissent vivre en paix».
Poursuivant, le juriste tchadien a présenté les attentes de la Commission Justice et Paix du diocèse de Sarh, qui consistent en un plaidoyer auprès des autorités afin d'accompagner la Commission à «promouvoir l'éducation à la citoyenneté». Car pour lui, le manque d’éducation à la citoyenneté est le «véritable problème au Tchad et si nous n'arrivons pas à y remédier, tout ce que nous aurons à faire en matière de cohabitation pacifique, en matière de vivre ensemble, sera vain». Cette éducation est nécessaire, a-t-il poursuivi «pour que les citoyens de différentes couches sociales, de différentes communautés, de différentes ethnies puissent s'engager pour le vivre ensemble et pour qu'ils comprennent aussi ce que signifie être citoyen d'un pays».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici