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Vincent Paul-Marie, ancien toxicomane qui dirige désormais un centre de désintoxication à Abidjan. Vincent Paul-Marie, ancien toxicomane qui dirige désormais un centre de désintoxication à Abidjan.  

Ex-toxicomane, il croit à la force de la prière pour guérir les drogués

Ce mercredi 26 juin, journée mondiale contre l’abus et le trafic de drogue, le Pape François a dédié sa catéchèse à la lutte contre l’addiction à la drogue. En Côte d’Ivoire, depuis plus de 20 ans, Vincent Paul-Marie œuvre auprès des jeunes pour les empêcher de tomber dans ce piège, mais aussi pour relever ceux qui y ont succombé.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

«Moi, j’étais esclave de la drogue, je prenais des comprimés, du cannabis.» Alors qu’il effectuait un séjour en prison, au début des années 2000, à la suite de méfaits commis sous l’emprise de la drogue, Vincent Paul-Marie se convertit subitement et décide de changer de vie. Il est désormais modérateur de la Fraternité "Mère de la miséricorde" et a fait de son ancienne addiction, la drogue, le combat de sa vie.

Entretien avec Vincent Paul-Marie.

Ce mercredi 26 juin, lors de l’audience générale du mercredi, le Pape a alerté sur le fléau de la drogue partout dans le monde. «Nous sommes aussi appelés à agir, relever et ramener à la vie ceux qui tombent dans l'esclavage de la drogue», a-t-il affirmé devant les fidèles rassemblés place Saint-Pierre. Un appel qui résonne aux oreilles de Vincent Paul-Marie. 

«Le Seigneur m'a dit: “Je vais t’utiliser“»

En Côte d’Ivoire, il dirige un centre à Adjamé près d'Abidjan qui accueille 27 personnes dépendantes à la drogue, un centre qui est au maximum de ses capacités. Avec des experts, médecins et psychologues, et toute une équipe d’encadrement, Vincent Paul-Marie veut faire sortir les jeunes de ce fléau.

“Quand je suis sorti de prison, le Seigneur m'a dit: “Je vais t’utiliser, comme tu étais bandit, voleur… Tout ça va être utilisé pour fonder une communauté qui va se charger d'aller vers ces jeunes-là pour les ramener à moi“. Donc, je m'appuie sur mon expérience de vie, ce que j'ai vécu, sur la manière dont je suis sorti de la drogue.”

Le centre Mère de la Miséricorde à Adjamé.
Le centre Mère de la Miséricorde à Adjamé.

La nécessité de la prière

Dans son centre, les jeunes sont suivis médicalement et psychologiquement mais doivent également participer aux temps de prière communautaires. Un point indispensable pour Vincent Paul-Marie, qui vient soutenir la thérapie pour chacun des pensionnaires.

“C'est une question de discipline. Pour certains, la crise de manque est tellement fort qu’ils prennent des médicaments. Et après, progressivement, ils arrêtent. Le médicament t'aide à supporter, mais c'est pas en réalité le médicament qui peut te donner la grâce de changer, parce que on peut faire la cure de désintoxication, mais le cœur a besoin d'être touché. Le Christ lui-même a dit: «Priez afin de ne pas tomber dans la tentation».”

Demander la grâce de Dieu

Il estime que pier pour demander la grâce de Dieu fait partie intégrante de la guérison des personnes addictes à la drogues, parce que «sans la grâce de Dieu, on ne peut pas». L’ancien toxicomane attribue lui-même sa propre guérison à son assiduité dans la prière, fidélité qu’il conserve depuis sa conversion il y a 22 ans.

«Si tu ne demandes pas la grâce à Dieu, qu'est ce qui prouve que tu veux vraiment changer? Donc c'est le désir que tu as de changer qui doit t'amener à prier», souligne-t-il.

Modérateur de sa communauté, il voit les fruits du centre qu’il a mis en place. Certains encadrants actuels sont d’anciens toxicomanes, d’anciens résidents du centre ont réussi à reprendre des études et un travail…

La couverture du livre rédigé par Vincent Paul-Marie.
La couverture du livre rédigé par Vincent Paul-Marie.

L’importance de la sensibilisation

La seconde partie du travail de Vincent Paul-Marie est de sensibiliser les jeunes sur le danger des drogues. «Souvent, ils n'ont pas trop de connaissance sur les dégâts, les méfaits, les conséquences de la drogue» constate-t-il.

Alors le laïc prend son bâton de pèlerin et sa besace pleine d’exemples de vies détruites par l’addiction à la drogue: l’un est décédé par overdose, l’autre y a laissé sa santé… «Je les invite à ne pas avoir des mauvais amis parce si tu fréquentes un mauvais ami, il va te contaminer. Si tu fréquente les mauvais lieux, tu vas rentrer dans la drogue. Si tu regardes des clips où les gens consomment la drogue, où ils font l'apologie de la drogue, mais ça risque de te contaminer».

Selon un rapport des Nations unies, plus de 296 millions de personnes dans le monde ont consommé des drogues en 2021, soit une augmentation de 23 % par rapport à la décennie précédente. De même, le nombre de personnes souffrant de troubles liés à la consommation de drogues est lui monté en flèche pour atteindre 39,5 millions, soit une augmentation de 45 % en dix ans.


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26 juin 2024, 18:25