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Rencontre entre le cardinal Kikuchi et le Pape François au Vatican. Rencontre entre le cardinal Kikuchi et le Pape François au Vatican.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Le nouveau cardinal Kikuchi invite l'Asie à contribuer à la mission de l'Église

Dans un entretien accordé aux médias du Vatican, le futur cardinal Tarcisio Isao Kikuchi de Tokyo (Japon) et président de Caritas Internationalis, évoque l'état de l'Église, et revient notamment sur sa nomination et son travail pour la paix dans le monde.

Deborah Castellano Lubov – Cité du Vatican

«L'Église est une seule famille à travers le monde et nous devons nous soutenir les uns les autres». C'est ce qu'a déclaré le cardinal nommé par le Saint-Père, Mgr Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo et président de Caritas Internationalis, lors d'une interview avec les médias du Vatican. Dimanche 6 octobre dernier, le Pape François qui, en 2019 s'était rendu à Tokyo, a annoncé Mgr Kikuchi dans la liste des cardinaux qui seront créés lors du prochain consistoire le 8 décembre 2024.

Dans un entretien, le président de la Conférence des évêques catholiques du Japon parle de sa nomination, de la manière dont il conseillera le Saint-Père en tant que cardinal, ainsi que de sa propre vocation et de sa spiritualité. En outre, le cardinal Kikuchi partage ce qu'il considère comme les questions les plus importantes pour l'Église aujourd'hui, s’exprimant également sur la meilleure façon de réagir au mieux dans un monde affligé par la guerre.


Maintenant que vous avez appris que le Pape François vous a nommé cardinal, comment envisagez-vous conseiller le Saint-Père? Et le conseiller en particulier sur l'Église en Asie?

En fait, en tant que président de Caritas Internationalis [la branche humanitaire du Vatican], je rends compte au Saint-Père de ce qui se passe au sein de Caritas. J'ai déjà rencontré le Saint-Père à plusieurs reprises. Bien sûr, je ne parle pas italien. Je ne parle pas espagnol. C'est pourquoi je fais toujours appel à quelqu'un de Caritas pour me traduire. Mais je lui ai déjà donné des informations et je vais donc continuer à le faire.

Le Pape a déclaré une «Année de prière». Nous avons le Synode et tant d'autres événements, mais il a déclaré l’année de prière avant le prochain Jubilé. Pourriez-vous nous parler de votre spiritualité et de la manière dont vous avez découvert votre vocation?

Ma spiritualité est complexe, mais j'ai été élevé par les missionnaires suisses. Je suis né fils d'un catéchiste dans le nord du Japon et je vivais dans la paroisse. Je vivais avec le curé de la paroisse, qui était un missionnaire suisse. C'est lui qui m'a élevé. Il m'a appris à prier et à être enfant de chœur. Quand j'étais petit, je voulais déjà être missionnaire. Grâce à ses liens avec les germanophones, les Missionnaires du Verbe Divin travaillant dans la préfecture voisine, j'ai été amené au petit séminaire des Missionnaires du Verbe Divin au Japon et j'ai été élevé comme un missionnaire. Par conséquent, ma spiritualité, ma croyance, est vraiment basée sur cette rencontre avec le missionnaire étranger. C'est pourquoi, lorsque je suis devenu prêtre, je voulais vraiment être missionnaire, et je suis donc allé en Afrique.

En ce qui concerne votre expérience missionnaire en Afrique, je crois que vous avez passé près de dix ans au Ghana. Comment cela vous a-t-il influencé? Y a-t-il quelque chose que vous avez appris sur l’Église?

En 1986, j'ai été ordonné prêtre et je suis immédiatement allé au Ghana. J'ai été envoyé dans une mission où il n'y avait ni électricité, ni eau, mais où les gens étaient très heureux. J'y ai rencontré tant de gens heureux, malgré les nombreuses difficultés. Mais je me demandais pourquoi les gens étaient si heureux. La maladie, la pauvreté, toutes sortes de difficultés, mais les gens sont heureux. J'ai alors découvert pourquoi. Ils m'ont dit qu'ils étaient heureux parce qu'ils savaient qu'en cas de difficulté, quelqu'un viendrait les aider. "Vous ne serez jamais abandonné. Vous ne serez jamais oublié". C'est l'expérience que j'ai faite au Ghana. Depuis lors, depuis que j'ai commencé à travailler pour Caritas pendant de nombreuses années, c'est mon principal concept d'aide aux autres: Je ne vous oublie pas. Je ne vous oublierai pas. Je vous soutiendrai toujours.


Quelle importance accordez-vous à l'Église d'Asie et, compte tenu de votre séjour en Afrique, également à l'Afrique, dans l'Église universelle d'aujourd'hui?

J'ai parlé du déplacement du centre de l'Église, des Églises occidentales vers ce que l'on appelle les Églises du Sud. L'Asie est une Église du Sud global. Parce que l'Église d'Asie produit aujourd'hui beaucoup de vocations, les Églises se développent et la spiritualité s'approfondit. Il est donc de notre devoir de contribuer à l'Église universelle. L'heure est venue pour l'Asie de contribuer à la mission de l'Église.

En ce moment, il y a des guerres à travers le monde, et le Saint-Père a lancé un appel pour une journée de prière et de jeûne. Selon vous, quels sont les outils à utiliser pour œuvrer en faveur de la paix?

De nos jours, il est très difficile de parler de paix. Les gens, surtout après la pandémie de Covid, deviennent très égoïstes et ne pensent qu'à leur propre sécurité. Et lorsque les gens deviennent égoïstes, il est très difficile de parler de paix ou de stabilité dans d'autres pays lointains. Le Japon, le Proche-Orient ou la Terre Sainte sont très éloignés. Par conséquent, il est très difficile pour les gens de comprendre que c'est vraiment notre problème. Ce n'est pas leur problème, mais c'est "notre problème" parce que nous vivons comme une seule et même famille sur la même planète. Telle est l'idée. Je pense que l'Église doit continuer à parler aux gens du fait que nous vivons comme une seule famille.

Cardinal Kikuchi, y a-t-il une ou plusieurs questions qui vous semblent les plus importantes pour l'Église catholique aujourd'hui?

La migration est l'un des plus grands problèmes. Au Japon ou en Corée, c'est la même chose, la société vieillit et nous n'avons pas beaucoup d'enfants. Le taux de natalité est en baisse. Naturellement, pour soutenir ou maintenir la société, l'afflux de migrants est une nécessité. Mais bien sûr, il y a une tendance à ne pas vouloir intégrer ces migrants dans la société. Il y a toujours une sorte d'opinion sévère à leur égard. Mais sans les migrants, nous ne pouvons pas survivre. Il s'agit donc d'une contradiction. Dans ces conditions, la question se pose de savoir comment traiter ou intégrer ces migrants dans la société. C'est un problème majeur pour l'Église catholique, car beaucoup d'entre eux sont catholiques, beaucoup d'entre eux sont chrétiens. De nos jours, si vous allez dans les paroisses au Japon, vous voyez beaucoup de migrants, beaucoup de catholiques migrants. Par conséquent, leur intégration dans la société est le principal problème auquel nous devons nous attaquer.

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11 octobre 2024, 09:47