Les congrégations religieuses, pionnières de l’action sociale au Québec
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Le diocèse de Québec fête cette année ses 350 ans d’existence. En effet, c’est au courant du XVIIe siècle que l’Église s’implante en Amérique du Nord, après la première messe célébrée par un prêtre de l’équipage du navigateur breton Jacques Cartier en 1534.
Un siècle plus tard, la première colonie française s’établit à Port-Royal puis à Québec et voit s’installer de plus en plus de communautés religieuses: les Jésuites, les Sulpiciens, les Ursulines… Mais dès la moitié du XVIIe siècles, des communautés sont directement fondées sur le territoire de l’actuel Canada et participent activement aux besoins sociaux. «On est dans les balbutiements. Les premières institutions, que ce soit de santé ou d'enseignement, ce sont les congrégations religieuses», explique Vincent Giguère, conservateur au Musée de la civilisation du Québec.
Mgr de Laval, fondateur du premier diocèse
En 1674, le vicariat apostolique de la Nouvelle-France est érigé en évêché avec à sa tête, Mgr François de Montmorency-Laval. Ce diocèse de Québec, premier diocèse américain, s’étend alors de Terre-Neuve jusqu'au sud de la Louisiane. «Mgr de Laval est bien entendu responsable de l'animation spirituelle du diocèse, mais également de l'implantation d'autres hôpitaux et d'autres institutions qui vont venir justement s'occuper de charité et de l'enseignement», poursuit Vincent Giguère. C’est ainsi que les religieux et religieuses venus d’ailleurs participent à l’évangélisation de l’Amérique du Nord à travers des œuvres de charité concrètes.
Après la guerre de Sept Ans (1756-1763), la présence française se voit remplacer par les forces coloniales britanniques. Mais l’Église continue son travail auprès des personnes malades, auprès des enfants ou des personnes en situation de précarité.
L’apogée du XIXe siècle
«Au XIXe siècle, on va assister à une accélération de fondation d'organismes de charité», souligne le conservateur québécois, avec de multiples congrégations religieuses locales qui vont développer leur apostolat au Québec. Une période au cours de laquelle Mère Marie-Léonie Paradis fonde les Petites sœurs de la Sainte-Famille qui se consacrent à la catéchèse et au service domestique dans les collèges et les séminaires.
L’Église devient rapidement la pointe de l’action sociale au Québec. Vincent Giguère cite par exemple le cas la maison Béthanie fondée par les sœurs du Bon Pasteur à Québec.
Vincent Giguère cite un autre exemple en la personne de sœur Marie de la Nativité, dont un tablier était exposé pour l’exposition «350 ans d’entraide» au Québec: «C’est une pionnière. Il s'agit de la première travailleuse sociale, travailleuse de rue en fait, dans l'histoire du Québec dès les années 1880. Donc elle revêtait ce tablier et elle allait directement dans la rue s'occuper des orphelins, des pauvres, de toutes les personnes marginalisées…»
L’héritage des communautés religieuses
Au cours du XXe siècle, l’État canadien reprend à son compte l’action sociale des congrégations religieuses, à l’instar de la Maison Gomin, premier centre de détention pour femmes au Québec. Il est opéré exclusivement par les Sœurs du Bon-Pasteur de sa création en 1932 jusqu’en 1972. Les religieuses y assuraient notamment les fonctions de surveillante pénitentiaire, avant d’être progressivement remplacées par des agents de l’État canadien.
Désormais, si les puissantes communautés québécoises gardent leurs maisons-mères au Québec, elles sont répandues partout dans le monde. Ayant reçu la foi de missionnaires européens, ces congrégations la propagent à leur tour aux quatre coins de la planète. «C’est la beauté de la chose», estime Vincent Giguère.
Ainsi les Petites sœurs de la Sainte-Famille ne font pas exception: fondées dans la petite ville canadienne de Memramcook, elles sont aujourd'hui présentes notamment au Honduras et au Guatemala.
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