Sénégal: le Laïcat dénonce un «acharnement à stigmatiser l’enseignement privé catholique»
Olivier Ndayisaba – Cité du Vatican
Dans ce communiqué signé le 21 septembre 2024 par le Dr Philippe Abraham Birane Tine, le Conseil national du Laïcat du Sénégal (CNL) dit avoir suivi avec intérêt les conclusions de la réunion interministérielle sur la préparation de la rentrée scolaire 2024-2025 tenue à la Primature le 19 septembre 2024. À la lecture des directives finales issues de cette rencontre, le CNL manifeste sa joie vis-à-vis du souci du gouvernement d’apporter certaines améliorations dans le domaine éducatif. Il s’agit notamment «d’améliorer les conditions d’enseignement-apprentissage ainsi que les performances des élèves, de prévenir et de gérer les violences en milieu scolaire, de protéger les couches vulnérables, de procéder aux réformes qui s’imposent dans le secteur de l’éducation».
L’enseignement privé catholique promeut l’accès à l’éducation pour tous, dans une égale dignité
Le président du Laïcat sénégalais rappelle que l’enseignement catholique au Sénégal est précurseur du port obligatoire de l’uniforme scolaire et se réjouit du fait que le gouvernement manifeste un intérêt particulier à ce sujet. Pour le CNL cela encourage l’enseignement catholique dans «sa persévérance à promouvoir l’égal accès de toutes les filles et de tous les fils du pays à l’éducation, dans une égale dignité que ne sapent ni les différences de conditions socio-économiques, culturelles et religieuses, ni les disparités territoriales».
Le CNL rappelle, en outre, que «l’enseignement privé catholique demeure ancré dans les principes fondamentaux édictés par la Constitution de l’État laïc du Sénégal qui, en son article 8, consacre respectivement le droit à l'éducation et le droit de savoir lire et écrire à chaque citoyen sénégalais».
Les établissements privés catholiques sont «sénégalais»
Cela étant, le CNL encourage tous les établissements privés catholiques du Sénégal à demeurer fermes dans la promotion des valeurs chrétiennes qui fondent leur projet éducatif dans le respect des principes constitutionnels d’égalité, de liberté, de respect mutuel et du vivre ensemble. Il souligne que tous ces établissements sont «sénégalais» et sont placés sous la responsabilité des autorités diocésaines que sont les évêques du pays.
Le Laïcat souligne également que les sénégalais de toutes conditions et de toute appartenance font confiance à l’enseignement privé catholique et que rien, ni personne ne doit le détourner de l’essentiel à savoir «la formation de l’homme et de tout l’homme dans l’amour et la charité, sans aucune discrimination».
Dans ce contexte, le CNL «regrette la persistance dans l’erreur du chef du gouvernement à considérer les écoles privées catholiques comme des "écoles étrangères"». Il dénonce l’acharnement à stigmatiser l’enseignement privé catholique, car une telle obstination est étrangère «aux valeurs culturelles qui cimentent et sédimentent l’exception sénégalaise faite de pluralités vivant en harmonie».
Appel à la vigilance contre la fragilisation de la cohésion sociale
Dans son communiqué, le CNL appelle tous les fidèles chrétiens, tous les frères et sœurs de toutes confessions religieuses et tous les citoyens désireux de justice et de paix à rester vigilants face aux signaux alarmants tendant à «se méprendre, à ostraciser la communauté catholique et, partant, à fragiliser la cohésion sociale». Le CNL n’admet pas que les chrétiens du Sénégal soient considérés «comme des citoyens de seconde zone».
L’Eglise du Sénégal fonde son action éducative sur l’Évangile et la Constitution
Le Conseil National du Laïcat invite le chef du gouvernement sénégalais Ousmane Sonko à «faire montre de plus de respect et de considération à l’endroit de l’enseignement privé catholique basé sur les valeurs évangéliques». Il fait observer que le paradigme des menaces est inopérant et que l’Église ne connaît pas la peur. «Elle marche dans la vérité, la justice et la paix». Le CNL souligne aussi que «l’Église est républicaine et, en matière d’éducation et de formation, elle fonde son action sur la Constitution. Son engagement à cet égard ne saurait être flétri par un arrêté». Le CNL conclut son communiqué en exhortant le gouvernement «à ne désormais conjuguer de verbe que celui de l’action» pour le bien-être des sénégalais.
En toile de fond, la problématique du port du voile
Depuis le 24 juillet 2024, une polémique a refait surface au Sénégal autour de l’interdiction du port du voile dans certaines écoles confessionnelles. Cela faisait suite aux propos du Premier ministre de ce pays ouest-africain sur la même question, au cours d’une rencontre avec les lauréats du «Concours général»: «Au Sénégal, nous ne permettrons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile». «Gare à ces institutions qui refuseront d’accepter une fille simplement parce qu’elle est voilée», avait déclaré le chef du gouvernement sénégalais, selon des mots rapportés dans le communiqué du Conseil national du Laïcat du Sénégal du 4 août, en réaction à ces déclarations. Dans un communiqué du 11 août, le Conseil interreligieux du Sénégal pour la Paix (CIRSP) avait réagi à son tour, soulignant que «la tournure que prend cette situation fait craindre des lendemains incertains dans notre pays». Le Conseil national du Laïcat du Sénégal avait appelé au respect du projet éducatif de l’enseignement privé catholique qui accueille sans discrimination, prône le respect de l’autre et proscrit tout prosélytisme. Pour sa part, le CIRSP avait appelé à œuvrer pour la sauvegarde du vivre-ensemble et à privilégier un dialogue constructif, pour l’intérêt supérieur de la Nation.
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