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Le président du Nigeria Bola Tinubu. Le président du Nigeria Bola Tinubu. 

Les évêques nigérians alertent: «le pays est dans une situation explosive»

Alors que le Nigeria est secoué par de violentes manifestations contre les réformes économiques du président Bola Tinubu, les évêques soulignent le besoin urgent de traiter les questions soulevées par les manifestants, avertissant que le pays «est assis sur une bombe à retardement».

Lisa Zengarini – Cité du Vatican

Les évêques catholiques du Nigeria ont prévenu que si le gouvernement ne s'attaquait pas sérieusement aux problèmes de la pauvreté généralisée, de la misère et de la corruption, le pays africain devra être prêt à faire face à de nouvelles manifestations dans un avenir proche.

L'alarme a été lancée dimanche par Mgr Lucius Ugorji, archevêque d'Owerri et président de la Conférence des évêques catholiques (CBCN), alors que les évêques se réunissaient à Auchi, dans l'État d'Edo, pour leur deuxième assemblée générale de l'année.

Manifestations contre les réformes économiques du président Tinubu

Au cours des dernières semaines, le Nigeria a été confronté à des troubles importants dus à des manifestations partout dans le pays contre les réformes économiques du président Bola Tinubu visant à remédier au fardeau croissant de la dette et au déficit budgétaire du pays.

Les manifestations, qui ont commencé début août sous le hashtag #EndBadGovernance, sont motivées par une frustration croissante face à de graves difficultés économiques, notamment une inflation galopante, une monnaie faible et la suppression des subventions sur les carburants. Ces problèmes ont entraîné une hausse spectaculaire du coût de la vie, de nombreux Nigérians ayant du mal à se procurer des produits de première nécessité comme de la nourriture ou encore à assumer le prix des transports. Les réformes économiques du président Tinubu, qui visaient à stabiliser l'économie, ont au contraire détérioré la situation pour de nombreux Nigérians, ce qui a provoqué un mécontentement généralisé.

Les manifestations ont toutefois pris une tournure violente dans certaines régions, en particulier dans les États du nord comme Kaduna, où plusieurs manifestants ont été tués. Des couvre-feux ont été instaurés dans plusieurs États, notamment à Kano et à Plateau, afin d'endiguer les troubles.

Il est urgent de s'attaquer à la pauvreté et à la corruption

Lors de l'ouverture de l'assemblée, Mgr Ugorji a condamné la violence de certains émeutiers, mais aussi le meurtre de certains jeunes manifestants par les forces de sécurité. Il a fait remarquer que «tant que la nation est affligée par la pauvreté, les difficultés et la corruption, et tant que l'avenir des jeunes dans notre nation reste sombre, nous continuons à connaître des protestations».

Il a donc critiqué la réponse du gouvernement fédéral, en particulier celle de certains fonctionnaires qui, «plutôt que de s'attaquer au mal», rejettent leur responsabilité sur d'autres, «en cherchant un bouc émissaire».

Les évêques du Nigeria.
Les évêques du Nigeria.

Une «bombe à retardement»

Lucius Ugorji a déclaré que la répression et les arrestations de certains manifestants sous de faux prétextes pouvaient apparaître comme une tentative de priver les citoyens de leurs droits démocratiques et de leur liberté de protester ou de donner l'impression que tout allait bien dans le pays. «C'est illusoire et condamnable», a-t-il déclaré, avertissant que le pays «est assis sur une bombe à retardement».

Les évêques nigérians appellent au calme et à la prière suite aux élections contestées

Selon les évêques, bien que des progrès aient été réalisés dans certains secteurs, la situation actuelle du pays est «préoccupante», l'insécurité demeurant l'un des principaux défis.

Malgré les troubles, le gouvernement du président Tinubu a insisté sur le fait que les réformes économiques étaient nécessaires pour une croissance à long terme. Cependant, de nombreux Nigérians réclament un allègement immédiat des pressions économiques auxquelles ils sont confrontés. Les manifestations ont suscité un débat sur leurs résultats potentiels. Certains pensent qu'elles pourraient conduire à un dialogue constructif et à des réformes susceptibles d'atténuer les difficultés économiques, tandis que d'autres craignent que les troubles ne déstabilisent davantage le pays, en aggravant à la fois la situation économique et la stabilité politique.

Bola Tinubu, membre du All Progressives Congress Party (APC), a succédé à Muhammadu Buhari à l'issue des élections controversées du 25 février 2023, dont beaucoup de Nigérians espéraient qu'elles apporteraient un changement de gouvernance dans la plus grande démocratie d'Afrique.

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28 août 2024, 08:06