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Mgr Ignace Bessi Dogbo, nouvel archevêque métropolitain d'Abidjan en Côte d'Ivoire. Mgr Ignace Bessi Dogbo, nouvel archevêque métropolitain d'Abidjan en Côte d'Ivoire. 

Le nouvel archevêque d'Abidjan exhorte ses diocésains à la communion

Nommé archevêque métropolitain d’Abidjan en Côte d’Ivoire, le 20 mai 2024 par le Pape, Mgr Ignace Bessi Dogbo prendra possession canonique de son siège épiscopal ce samedi 03 août en la cathédrale Saint-Paul au Plateau. Le nouvel archevêque, qui exhorte ces diocésains à la communion, entend poursuivre l’œuvre de son prédécesseur tout en apportant sa marque de fabrique.

Entretien réalisé par Françoise Niamien - Cité du Vatican

Originaire du diocèse de Yopougon (sud), un des trois diocèses suffragants de la province ecclésiastique d’Abidjan, Mgr Ignace Bessi Dogbo est ordonné prêtre en 1987 par l’imposition des mains de Mgr Laurent Akran Mandjo (de vénéré mémoire). En 2004, il est nommé évêque de Katiola avant d’assurer les fonctions d’administrateur de l’archidiocèse de Korhogo, en 2017, et d’être nommé archevêque de cet archidiocèse, en 2021 par le Pape François. Depuis le 20 mai dernier, il est le nouvel archevêque d’Abidjan et succède au cardinal Jean-Pierre Kutwa. Dans un entretien accordé aux médias du Vatican, Mgr Bessi revient sur les priorités et les défis de sa nouvelle mission.

Entretien avec Mgr Ignace Bessi Dogbo, archevêque métropolitain d'Abidjan

Désormais archevêque métropolitain d’Abidjan, comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre nomination?

C’était le samedi 4 mai 2024 que Mgr Mauricio Rueda Beltz, nonce apostolique en Côte d’Ivoire m’a annoncé le choix du Pape, me nommant archevêque métropolitain d’Abidjan. Cette nouvelle m’avait fait trembler.
Aussi, il fallait la garder pour moi jusqu’à la publication officielle, le lundi 20 mai 2024. L’archidiocèse d’Abidjan constitue la moitié de l’Église en Côte d’Ivoire, avec plus 2 millions de fidèles. 
Et le 20 mai dernier à cette publication, lors de sa prise de parole, le cardinal Jean-Pierre Kutwa m’avait invité à ne pas avoir peur: «Vous n’avez pas à avoir peur d’Abidjan. Le Seigneur, Lui-même vous devance là où il vous appelle. Le Seigneur fera le travail si vous vous jetez dans ses bras», m’a-t-il dit. Ce sont des paroles rassurantes. Se jeter dans les bras du Seigneur, c’est bien ce que je fais, pour avoir appris à le faire depuis toujours.

Votre nomination, était-elle prévisible?

Il y a environ deux ans, Mgr Paolo Borgia, l’ancien nonce apostolique en Côte d’Ivoire avait demandé à chacun d’entre nous de proposer trois noms d'évêques. C’est ce qui a été fait et après les enquêtes, c’était le grand silence jusqu’à ma nomination.
Mais bien avant, je ne pouvais pas savoir que je serais le prochain archevêque d’Abidjan. Une chose était évidente, un évêque parmi nous devait être nommé et on s’attendait bien à cela, soit un des évêques ou archevêques ivoiriens, voire un prêtre. La nomination d’un évêque catholique, c’est quelque chose de très sérieux qui parfois peut nous réserver des surprises. De ce fait, personne ne peut prétendre être destiné à un tel poste.

Et pourtant, les fidèles catholiques étaient nombreux à avoir votre nom sur leurs lèvres s'attendant à cette nomination en qualité d'archevêque d'Abidjan?

