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Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège, en la cathédrale de Palerme en Sicile, le 15 juillet 2024. Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège, en la cathédrale de Palerme en Sicile, le 15 juillet 2024.  

Le cardinal Parolin invite l'Église de Palerme à favoriser la justice et la légalité

Le Secrétaire d'État du Saint-Siège a présidé lundi 15 juillet une messe en la cathédrale de Palerme à l'occasion du 400ème anniversaire de la découverte des restes de la patronne de la ville sicilienne, sainte Rosalie.

Alessandra Zaffiro - Palerme

La grande participation des fidèles de Palerme à la célébration a rendu tangible l'amour des habitants de la ville sicilienne pour sainte Rosalie. Depuis le 10 juillet, les manifestations en l'honneur de la patronne de Palerme ont enregistré une forte présence de fidèles, des jeunes, des adultes, des personnes âgées et des enfants. Lundi 15 juillet encore, la cathédrale était bondée. les dévots de la «sublime figure de femme et d'apôtre», comme l’a définie le Pape dans un message envoyé à Mgr Corrado Lorefice, l'archevêque de Palerme, lors de la messe pontificale solennelle, présidée par le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège. La messe a été concélébrée par Mgr Lorefice et les évêques de Sicile.

Gratitudes et remerciements

«La présence de Votre Éminence signifie pour nous l'appréciation et la dévotion pour les vertus de notre sainte, d'une importance évangélique essentielle, auxquelles l'admirable message papal nous a clairement invités. Cette attitude nous réconforte et nous soutient», a déclaré l'archevêque de Palerme dans un message de bienvenue au cardinal Parolin. En remettant au Secrétaire d'État une reproduction en argent d'un des reliquaires de sainte Rosalie, Mgr Lorefice s’est félicité de la présence du cardinal Parolin. «Avec la personne et la présence de Votre Éminence, une fraternité nous unit et nous stimule dans l'exercice non facile du ministère qui pèse sur mes épaules et sur celles de mes frères évêques», a conclu l'archevêque sicilien.

Des prières en plusieurs langues

Signe d'un désir renouvelé de cheminer ensemble au cours de la célébration, la prière universelle a été prononcée en hébreu, arabe, roumain, tamoul, chinois et ukrainien. Comme 2024 est une Année sainte au cours de laquelle il est possible d'obtenir l'indulgence plénière chaque jour, tous les pèlerins pourront entrer avec foi, par la Porte Sainte, dans la Grotte sacrée du Mont Pellegrino, ainsi que dans la cathédrale de Palerme, où se trouve est l'urne en argent avec les reliques de la sainte.

Message du cardinal Parolin et du Pape François

«Je suis particulièrement heureux et honoré de présider la célébration de la fête de sainte Rosalie, qui coïncide cette année avec le quatrième centenaire de la découverte de sa dépouille mortelle, et ici, dans la majestueuse cathédrale de Palerme, où elle a été transférée du Monte Pellegrino le 15 juillet 1624 et est encore conservée dans la chapelle qui lui est dédiée», lance le cardinal Parolin en transmettant aux fidèles de Palerme les salutations du Pape. «Le Saint-Père vous a déjà envoyé un message à cette occasion, mais je suis heureux de vous transmettre personnellement ses salutations. Il s'associe cordialement à la joie et à l'action de grâce avec vous, habitants de Palerme, qui êtes ici aujourd'hui en grand nombre pour être éclairés par la sagesse de la Vierge Rosalie. Il vous assure qu'il invoque sa bénédiction sur cet archidiocèse, sur toute l'île et sur vous tous».

Le témoignage de sainte Rosalie

Le témoignage de la foi en Jésus-Christ «relie Rosalie à d'autres saints siciliens: Agata, Lucia, Gerlando, Vito, Alberto degli Abati, entre autres», a déclaré le cardinal Parolin dans son homélie, avant d’ajouter que «ces courageux témoins du Christ ont semé la graine du christianisme dans l'Église sicilienne et aujourd'hui, comme fruit de cette graine féconde, nous commémorons l'un de ces témoins, la Vierge Rosalie, pour vénérer son témoignage exemplaire avec des sentiments de gratitude et pour implorer sa protection divine sur l'Église de Palerme». Les saints de tous les temps et de tous les lieux sont en effet des modèles de fidélité et de courage pour tous ceux qui veulent vivre selon l'Évangile de Jésus. «Mais comme nous ne disposons pas d'un enseignement direct de notre sainte, nous sommes invités à accueillir l'enseignement indirect que nous donnent les Saintes Écritures et que la liturgie nous propose le jour de sa fête», a ajouté le Secrétaire d'État, citant le Cantique des cantiques.

«Dieu invite l'humanité et donc chacun de nous à chercher son visage et à écouter sa parole. L'humanité désir voir Dieu, nous l'avons dit dans le psaume responsorial, l'humanité désir voir Dieu, mais Dieu désir aussi voir le visage authentique de l'humanité», a poursuivi le cardinal. Car «l'humanité doit écouter la voix de Dieu, mais Dieu aime aussi écouter la voix de l'humanité. Comprenons donc bien que la sainteté à laquelle nous sommes appelés n'est pas une perfection morale statique mais une dynamique de relation, ce n'est pas seulement être bon, certes cela aussi est une partie fondamentale de la sainteté mais c'est surtout une expérience de la vie même de Dieu qui inclut la dimension de l'intimité, du silence, parfois même de l'absurde qui habite notre existence humaine. La sainteté à laquelle Rosalie nous appelle aujourd'hui, c'est prendre le risque de vivre la transformation opérée en nous par le Christ, sinon la foi devient une passion inutile».

