Le SCEAM: «l’Église en Afrique est une Église missionnaire»
Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican
C’est avec gratitude que l’Église catholique en Afrique entend célébrer la Journée du SCEAM, le jour où le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar a été fondé par des évêques africains. Cette année, à l'occasion du 60e anniversaire de la canonisation des martyrs de l'Ouganda (1964-2024), «nous célébrons la Journée du SCEAM d'une manière toute particulière», souligne le cardinal Ambongo dans son message publié à cette occasion.
En effet, «c'est après la célébration solennelle du dimanche des missions, le 18 octobre 1964, où les 22 martyrs ont été canonisés à Rome en présence de tous les participants au Concile Vatican II, que le Pape Paul VI a décidé de se rendre en Ouganda», poursuit l’archevêque métropolitain de Kinshasa (RD Congo). Une visite historique, la première d’un Pape en Afrique, du 31 juillet au 2 août 1969, au cours de laquelle le Souverain pontife d’alors présida la cérémonie de clôture du premier Symposium des évêques africains.
C'est, en effet, le 29 juillet 1969, que l'acte de création du SCEAM a été réalisé, faisant de cette date la "Journée du SCEAM". Célébrée officiellement le 29 juillet, mais tombant un jour de semaine, ladite journée est déplacée cette année au dimanche le plus proche, soit le 28 juillet 2024.
«Vous, les Africains, vous êtes vos propres missionnaires»
Cela fait aujourd'hui 55 ans que le Pape Paul VI a prononcé cette célèbre phrase que l'Église en Afrique a prise très au sérieux: «vous, les Africains, vous êtes vos propres missionnaires». En effet, depuis cette visite pontificale historique jusqu'à aujourd'hui, «l'Église en Afrique s'est beaucoup développée et de bien des manières, a décrit le président du SCAM. Aujourd'hui, l'Église catholique en Afrique représente environ 18 % de la population africaine, avec quelque 256 millions de croyants, et c'est en Afrique que l'Église catholique connaît une forte croissance».
«L'Église catholique est bien enracinée en Afrique et elle s'affirme actuellement comme une Église adulte», affirme le cardinal Ambongo, précisant que la majeure partie de la hiérarchie en Afrique provient désormais du clergé local, tant séculier que religieux, et qu’un nombre croissant de religieux africains occupent des postes de direction au sein des sociétés missionnaires internationales. En outre, «l'Église catholique en Afrique continue de jouer un grand rôle dans la promotion du développement humain, et l'Église en Afrique se construit de manière dynamique en tant que famille de Dieu et s'enrichit de l'expérience des petites communautés chrétiennes, qui sont la marque de fabrique de l'Église de Jésus-Christ en Afrique et dans ses îles».
Dans de nombreux endroits, en effet, «l'Église comble les lacunes de l'État, sans lequel il n'y aurait pas de vie, pas d'espoir et pas d'avenir. En l'absence de l'État, l'Église se préoccupe de l'éducation et de la santé de son peuple, en créant des centres de formation, des hôpitaux et des centres de santé. L'Église s'est aussi engagée à être la voix des sans-voix et à plaider en faveur de la réduction ou de l'annulation du fardeau injuste de la dette du peuple africain», explique le cardinal congolais dans son message.
Aider les baptisés à mûrir dans leur foi
En dépit de cette croissance remarquable, l'Afrique continue d'avoir faim et soif de Jésus et de l'Évangile. Les chrétiens représentent, en effet, 30 % de la population africaine (18 % de catholiques et 12 % d'autres dénominations chrétiennes). Ce qui revient à dire qu’il y a «des millions de personnes africaines non encore évangélisées», a observé le président du SCEAM. Sur ce, «il est absolument nécessaire et urgent que l'Église en Afrique s'engage dans la tâche de la première annonce, car révéler Jésus-Christ et son Évangile à ceux qui ne le connaissent pas a été, depuis le matin de la Pentecôte, le programme fondamental que l’Église a assumé comme reçu de son Fondateur (cf. Instrumentum Laboris - Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des évêques, 10 avril - 8 mai 1994, n. 24)», déclare-t-il.