Justement, il va falloir faire attention parce que l’Église catholique est très organisée et tout se fait avec soin et application. Aujourd’hui, la notion de la discrétion perd sa crédibilité. Quand un fidèle est consulté pour la nomination d’un évêque ou archevêque, cela doit rester scellé dans le tréfonds. Vous n’avez pas à le divulguer. La consigne est de le garder pour vous et pour vous seul jusque dans la tombe. Mais non, nous perdons de plus en plus notre discrétion et c’est grave. Des fidèles qui ne se gênent pas d’appeler un évêque pour lui faire savoir qu’il a été consulté, c’est bien dommage.
Certes, mon nom était sur les lèvres, mais cela ne signifiait rien à priori.
Il revient au Saint-Père de nommer un évêque selon la vision de l’Église universelle et de l’Église particulière. Surtout, sachons-le, il incombe à Dieu de choisir qui il veut.

Comment appréhendez-vous cette nouvelle mission que vous confie le Saint-Père?

J'appréhende cette nouvelle mission avec un peu de crainte, mais avec beaucoup de confiance. Après environ 20 ans d’épiscopat, j’ai acquis beaucoup d’expérience dans le diocèse de Katiola. Et si par la suite, j’ai été transféré à Korhogo, c’est bien parce que le Seigneur a vu en moi des capacités nécessaires pour la gestion de cet archidiocèse de par mon expérience acquise à Katiola. Trois ans après, le Saint-Père me confie l’archidiocèse d’Abidjan. Je pense que c’est bien la volonté de Dieu et les résultats de la gestion des précédents diocèses.


Aussi, un évêque est chargé de travailler au service de sa circonscription ecclésiastique. Mais il ne travaille pas seul. Il travaille avec des prêtres, des consacrés, et des laïcs. Et moi, j’ai un principe: c’est de toujours faire confiance à tous ceux que l’Esprit Saint utilise pour travailler avec moi à l’avancement du diocèse qu’il me confie.
Avec les prêtres, les consacrés et les laïcs d’Abidjan, nous travaillerons ensemble. Ce sont eux qui ont porté ce diocèse d’Abidjan, ce sont eux qui continueront à le porter.
Et moi, je viens pour qu'ensemble, nous puissions porter ce diocèse. Dans ce contexte, les prismes déformants, les peurs et les préjugés tombent et nous avançons ensemble dans la construction de l'Église famille de Dieu qui est à Abidjan. Par conséquent, je me sens de plus en plus serein dans cette vision de collaboration.

Que savez-vous de l'archidiocèse d’Abidjan?

Il y a un proverbe ivoirien qui dit que «l’étranger a de gros yeux, mais il ne voit pas». Tout le monde connaît l'archidiocèse d'Abidjan, mais personne ne connaît mieux ce diocèse que ceux qui y sont immergés. Ma connaissance de cet archidiocèse est relative. J’ai tout à découvrir et je le ferai au fur et à mesure.

Aujourd'hui, vous succédez au cardinal Jean-Pierre Kutwa qui aura passé une vingtaine d'années à la tête de l'archidiocèse d'Abidjan. Quelles seront vos priorités dès votre prise de possession canonique du siège épiscopal?

Tout d’abord partant des thèmes de l’année pastorale 2023-2024, je peux le dire, les deux archidiocèses on des thèmes identiques. À Korhogo, nous avons eu comme thème «Pour une Église synodale et autonome, relevons le défi de la collaboration entre clercs, consacrés et laïcs». C’était cette vision que j’ai imprimé à l’archidiocèse de Korhogo en nous inscrivant dans la vision du Pape François d’une Église synodale. En outre, le thème de l’année pastorale 2023-2024 de l’archidiocèse d’Abidjan est: «Pour une Église synodale, soyons tous responsables». Vous constatez aisément que les deux thèmes se rejoignent. Nous étions en symbiose.
Cela dit je n’aurai qu’à poursuivre dans la même vision dégagée par le cardinal Kutwa.
Bien sûr en y apportant ma particularité. Je continuerai dans la même vision d’une Église synodale en insistant sur la communion, la participation et la mission, mais particulièrement sur la communion parce que notre Église en a besoin. L’archidiocèse d'Abidjan a besoin de communion à tous points de vue. Communion spirituelle, communion matérielle. Je me situerai dans cette vision en continuité avec ce que mon prédécesseur a inculqué à cet archidiocèse durant une vingtaine d'années.

On pourrait s'attendre tout de même à des changements?

