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Manifestations politiques au Kenya au début du mois de juillet 2024. Manifestations politiques au Kenya au début du mois de juillet 2024.   (AFP or licensors)

Les évêques kenyans: «Les jeunes de notre pays méritent la confiance de la nation»

Suite aux récentes manifestations politiques des jeunes kenyans, les évêques du pays insistent sur le fait que les jeunes méritent la confiance du peuple. Ils appellent surtout chacun à préserver les églises comme des lieux sacrés qui ne doivent jamais instrumentalisés.

Deborah Castellano Lubov – Cité du Vatican

Les évêques catholiques du Kenya ont rappelé que la jeune génération, qui représente plus de 70 % de la population du pays, construira l'avenir du Kenya et mérite qu'on lui fasse confiance.

Selon l'agence de presse Fides, les évêques ont fait cette observation après que les jeunes sont descendus dans la rue ces dernières semaines pour organiser des manifestations politiques qui vont au-delà de la protestation contre les augmentations d'impôts.

L'archevêque de Nairobi: «nous sommes unis par un bien commun»

Dans un message adressé aux jeunes réunis en la basilique de la Sainte-Famille à l'occasion du Saba Saba Day, journée spéciale au cours de laquelle les Kenyans se souviennent des manifestations nationales du 7 juillet 1990 pour réclamer des élections libres, l'archevêque de Nairobi, Mgr Philip Arnold Anyolo, a les félicités d'avoir surmonté toutes les divisions tribales et partisanes. «Leur lutte nous rappelle que nous sommes unis par un bien commun, notre humanité commune et notre identité commune en tant que citoyens du Kenya», a-t-il dit.

«Ils nous demandent d'être désintéressés, de penser aux autres comme à nous-mêmes, ils nous demandent d'aller au-delà des nombreuses frontières et des titres qui nous séparent», a-t-il ajouté.

Évêque de Ngong: Ils soulèvent des questions pertinentes

Mgr John Oballa Owaa, évêque du diocèse de Ngong, qui compte environ 250 000 baptisés sur 2 millions d'habitants, a déclaré à Fides qu'ils en sont à la cinquième semaine de manifestations depuis que celles-ci ont éclaté dans diverses parties du pays, mais, «pour le moment, les choses semblent revenir à la normale».

«Ce sont des jeunes qui croient en leurs idéaux et qui soulèvent des questions valables», a déclaré l'évêque. «Ils mettent en lumière les vrais problèmes de notre société, le coût des biens de consommation essentiels, les impôts, la corruption, le taux de chômage élevé, même parmi les jeunes qui ont une spécialisation hautement qualifiée et qui, malgré des années et des années d'études, restent à la maison, sans travail pour faire aboutir leurs justes revendications», a souligné l'évêque, avant d’ajouter que «beaucoup d'entre eux ont payé de leur vie le prix le plus élevé, ou ont été blessés».

Une grande manifestation est toujours attendue ce jeudi 8 août 2024.

Dialogue multisectoriel

Des membres éminents de la communauté ecclésiastique ont manifesté leur solidarité avec les jeunes, dont l'engagement a été qualifié par beaucoup de semence d'une plus grande justice et d'une plus grande paix sociale.

«Il y a un grand sentiment d'unité qui aspire à faire du Kenya un pays meilleur», a expliqué l'évêque Oballa Owaa, précisant que certains responsables religieux ont fait des déclarations de soutien et d'engagement. «Nous réitérons un concept qui nous est très cher», a-t-il souligné, à savoir qu' «un dialogue multisectoriel est nécessaire».

Les églises doivent toujours rester des lieux sacrés

«Comme dans une famille où il y a des mécontentements, la meilleure solution est de se parler et de s'écouter», a-t-il dit. «Nous restons très proches des jeunes et nous avons entamé un processus de dialogue entre eux et les dirigeants politiques».

Dans les sociétés d'Afrique subsaharienne, les jeunes constituent la grande majorité, avec des cas où ils représentent près de 80 % de la population. C’est pourquoi «nous avons montré aux jeunes que nos églises sont ouvertes, nous les invitons à venir nous parler de leurs problèmes», a-t-il rassuré, notant leur demande que les politiciens ne soient pas invités et que les églises restent des lieux sacrés et jamais instrumentalisés.

«Nous sommes sûrs d'une chose, c'est que ce que ces jeunes ont libéré aura d'énormes conséquences et entraînera de véritables changements», a conclu l'évêque.

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02 août 2024, 15:48