Pologne: le père Rapacz, martyr du communisme, béatifié à Cracovie
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Le témoignage de Michał Rapacz, prêtre et martyr, s'ajoute à la série des saints et des bienheureux qui honorent l'Église de Cracovie depuis l'époque de saint Stanislas. «La béatification d'aujourd'hui est un signe de consolation de la part de Dieu, à une époque encore blessée par la violence et la guerre dans de nombreuses parties du monde, et même non loin d'ici», a d’emblée affirmé le préfet du dicastère pour les Causes des saints dans son homélie. Le prêtre polonais a été assassiné in odium fidei -en haine de la foi- en 1946 par les communistes. Dès 1939, ce prêtre ordonné depuis huit ans, voit son activité pastorale réduite par l’occupant nazi.
Les circonstances du martyre
Au sortir de la guerre, dans une Pologne sous le joug soviétique stalinien, le 11 mai 1946, peu avant minuit, un groupe de 20 hommes armés a attaqué le presbytère de Płoki, enlevant le père Michał et le tuant dans une forêt voisine. Le corps a été retrouvé le matin du 12 mai par des paysans qui emmenaient leur bétail au pâturage. Les auteurs du crime n'ont jamais été identifiés. En effet, l'enquête a été menée avec des méthodes typiques du régime communiste, visant à dissimuler la réalité des faits et surtout le mobile.
Cet assassinat n'était pas un événement isolé, mais faisait partie de l'activité du gouvernement visant à "libérer" la Pologne de l'influence de l'Église et de ses représentants les plus importants. À cette époque, d'autres prêtres ont été assassinés en Pologne de la même manière.
Répandre l'Eucharistie, antidote à l'athéisme et au matérialisme
Méditant sur l’Eucharistie comme sacrement de la miséricorde, le cardinal italien a souhaité en particulier encourager les jeunes à embrasser l’Évangile de tout leur être à l’instar du bienheureux Michał Rapacz. «En un peu plus de 40 ans de vie, il a mûri la plus grande sagesse: celle de savoir discerner à qui remettre tout son être», a relevé le cardinal Semeraro, rappelant que dans le «oui sacerdotal» du bienheureux Michał Rapacz, le «oui» de Jésus-Christ fait écho.
Pour le curé de Płoki (région de Cracovie), l'Eucharistie était le fondement de sa vie d'homme de Dieu. «Répandre l'amour du Christ présent dans le pain consacré était pour lui le seul antidote efficace contre l'athéisme, le matérialisme et toutes ces visions du monde qui menacent la dignité humaine», a assuré le préfet romain, pointant chez père Rapacz «un besoin permanent de spiritualité»; de la célébration de la messe et de l'adoration du Saint-Sacrement, il tirait une force et une énergie intérieures, capables de transformer la vie et le monde, le quotidien et l'histoire.
Les martyrs et l'espérance
Et le cardinal Semeraro de raconter comment tous les soirs, selon les documents et les témoignages, il entrait dans l'église, se plaçait devant le tabernacle, se prosternait sur le sol en forme de croix, et là, le Status animarum de ses paroissiens devenait son livre de prières, intercédant une à une pour les familles et les personnes de sa communauté. «Ainsi, Michał Rapacz nous enseigne que l'Eucharistie n'est pas seulement la source du bien, mais qu'elle en est aussi l'accomplissement, parce qu'en elle l'agitation de l'homme, sa recherche, ses moindres besoins, trouvent un refuge.»
Cette béatification du martyr polonais fait du 15 juin un jour de consolation et d'espérance pour la Pologne, a déclaré le préfet du dicastère pour les Causes des saints, reliant le témoignage du nouveau bienheureux aux écrits du Pape dans la bulle d’indiction jubilaire: «Le témoignage le plus convaincant de cette espérance nous est offert par les martyrs, qui, fermes dans leur foi au Christ ressuscité, ont su renoncer à leur vie ici-bas pour ne pas trahir leur Seigneur (Spes non confundit, 20)».
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