Promouvoir la culture du dialogue et de l'intelligence

Le cardinal Parolin a rappelé qu’«en 1624, les reliques de sainte Rosalie furent portées en procession autour de la ville, qui fût ainsi purifiée et libérée d'une grave épidémie de peste», mais aujourd’hui, poursuit-il «demandons-nous donc, chers frères et sœurs, quelle est la peste qui enveloppe encore notre ville, qui enveloppe le monde, un monde qui a grand besoin d'être confronté à la vérité et à l'expérience de la foi, alors retrouvons aussi dans les célébrations de la sainte patronne un sens fort de la sobriété évangélique et du service, qui sont les vraies valeurs incarnées par Rosalie».

La ville de Palerme a poursuivi la justice à travers les formes les plus élevées de témoignage, jusqu'au sacrifice de la vie. «Voici les martyrs de la justice, parmi lesquels le cher Don Giuseppe Puglisi. L'invective du cardinal Salvatore Pappalardo est resté gravée dans notre mémoire. Alors qu'à Rome on discute, Sagunto est conquise par des ennemis, et cette fois-ci ce n'est pas Sagunto, mais notre Palerme». Le climat était morose ces années-là, mais la ville a su réagir. Du sang versé, sont nées des milliers de voix et d'expériences sur le chemin du changement.

L'Église de Palerme continue aujourd'hui encore à être attentive et sollicitée pour favoriser les processus et les parcours de promotion de la culture de la justice et de la légalité, en collaborant avec les nombreuses associations qui opèrent dans le tissu de la ville et qui sont présentes sur le territoire pour aider les citoyens à surmonter une mentalité qui peut parfois risquer d'être en contradiction avec la légalité.

«Promouvoir la culture du dialogue et de l'intelligence pour rendre cette ville vivable, accueillante et belle. La terre sans ciel est de la boue, mais la terre avec ciel devient un jardin. Dépassons la résignation, faisons appel à nos meilleures ressources d'esprit et de cœur. Avec la coopération, l'altruisme et la générosité, nous pouvons rendre la ville sûre, attentive aux nouvelles pauvretés, fidèle à sa tradition de communauté hospitalière», estime le Secrétaire d'État.

Les fléaux de Palerme

À l'issue de la procession en l'honneur de la patronne sainte Rosalie, Mgr Lorefice a souligné avec véhémence les fléaux de Palerme, notamment la mafia et la drogue, renouvelant le cri lancé par saint Jean-Paul II à Agrigente le 9 mai 1993 dans la Vallée des Temples.

«L'organisation mafieuse tente de trouver de nouvelles ressources en s'engageant à nouveau dans le domaine du trafic de drogue. Ce soir, en la fête de Rosalie, crions haut et fort notre désir de nous racheter de la mafia», a déclaré le pasteur palermitain ouvertement. «Non à la mafia. Convertissez-vous, vous aussi, les mafieux, Rosalie ne sera jamais avec vous. Elle vous renie. Elle sera toujours du côté des victimes. Paolo Borsellino, Giovanni Falcone, Pino Puglisi et tous les martyrs de la justice et de la foi nous ont ouvert les yeux et le chemin de la rédemption de votre stupide arrogance», a affirmé avec verve l’archevêque.

Invitation aux jeunes et aux hommes politiques

Devant environ 350 000 personnes qui ont assisté à la fête en l'honneur de sainte Rosalie, Mgr Lorefice a aussi condamné la consommation de la drogue, en particulier le crack. C’est «un nouveau fléau qui sous nos yeux est déguisé en normalité. Le phénomène infecte nos jeunes, c'est-à-dire nos enfants et nos petits-enfants, à Ballarò comme à Cep, à Bagheria comme à Termini Imerese. Ce terrible fléau pénètre dans nos maisons, dans nos écoles, dans les lieux où les jeunes se rencontrent, dans les lieux de divertissement et de sport. Il nous envahit sous nos yeux. La consommation du crack et d'autres drogues se répand comme une chose ordinaire», déplore l’archevêque de Palerme, qui s'est ensuite adressé aux jeunes: «Comme Rosalie, vous êtes appelés à dégager une énergie de bien, de vraie joie, qui est très différente de la défonce. Ne vous laissez pas tromper par les faux vendeurs de bonheur. Ils vous initient à l'alcool et aux spliffs pour faire de vous des consommateurs, des drogués. La drogue vous rend esclave. Elle ne vous rend pas libre. Les drogues détruisent vos sentiments et votre corps. Ils veulent faire de vous des marionnettes dépendantes qu'ils manœuvrent à leur profit pervers. Restez libres avec Rosalie», a-t-il martelé.

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15 juillet 2024, 17:21