On changera quelques éléments. J’apporterai ma particularité mais à la base tout est commun. On continue mais avec une particularité qu'on imprime.
Chacun vient, il imprime sa particularité mais le substrat est le même, on continue en se renouvelant. Il y a déjà un premier changement, c'est qu’il y a un nouvel l'archevêque, donc il y a quelqu'un qui vient, qui est nouveau. Par conséquent, ses yeux et son cœur sont nouveaux. Donc il y aura toujours un petit changement. Mais il faut prier pour que ce changement nous fasse progresser, que ce ne soit pas un changement passif mais plutôt qu’il propulse davantage le diocèse d’Abidjan. De ce fait, dans un premier temps, le souci sera qu'on puisse au moins maintenir ce qui a été fait sur le plan spirituel, pastoral, et financier.

Il nous faudra aller de l’avant avec la grâce de Dieu. Et comme on le sait, qui n'avance pas recule. Il faut avancer. Ma priorité, ce sera une Église synodale dont la caractéristique fondamentale est la communion.

De cette synodalité, quels seront les défis à relever?

Le premier défi sera la communion. Le deuxième sera le défi de l'autonomie financière.
Abidjan n’est pas un diocèse qui tend la main. Il faut continuer à maintenir cela et aller plus loin. Le troisième défi à relever sera celui du service: le service dans l’annonce de l'Évangile, le service aux plus pauvres.
L’Église en Côte d'Ivoire, depuis 2017, s'est inscrite dans cette vision d'une Église en communion, autonome et au service de tous.
Je resterai dans cette même vision. L'Église est là, non pas pour contempler son autonomie ou sa communion, mais pour mettre cette communion au service de tous en annonçant l'Évangile et particulièrement aux plus pauvres. Le plus pauvre c'est celui qui est pauvre de Dieu, qui manque de foi. Alors, quelqu'un peut être riche, et être pauvre parce qu'il lui manque l’essentiel: Dieu. Pour moi les défis à relever sont tout simplement la communion, l’autonomie, le service des autres, être au service du monde.


Qu'attendez-vous de vos diocésains d’Abidjan?

J'attends de mes diocésains d'Abidjan qu'ils se mettent en rangs de bataille, autour de leur évêque pour que nous allions à fond dans la communion qui évangélise et soutient l'évangélisation dans tout le pays. L’archidiocèse d’Abidjan, comme je l'ai dit, constitue la moitié de l'Église en Côte d'Ivoire. Nous devons être en communion avec les autres diocèses pour propulser l’Évangile dans toute la Côte d’Ivoire. En outre, j’exhorte ici tous mes diocésains dans toutes leurs composantes à ne pas avoir peur. Quand un nouvel évêque arrive, on a des appréhensions, parfois, on est sur le qui-vive. Non, il faut sortir des préjugés, et ouvrir le cœur à l’Esprit Saint pour que nous puissions marcher ensemble. C'est cela l’Église synodale, nous devons tous marcher ensemble.


Je viens pour marcher ensemble avec tous mes diocésains. Je viens pour marcher ensemble avec vous, pour qu'ensemble, nous annoncions l'Évangile. Donc, n'ayez pas peur, ouvrez vos cœurs pour que chacun apporte sa pierre à la construction de cet archidiocèse.
Le cardinal Jean-Pierre Kutwa, avec les prêtres, consacrés et les laïcs ont amélioré ensemble les chemins et les axes de cet archidiocèse. Continuons aussi ensemble en communion, sans avoir peur les uns des autres. Ouvrons nos cœurs à l'Esprit Saint pour le bien de notre Église diocésaine.

Abidjan, un défi pour Mgr Bessi?

Oui, c'est bien un grand défi, mais je n'en fais pas un défi personnel, j'en fais plutôt un défi communautaire. Je suis l'évêque de l'Église particulière, mais je n'en suis pas le propriétaire. J'en suis le premier pasteur. Je compte avancer avec les prêtres, les consacrés, les laïcs, et même avec les sympathisants qui habitent ce diocèse et aussi dans le cadre de la province. Donc, c'est un défi, mais c'est un défi communautaire que nous avons à relever ensemble.

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01 août 2024, 12:05