Pakistan: une chrétienne condamnée à mort pour blasphème sur WhatsApp

Vatican News

Mère chrétienne de quatre enfants, Shagufta Kiran a été arrêtée par l'Agence fédérale d'investigation (FIA) le 29 juillet 2021 à Islamabad, pour avoir insulté le prophète Mahomet sur le réseau social WhatsApp. Son mari et ses deux fils ont également été placés en garde à vue lors de la descente de police, mais ils ont été relâchés par la suite.

Condamnation à mort 

Mercredi 18 septembre, Shagufta Kiran a été condamnée à mort, en vertu de l'article 295-C du Code pénal. Détenue à la prison pakistanaise Adyalaa de Rawalpindi, elle continuera à y purger sa peine jusqu'à son exécution. À l'issue de son procès qui a duré trois ans, une amende de 300 000 roupies (environ mille dollars américains) lui a également été imposée par un juge de première instance du tribunal spécial d'Islamabad, qui applique la loi sur la prévention des délits électroniques (PECA). C’est ce qu’a déclaré l'avocat de la défense Rana Abdul Hameed qui estime que «Shagufta Kiran a été inculpée parce qu'elle est chrétienne: elle est une cible facile et vulnérable». 

Il compte faire appel devant la Haute Cour d'Islamabad, en deuxième instance. Pour lui, «ce verdict n'était pas une surprise car 99 % des personnes accusées en vertu de l'article 295-C sont condamnées par les tribunaux de première instance sous la pression des islamistes». «Si l'on examine tous les cas similaires, les tribunaux de première instance ont tendance à condamner les accusés même si les charges retenues contre eux sont très faibles», a déclaré Hameed.

Des incarcérations pour blasphème 

La plainte contre Kiran a été déposée par un musulman qui l'accuse d'avoir partagé des contenus irrespectueux qui vilipendent le prophète Mahomet, a fait savoir l’avocat au Christian Daily International-Morning Star News. Des accusations réfutées par Shagufta Kiran. L’ancienne infirmière a toutefois affirmé ne pas être l’auteure du contenu, indiquant l’avoir transmis au groupe WhatsApp sans l'avoir lu. Shagufta Kiran Kiran avait rejoint plusieurs groupes WhatsApp interconfessionnels, où elle proclamait l'Évangile et défendait sa foi chrétienne. L'un de ces groupes était administré par le plaignant.

Au Pakistan, depuis 1987, près de 3 000 personnes ont été accusées de blasphème selon l’organisation Center for Social Justice (CSJ). Des centaines d'accusés ont été incarcérés l'année dernière, dont 552 dans les seules prisons de la province du Pendjab. Au moins 350 personnes étaient toujours derrière les barreaux en juin, selon le rapport du CSJ. 103 nouvelles personnes ont été accusées de blasphème cette année, entre janvier et juin.