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Pèlerinage du diocèse de Bourges à Lourdes, retraite aux flambeaux Pèlerinage du diocèse de Bourges à Lourdes, retraite aux flambeaux 

À Lourdes, une «micro-société» où règne la tendresse

Jusqu’au 16 août, des milliers de pèlerins venus de toute la France se retrouvent dans le sanctuaire Notre-Dame de Lourdes pour un moment de prière et de solidarité en cette semaine de l'Assomption. Reportage auprès des hospitaliers et des malades du pèlerinage diocésain de Bourges, qui compte parmi ses rangs des fidèles de toutes les générations.

Alexandra Sirgant – Envoyée spéciale à Lourdes, France

Reportage au cœur du pèlerinage diocésain de Bourges à Lourdes.

«Quand j’arrive à Lourdes, je pleure, et quand je repars, je pleure». C’est ainsi que Marie-Thérèse, 90 ans, grande habituée du pèlerinage, résume ce qu’elle ressent à chaque fois qu’elle aperçoit le sanctuaire marial niché aux pieds des Pyrénées. «Il se passe quelque chose à l’intérieur de vous qui fait qu’on est marqué», cherche à expliquer l’ancienne institutrice, mais les mots manquent. À ses côtés, François-Xavier peine également à décrire ce «temps exceptionnel d’échange». «Quand on est ici, quelque chose nous dépasse», confie avec émotion l’hospitalier âgé de 50 ans.

Munie d’un voile et d’un ensemble gris d’une part, d’un brassard rouge au bras et d’une chemise bleue d’autre part, les 266 hospitaliers du Berry s’activent tels des «souris» dans la cité mariale. Aider les uns à se déplacer de la basilique souterraine Saint Pie X à la grotte de Massabielle, assister les autres lors de la toilette du matin, ou tout simplement partager un moment de convivialité autour d’un repas: leur mission pendant cinq jours consiste à être au service des 91 pèlerins malades ou en situation de handicap, aussi bien dans les actes de la vie quotidienne que lors des célébrations qui ponctuent le pèlerinage. Une mission dont les mots d’ordre sont «bienveillance, douceur et attention» selon Constance, soit des choses que «l’on ne trouve pas dans le monde civil», souligne l’infirmière de profession. «On vit un peu dans une micro-société pendant cinq jours», sourit la trentenaire.

Si cela fait déjà dix ans qu’elle se rend annuellement en pèlerinage à Lourdes avec le diocèse de Bourges, elle est pour la première fois cet été accompagnée de son mari Marc. «C’est une manière concrète de mettre en œuvre sa foi», explique ce dernier, tout en poussant le fauteuil roulant de Florence en direction des piscines du sanctuaire. Sur le chemin, la soixantenaire fait comprendre à son accompagnateur qu’elle souhaite acheter un cierge. Ne trouvant pas suffisamment de pièces dans son portefeuille, Marc se propose de le lui offrir. Des petits gestes d’humanité comme celui-ci, la cité mariale en regorge. Comme ce jeune adolescent aperçu un soir en train d’échanger longuement sur le sens de la vie avec un pèlerin de 50 ans son ainé après la procession mariale à la grotte. Ou encore ce fou rire, déclenché par un k-way mal mis, entre un ingénieur de 26 ans et la nonagénaire qu’il accompagne.

Les pèlerins de Bourges prient à la grotte du sanctuaire de Lourdes
Les pèlerins de Bourges prient à la grotte du sanctuaire de Lourdes

Venir en procession, personnelle et collective 

«Il y a quand même quelque chose qui est très beau ici, c’est la ferveur des gens! Vous en voyez de toutes conditions: des gens pauvres, des gens riches, des malades, des biens portants, des jeunes, des vieux», énumère avec une larme à l’œil le prédicateur, avant d’ajouter dans un sourire «cela me fait croire que Dieu existe». Le père Stéphane Maritaud a présenté en début de semaine, lors de la célébration d’ouverture, le thème de cette édition «Que l’on bâtisse ici une chapelle et que l’on y vienne en procession». C’est avec cette phrase, déclarée par Marie à Bernadette lors de sa treizième apparition que le prêtre de Châteauroux appelle les 450 fidèles de son diocèse à redécouvrir la démarche de la procession, qu’elle soit collective ou personnelle. Pendant ces cinq jours, le prêtre de Châteauroux a pour mission d’accompagner spirituellement les fidèles et d’aider chacun «à rentrer dans sa propre histoire et son propre itinéraire spirituel».

Certains viennent en famille, comme François-Xavier, accompagné de sa sœur, de son épouse et de sa fille. Avec une vingtaine de pèlerinages à son actif, le berrichon résidant désormais à Poitiers décrit «une semaine pendant laquelle le temps s’arrête». «On rencontre des gens dont on ne connait pas la profession, le statut social, l’âge, mais une fois le pèlerinage terminé, on ne peut pas imaginer qu’ils ne fassent plus partie de notre vie ensuite». Ce qui explique pourquoi tant d’hospitaliers font de Lourdes un rendez-vous annuel. Comme Anatole, 17 ans, venu de Nevers avec ses parents et ses quatre frères et sœurs, une tradition familiale depuis son plus jeune âge. Si le pèlerinage était à la base une obligation parentale, le jeune homme explique que pour lui désormais «un été sans Lourdes n’est pas un été». Au-delà de l’aspect social et solidaire, le pèlerinage représente aussi un temps de prière important pour l’adolescent, celle-ci étant trop souvent délaissée le reste de l’année dans la frénésie quotidienne. 

Les pèlerins du Berry à Lourdes avec les accompagnants
Les pèlerins du Berry à Lourdes avec les accompagnants

Un lieu de vie intergénérationnel

Avec ses 93 mineurs, pèlerins et hospitaliers confondus, participant cette année, le diocèse de Bourges fait preuve d’une diversité générationnelle dont se réjouit son archevêque, Mgr Jérôme Beau. «Nous avons aussi bien des enfants, des jeunes ménages, des couples plus âgés, que des hospitaliers de plus de 80 ans, dont certains sont passés dans la catégorie des malades», remarque-t-il. Une transmission de génération en génération à l’image de ce que devrait être la vie de l’Église selon Mgr Beau. «L’Église, ce n’est pas vivre en tuyaux d’orgue par génération, ni par conception ou par spiritualité. L’Église c’est réussir à construire une harmonie musicale qui se transmet de génération en génération par le service de la charité».

Alors que le pèlerinage touche bientôt à sa fin, Marie-Thérèse retrace les temps fort de la semaine, parmi lesquels la messe internationale célébrée en la basilique souterraine saint Pie X ou encore la célébration du sacrement des malades. «Toutes les cérémonies me font du bien», résume la nonagénaire, émue à l’idée de devoir bientôt quitter les montagnes pyrénéennes. «Je ne sais pas où je serai l’année prochaine, peut-être que je serai partie retrouver mon mari. Il ne faut pas vivre dans la tristesse, car demain ne nous appartient pas, il faut vivre intensément le jour même!».

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15 août 2024, 09:52