Nigeria: les Sœurs de la Charité accompagnement les jeunes femmes sur le chemin de la liberté
Sœur Oluwakemi Akinleve, fsp
Sœur Justina Suekime Nelson est la coordinatrice de la lutte contre la traite dans la région du Nigeria et dans l'équipe anti-traite intra-congrégation. Elle fait partie de la congrégation des Sœurs de la Charité, qui est au Nigeria depuis 1985, et a fait sa première profession en 1988. Elle a accompli diverses missions pastorales, selon le charisme de sa congrégation avant cette mission. C’est une mission qui s’inscrit dans les priorités de la congrégation. En effet, aujourd’hui, chaque région et chaque province de la congrégation est exhortée à prendre une position active contre ce phénomène de la traite des êtres humains.
Un appel qui a retenti très fort
« Un jour, alors que j'étais en Australie pour suivre un programme de lutte contre la traite, j'ai vu la photo d'une jeune fille nigériane qui avait été victime de la traite des êtres humains dans ce pays », se souvient la sœur. « La première chose à laquelle j'ai pensé était la longue distance qu'il avait parcourue pour se rendre en Australie et le coût qu'il avait dû supporter pour faire un tel voyage. J'ai ressenti le défi de devoir faire quelque chose pour elle et pour tant d'autres filles qui avaient subi le même sort ». Depuis, Sœur Justina travaille sans relâche pour réhabiliter les filles victimes de la traite des êtres humains et défendre les victimes d'abus. En tant que membre d'une équipe internationale, elle s'est retrouvée de plus en plus en contact avec le mal de la pratique de la traite dans différents pays.
Au tribunal quand il le faut
Sœur Justina s’est parfois retrouvée au tribunal pour prendre la défense des victimes d'abus. L'histoire d'une jeune fille de quinze ans, en est un exemple. Ethla (nom d'emprunt), est embauchée comme domestique dans une famille. Elle est orpheline et a été amenée en ville par un parent. Elle est souvent battue par son employeur, insultée et mal nourrie. Quand elle n'en pouvait plus, elle s'est enfuie et s'est réfugiée chez les Sœurs de la Charité. Sœur Justina l'accompagne à la police où Ethla raconte son histoire. Après avoir vérifié l'histoire, son employeur est arrêté et traduit en justice. L'avocat, se souvient sœur Justina, « m'a appelée et m'a demandé : 'Sœur Justina, êtes-vous prête à témoigner pour la défense de la jeune fille, si on vous appelle à le faire ?' J'y ai réfléchi un instant et je lui ai demandé de me donner un peu de temps avant de lui donner la réponse ».
Il est très inhabituel, en fait, au Nigeria de voir une religieuse dans une salle d'audience. « J'ai parlé avec ma supérieure et après avoir prié et réfléchi à l'importance de ce geste pour la vie de cette victime d'abus, j'ai décidé de le faire. Ma supérieure m'a toujours beaucoup soutenu dans ma décision ». Après le procès, la jeune fille a, finalement, été enlevée de la maison de cette femme et placée, pendant un certain temps, dans un refuge gouvernemental avant d'être réunie avec ses proches dans son village.
Menacée plusieurs fois, je n'avais pas peur
Le deuxième cas traduit encore ce zèle. Il s’agit l'histoire d'un père qui abusait sexuellement de ses filles. Lorsqu'elles trouvent enfin le courage de le dire à l'enseignant, celui-ci contacte immédiatement Sœur Justina. « Mon cœur saignait pour ces filles – nous devions faire quelque chose pour elles, tout de suite ! », dit-elle. Le père est arrêté, mais nie les accusations. Sœur Justina dit que sa vie a été en danger plus d'une fois. « Cet homme avait des gens puissants de son côté qui voulaient que nous abandonnions l'affaire », dit-elle. « J'ai été menacée plusieurs fois et à un moment donné, j'ai eu peur, mais je n'ai pas abandonné. J'ai beaucoup prié pendant cette période ». Après un procès qui a duré plusieurs mois, cet homme a finalement été condamné à la prison à vie.
S’armer de courage pour aller de l'avant
Dans l’objectif d'éduquer les personnes, mission menée les Sœurs de la Charité, Sœur Justina est heureuse de son travail dans la recherche de la justice et de la liberté pour les victimes et les survivants d'abus. « Ma passion pour la justice et ma haine de l'oppression ont allumé en moi le feu qui me pousse à faire de mon mieux, malgré les risques que je peux prendre, pour faire comprendre aux gens le mal inhérent à la traite des êtres humains. Je pense qu'il est utile de former, d'éduquer et d'éclairer les gens de manière à leur donner les outils pour éviter d'en être victimes », conclut Justina.
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