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Une vue sur la ville de Jérusalem. Une vue sur la ville de Jérusalem. 

Depuis 60 ans à Jérusalem, la Maison d’Abraham offre un refuge de solidarité

À Ras El-Amud, quartier arabe de Jérusalem, la Maison d’Abraham constitue un havre de paix et de fraternité pour tous, unique en son genre. Au cœur de la ville trois fois sainte, la structure gérée par le Secours Catholique offre l’hospitalité aux pèlerins modestes de différentes religions et œuvre à la rencontre entre les communautés locales. Cet esprit d’ouverture se diffuse depuis 60 ans dans un pays marqué par l’hostilité voire les guerres entre les communautés.

Vianney Gilliot et Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Dans une lettre du 19 août dernier, le Pape François a rendu grâce pour «l’hospitalité, le service et tout le bien que cette structure a pu offrir». En effet, depuis 1964, de nombreux salariés et bénévoles travaillent au sein de la Maison d’Abraham pour tenir allumé une lumière de fraternité entre les religions, dans le quartier de Jérusalem-Est.

Sa mission d’origine, donnée par le Pape Paul VI en personne, est d’accueillir des pèlerins du monde entier et spécialement les plus modestes. En plus de cet accueil, la Maison d’Abraham permet la rencontre entre les communautés locales. 

«Une vocation à deux volets»

«C'est un privilège inouï de pouvoir vivre notre mission qui est une mission de solidarité, d'ouverture à tous», assure Bernard Thibaud en évoquant son rôle de directeur au sein de la Maison d’Abraham depuis quatre années. Pour l’ancien secrétaire général du Secours catholique, le patronage d’Abraham résume la vocation d’accueil de toutes les religions au sein de la Maison. En effet, le patriarche est honoré par les trois religions monothéistes présentes dans la Ville Sainte: le judaïsme, l’islam et le christianisme. Une attention particulière est donnée aux pèlerins les plus modestes, rappelle-t-il.

Installée dans un jardin de deux hectares sur le Mont des Oliviers, avec une vue sur la vieille ville de Jérusalem, la Maison n’oublie pas qu’elle s’inscrit dans un quartier «qui est essentiellement musulman» détaille le directeur. Le deuxième volet de sa mission est donc plus local et s’ouvre aux populations du quartier. Pour cela, la Maison Abraham a créé un centre communautaire en lien avec une association de femmes. «Régulièrement dans la journée, il y a des femmes et des enfants qui viennent pour des activités culturelles, économiques, se former, faire des fêtes», décrit-il.

Un encouragement pour l’avenir

Bernard Thibaud assure que le message du Pape «nous encourage aussi pour l'avenir». Cet avenir est au cœur de la célébration des 60 ans de la Maison d’Abraham ce samedi 14 septembre. Une messe d’action de grâce présidée par Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, ainsi qu’une prière à Marie pour la paix ont été au cœur de l’événement.

Le directeur souligne que «les occasions de fête sont rares, depuis des mois et des mois les personnes ne célèbrent rien». L’attentat terroriste du 7 octobre et la guerre menée à Gaza contre le Hamas ont divisé les différentes communautés. Avec «la libération des otages qui n’advient pas, et puis la guerre à Gaza qui se poursuit, et puis la colonisation en Cisjordanie qui est devenue de plus en plus violente, il est très difficile de dire qu'on va faire la fête ou célébrer», explique Bernard Thibaud.

Malgré tout, comme elle le fait depuis 60 ans, la Maison d’Abraham souhaite offrir «un signe de solidarité et de communion ecclésiale» par la célébration de cet anniversaire.

Symbole de cette fraternité, l’inauguration d’un «chemin des pèlerins de l’espérance», parcours composé de quinze stations sur le thème de l’hospitalité, de la foi et de la charité. «Il y a des citations de la Bible hébraïque, de l'Évangile, mais aussi du Coran», précise le directeur de la Maison. Le but de ce parcours est d’ouvrir une «démarche spirituelle qui ouvre à chacun une conversion personnelle bien sûr, mais aussi à la fraternité entre tous».

Messe de Pâques dans le Saint-Sépulcre.
Messe de Pâques dans le Saint-Sépulcre.

Le difficile retour des pèlerins en Terre Sainte

Depuis un an environ, les pèlerins se font rares et la guerre entre Israël et le Hamas a marqué une interruption de quelques mois de la fréquentation des activités locales proposées par la Maison. Si les initiatives locales ont repris progressivement depuis le début de l’année 2024, l’accueil des pèlerins reste bien en deçà de ses capacités. «Aujourd'hui, on voit beaucoup de pèlerins africains ou asiatiques qui viennent mais très peu d'Européens», déplore-t-il.

Devant les appréhensions de bon nombre de pèlerins à l’idée de venir en Terre Sainte, la présence également ce samedi d’une douzaine de pèlerins en précarité, issus du Réseau Saint-Laurent, est un signe et un appel «pour encourager des personnes en précarité aussi qui ont la foi et qui n'ont pas les moyens de venir en Terre Sainte à venir», ajoute Bernard Thibaud, plein d’espérance. 


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13 septembre 2024, 16:03