Cette mission confiée à l’Église catholique en tant qu'Église missionnaire en Afrique «inclut la tâche de la nouvelle évangélisation des personnes déjà baptisées», poursuit le prélat, car il est nécessaire d'aider les baptisés à mûrir dans leur foi et dans leur conviction à la suite du Christ, «afin qu'ils restent fermes, même en temps de crise, et qu'ils évitent de chercher des solutions soit dans les religions traditionnelles africaines, soit dans les Églises indépendantes. Et cette mission d’évangélisation en Afrique doit toujours prendre en compte l’inculturation de l’Évangile et de la foi chrétienne».
Se réconcilier avec Dieu
Dans son message, le cardinal Ambongo fait également mention de nombreux problèmes auxquels est confronté le continent africain: «pauvreté réelle, instabilité politique, violence, conflits ethniques et religieux, guerres, terrorisme, migrations et réfugiés, mauvaise gouvernance, corruption, dégradation de l'environnement, trafic d'armes et de drogues ainsi que d'êtres humains», ajoutant à tout cela la mauvaise gestion des ressources naturelles qui sont exploitées par «des prédateurs sans scrupules, pour qui le but de l'activité humaine est de s'enrichir au détriment du bien commun».
Face à toutes ces situations, poursuit le président du SCEAM, «l'Église en Afrique est appelée à proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ qui est espérance, paix, joie, harmonie, amour et unité (Ecclesia in Africa, 40)». Et puisque le continent a toujours faim de Jésus-Christ, qui est la seule source de vraie réconciliation, «le chrétien africain doit prendre au sérieux la Bonne Nouvelle du Christ afin de faire rayonner l'amour réconciliateur du Christ et, en même temps, devenir pour les autres une source de paix et des agents de réconciliation», exhorte-t-il.
Par conséquent, chaque membre de l'Église-Famille de Dieu en Afrique est appelé à proclamer l'Évangile de l'Espérance là où il se trouve, «afin de devenir ainsi le levain qui transforme les institutions et la société de l'intérieur, en faisant disparaître les structures de péché, de la violence, de la corruption et de l'injustice». «C'est de cette façon, en effet, que l'Église en Afrique deviendra vraiment la Famille de Dieu, où les membres sont réconciliés avec Dieu, avec la société et entre eux: sel de la terre et lumière du monde, serviteurs de la réconciliation, de la justice et de la paix», confie le président du SCEAM.
Faire corps dans la mission
Au terme de son message, le cardinal Ambongo rappelle que l'Église catholique en Afrique, née de la prédication des missionnaires étrangers, est aussi aujourd'hui une Église en mission, qui participe à l'évangélisation du monde. C'est dans cet élan missionnaire, à travers ses différents membres, «que l'Église en Afrique fournit des missionnaires aux autres régions du monde, y compris les prêtres diocésains, qui se mettent à la disposition d'autres diocèses pour y travailler en tant que “fidei donum” pendant des périodes limitées».
Pour cette mission Ad Gentes, en guise de reconnaissance et de gratitude, le prélat invite donc les Africains à tenir compte du continent européen, «dont les missionnaires ont assumé la tâche d'évangéliser toute l'Afrique et qui connaît aujourd'hui une diminution de personnel à cause du sécularisme qui éloigne de plus en plus de personnes de l'Église. La même attention est demandée pour les zones pauvres en missionnaires de notre continent, en particulier au nord et au sud de l'Afrique».
Soulignant que l'école de la synodalité nous rappelle notre appel à évangéliser le monde et à marcher ensemble dans le cadre de la participation à la mission de l'Église, et que par le baptême, nous avons tous un rôle actif à jouer dans la mission de l'Église, le président du SCEAM appelle l'Église en Afrique, renouvelée par le voyage synodal, «à embrasser la mission évangélisatrice jusqu'à ce qu'elle atteigne toutes sortes de périphéries, avec une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et des structures renouvelées». Il conclut son message en demandant aux chrétiens catholiques africains de prier pour le Symposium le dimanche 28 juillet et le lundi 29 juillet 2024, à l’occasion ses 60 ans d’existence.
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