L'Église de France salue les déclarations du Pape concernant l'abbé Pierre

Augustine Asta – Cité du Vatican

Après douze jours en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour, la question des abus sexuels commis par l'abbé Pierre s’est invitée en fin de voyage apostolique. Dans le vol retour Singapour-Rome, le Saint-Père s’est prêté à un exercice de questions-réponses. Au cours de cette phase, le journaliste Simon Leplâtre (ndlr- journal le Monde) a posé une question sur les cas d’abus commis par l'abbé Pierre. Une interrogation à laquelle le Pape a répondu d’un ton direct et franc: «Ce sont des gens bien, des gens qui font le bien, vous avez parlé de l'abbé Pierre. Avec tant de bien fait, vous pouvez voir que cette personne est un vilain pécheur. Et c'est notre condition humaine. Il ne faut pas dire: couvrons, couvrons pour que ça ne se voit pas. Les péchés publics sont publics et doivent être condamnés». L’évêque de Rome va plus loin ajoutant que «l'abbé Pierre est un homme qui a fait beaucoup de bien mais c’est aussi un pécheur». Pour François cela ne fait aucun doute: «Nous devons parler clairement de ces choses, et non les cacher. La lutte contre les abus est quelque chose que nous devons tous faire».

Lutter contre les abus de tout genre

Il ne s’agit pas seulement, a précisé le Souverain pontife, de lutter «contre les abus sexuels», mais de lutter «contre tous les types d'abus: abus sociaux, abus éducatifs, changement de mentalité, suppression de liberté. L'abus est à mon avis une chose démoniaque, car tout type d'abus détruit la dignité de la personne, tout type d'abus tente de détruire ce que nous sommes tous: l'image de Dieu», a dit le Pape, avant de poursuivre: «je suis heureux quand ces cas se révèlent. Je vais vous dire quelque chose que j'ai peut-être dit la dernière fois: il y a cinq ans, nous avons eu une réunion avec les présidents des conférences épiscopales sur des cas d'abus sexuels et autres abus. Nous avons une statistique très bien faite, je crois des Nations unies. De 42 à 46 % des abus ont lieu au sein de la famille ou dans le quartier. Enfin, les abus sexuels sur enfants, des mineurs, est un crime et une honte».

La réaction de la Conférence des évêques de France

À la suite de la déclaration du Pape argentin ce vendredi 13 septembre concernant l’abbé Pierre, la réaction des évêques de France ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué, la Conférence des évêques de France (CEF), a fait savoir que «les propos du Pape encouragent à ce travail de vérité et de clarification historique autour de l'abbé Pierre, que nous appelons de nos vœux et que nous voulons aider, en ouvrant nos archives dès à présent».

«Nous saluons les déclarations du Saint-Père appelant à faire toute la lumière, et à lutter résolument et collectivement contre tous types d'abus au sein de l'Église et de la société. C'est le sens du travail douloureux et long qu'a engagé l'Église en France depuis la ClASE, et le chemin sur lequel les évêques d'aujourd'hui continuent à être déterminés à avancer», peut -on lire dans le communiqué.

Déjà le 6 septembre 2024, le mouvement Emmaüs a révélé avoir reçu 17 nouveaux témoignages de violences sexuelles mettant en cause l’abbé Pierre, certains de la part de personnes mineures à l’époque des faits. Et la Conférence des évêques de France avait alors exprimé son «effroi face à ces nouvelles révélations et surtout sa profonde compassion envers toutes les personnes victimes de ces agissements».