Le Cardinal Pietro Parolin, au cours de la messe pour la 61è Journée de l'Afrique, célébrée en la basilique Sainte Marie Majeure, lundi 27 mai 2024 Le Cardinal Pietro Parolin, au cours de la messe pour la 61è Journée de l'Afrique, célébrée en la basilique Sainte Marie Majeure, lundi 27 mai 2024  (Vatican Media)

Cardinal Parolin: l’Afrique est une terre d’espérance

Malgré ses nombreux défis, «l’Afrique est une terre d’espérance», un continent qui peut être transformé en une terre de justice et de paix. C’est ce qu’a déclaré le cardinal Parolin dans l’homélie de la messe qu’il présidée lundi 27 mai, à l’occasion de la 61è Journée de l’Afrique. Organisée par les ambassadeurs africains près le Saint-Siège, la célébration a rassemblé des dizaines d’africains dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, où repose le premier ambassadeur africain au Vatican.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

À l'occasion de la 61e Journée de l'Afrique, les Ambassadeurs du groupe des résidents africains accrédités près le Saint-Siège ont organisé, en différé, une célébration eucharistique présidée par le cardinal secrétaire d'État, Pietro Parolin. Il était entouré d'autres prélats, dont Mgr Fortunatus Nwachukwu, secrétaire du dicastère pour l’évangélisation, et Mgr Rolandas Makrickas, commissaire extraordinaire du Saint-Père pour la basilique Sainte-Marie-Majeure. De nombreux prêtres africains ont également concélébré.

La célébration a eu lieu dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, en l'honneur du premier ambassadeur africain accrédité près le Saint-Siège, António Manuel N'vunda, inhumé dans la crypte de cette basilique en janvier 1608. La messe a été précédée par un hommage floral: deux couronnes de fleurs ont été déposées par les diplomates africains sur la tombe du Pape Paul V dans la Chapelle Pauline, et sur la tombe d’António N'Vunda dans la crypte.


«Le monde a besoin de l’Afrique»

Dans son homélie, le cardinal Parolin a, tout d’abord, décrit les nombreuses richesses dont regorge l’Afrique: spirituelles, humaines, culturelles et naturelles. Il a, ensuite, évoqué des progrès accomplis et les défis qu’affronte le continent, concernant notamment la paix et le développement. Faisant référence aux paroles de Benoît XVI dans l’exhortation Africae Munus, le secrétaire d'État du Saint-Siège a rappelé l’histoire douloureuse qui a beaucoup freiné l’avancement de l’Afrique, dont les cicatrices des luttes fratricides, l’esclavage et la colonisation qui continue sous d’autres formes. Au-delà de tout, a-t-il poursuivi, il y a beaucoup de motifs d’espérance et d’action de grâce. L’Afrique maintient la joie de vivre, il y a encore beaucoup de naissances, la famille est une grande valeur, elle regorge de beaucoup de richesses humaines, religieuses intellectuelles et culturelles qui doivent être préservées. «Le monde a besoin de l’Afrique», a déclaré le cardinal.

«L’Afrique occupe une place importante au cœur de la diplomatie du Saint-Siège»

C’est avec ce regard positif qu’il convient de commémorer le premier ambassadeur africain près le Saint-Siège, pionnier de la diplomatie africaine, au Vatican, a souligné le cardinal Secrétaire d’État. António Manuel N’Vunda fut envoyé auprès du Pape pour établir des rapports basés sur le dialogue et les valeurs chrétiennes déjà présentes au Royaume Kongo. Après un long voyage qui le porta au Brésil, en Espagne et au Portugal, il arriva à Rome épuisé et mourut le jour de l’Épiphanie en 1608. Sa mémoire rappelle la nature de la vie diplomatique: à travers un travail patient, les diplomates cherchent à établir des rapports d’humanité, pour consolider les relations, travailler pour la réconciliation, la justice et la paix, a déclaré le cardinal Parolin qui a indiqué que 50 états africains ont des relations avec le Vatican. «L’Afrique occupe une place importante au cœur de la diplomatie du Saint-Siège», a-t-il insisté, avant de conclure avec une prière à Marie de saint Jean-Paul II, dans l’exhortation postsynodale Ecclesia in Africa, demandant l’intercession de la Mère de Dieu afin que l’Afrique soit transformée en une terre de justice et de paix.


Antonio Manuel N’Vunda, une muse pour la diplomatie africaine

Dans son mot de remerciement, l’ambassadeur du Cameroun Antoine Zanga, doyen des ambassadeurs du groupe des résidents africains accrédités près le Saint-Siège, a indiqué que la Journée de l’Afrique vise notamment à rassembler les africains, à les conscientiser autour des défis du continent et à faire connaître l’Afrique aux autres. L’hommage rendu à Nsaku Ne Vunda vise à la fois à témoigner de l’ancienneté des relations diplomatiques entre l’Afrique et le Saint-Siège, mais constitue aussi un devoir de mémoire pour inspirer les générations futures, a-t-il indiqué.

Trois papes se sont succédés durant le périple qui a porté ce prince du Royaume Kongo au Vatican: Clément VIII, Léon XI, Paul V. Malgré ce voyage parsemé d’embuches, Manuel N’Vunda a fait preuve de détermination à rencontrer le Pape. «Qu’il soit une muse pour nous», que son modèle inspire les diplomates dans leur défense de la juste cause, a déclaré l’ambassadeur Antoine Zanga; lequel a évoqué le Pape François, qui recommande une diplomatie de l’homme pour l’homme et non du contrôle des zones minières.

Sensibiliser sur le rôle de l’Afrique dans le monde

La Journée mondiale de l'Afrique est normalement célébrée chaque année depuis 1963, date de la fondation de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue Union Africaine (UA) en 2002. Elle est l'occasion pour les diplomates de sensibiliser au rôle de l'Afrique dans le monde. C'est dans cet esprit que les ambassadeurs du groupe des résidents africains accrédités près le Saint-Siège ont souhaité, cette année, rappeler un épisode historique exemplaire survenu il y a plus de 400 ans, qui met en lumière les relations historiques entre l'Église catholique et le continent africain. Il s'agit du prince don António Manuel Nsaku Ne Vunda.


Premier diplomate africain près le Saint-Siège

Ce jeune diplomate pieux, aux manières nobles et délicates, fut envoyé en 1604 par le roi Álvaro II Mpanzu de Nimi du Royaume Kongo (converti au Christianisme), dont le territoire comprenait à l'époque l'Afrique centrale, qui correspond aujourd'hui au nord de l'Angola, à l'ouest de la République démocratique du Congo, à la République du Congo et au sud-est du Gabon, pour établir les relations diplomatiques avec le Vatican. Au terme d'un périple aventureux, au cours duquel il a échappé aux corsaires et à l'Inquisition, l'ambassadeur arriva à Rome, malade et épuisé, et fut chaleureusement accueilli par le pape Paul V. Installé au Vatican et entouré des meilleurs médecins, il mourut quelques jours après sa rencontre avec le Souverain pontife, qui voulut l’honorer en ordonnant sa sépulture à Sainte-Marie-Majeure, basilique qui dépendait de la couronne espagnole.

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27 mai 2024, 20:08