La Conférence des Supérieurs Majeurs de la RDC tient sa première assemblée plénière
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
La Cosuma fut créée en 2021 de la fusion de deux associations masculine et féminine pour mutualiser les forces afin de mieux répondre aux défis de la vie religieuse en RDC. Elle rassemble les supérieurs majeurs des congrégations religieuses et instituts de vie consacrée de l’ancienne Association des supérieurs majeurs (Asuma, pour les hommes) et de l’Union des supérieures majeures (Usuma, pour les femmes). Pour sa première assemblée générale plénière, elle réunit 185 personnes consacrées représentant les supérieurs de 303 congrégations et instituts de vie consacrée. Après trois passés à la tête du premier comité de cette structure, le premier président de la Cosuma, le provincial des jésuites de la province d’Afrique centrale (RD Congo et Angola), le père Rigobert Kyungu, a dressé un bilan au cours d’une interview accordée à Radio Vatican – Vatican News. Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien.
Père Rigobert Kyungu, vous êtes le premier président de la Cosuma. Après trois ans à la tête de cette structure, quel bilan pouvez-vous dresser?
Le bilan est, à mon avis, très positif, parce que c'est un don de Dieu. Lorsque j'ai été élu comme président il y a trois ans, je sentais que c'était un appel de Dieu. Et, ce qui provient de Dieu n'échoue jamais. Dieu qui m'a appelé à cette mission m'a aussi accompagné. Je n'ai pas été élu seul, nous étions deux avec la vice-présidente, la sœur Rita Yamba, supérieure déléguée des Filles de Saint-Paul en Afrique francophone, Congo et Côte d'Ivoire. Nous rendons grâce à Dieu pour son accompagnement. Il ne nous a pas abandonnés.
C’était une première expérience comme conférence. Avant il y avait deux associations, une association masculine, l’Asuma, l’Assemblée des supérieurs majeurs, ainsi que l'Union des supérieurs majeurs pour les religieuses, Usuma. Nous avons fusionné les deux associations il y a trois ans pour créer une nouvelle structure, la Conférence des supérieurs majeurs, selon les recommandations de Rome. Ça a été une très belle expérience, une expérience de collaboration, mais aussi de complémentarité, les uns et les autres apportant leurs forces que nous mettons ensemble. Nous avons tout mis ensemble: notre patrimoine financier, notre patrimoine foncier, nos biens, etc. Cela nous a aidés à bien collaborer, à bien avancer. Comme on le dit, «l'union fait la force». Je peux aussi dire que nous avons vraiment vécu une certaine expérience de la synodalité, avec la hiérarchie: avec le Dicastère pour la vie consacrée, avec la Conférence épiscopale nationale du Congo, avec la nonciature. Et, ça s’est montré une belle expérience. Nous avons beaucoup insisté sur la formation et le témoignage des consacrés dans la société, et tout cela fait que le bilan est vu très positivement.
Au début de votre mandat, vous vous étiez notamment fixé trois objectifs: la mise sur pied des structures solides pour un bon travail d'ensemble, la mobilisation des religieux congolais pour la participation au processus synodal et l'amélioration de la qualité de la vie consacrée en Afrique. Après trois ans, estimez-vous que ces objectifs aient été atteints?
Je trouve que ces objectifs ont globalement été atteints. Commençons par les structures. Nous avons d'abord travaillé à l'élaboration des statuts parce qu’étant une nouvelle conférence, il fallait mettre sur pied de nouveaux statuts. Ce fut un travail de titan. Nous avons été accompagnés par la nonciature notamment, mais aussi par le Dicastère pour la vie consacrée, qui a ensuite approuvé ce statut, ce qui fut une grande joie pour nous. Dans le même domaine des structures, nous avons travaillé avec les provinces ecclésiastiques. Il y en a six au Congo. Chaque province ecclésiastique réunit plusieurs diocèses. Nous avons travaillé avec ces provinces ecclésiastiques où nous avons des structures d’enracinement. Nous avons travaillé à l'organigramme de notre conférence: le comité directeur, qui comprend les représentants de toutes les provinces ecclésiastiques; un comité restreint siégeant à Kinshasa; et différents comités au niveau des provinces ecclésiastiques, ainsi que dans les diocèses. Pour les sites, nous en avons divers à Kinshasa.
Et concernant la participation des religieux congolais au processus synodal ?
Nous avons organisé beaucoup de partage sur les Lineamenta, c’est-à-dire les questions qui avaient été envoyées aux différents diocèses. Les consacrés ont donc donné leur contribution. Par ailleurs, nous avons travaillé sur la qualité du témoignage des consacrés, tant bien que mal, dans cette société en perte de valeur. Nous ne cessons d'insister, notamment dans le domaine de la formation, pour que les consacrés soient toujours la lumière qui éclaire la nation.
Comment pouvez-vous évaluer la participation de la Cosuma à la vie de l'Église et de la nation congolaise?
La Cosuma est active, non-seulement au niveau de l'Église, mais aussi de la nation. Je commencerai par mentionner le grand événement, le voyage apostolique du Pape dans notre pays. Les consacrés de notre conférence ont été très actifs dans l’organisation de cet événement historique, et ce fut une réussite. Nous gardons un bon souvenir de ce passage du Saint-Père dans notre pays. Nous avons aussi été très actifs au niveau de la conférence épiscopale, pour justement renforcer la collaboration avec nos pères les évêques, tant au niveau national qu'au niveau des provinces ecclésiastiques. Nous avons participé au congrès eucharistique national organisé par la conférence épiscopale à Lubumbashi. Au niveau local, nous avons toujours été présents aux ordinations épiscopales dans différents diocèses. Tout cela témoigne de notre présence active dans la vie de l'Église. Nous faisons de notre mieux de toujours répondre présent et manifester notre solidarité, notre communion avec l'Église. Nous, c'est-à-dire la présidence nationale, au nom de la Cosuma, mais aussi les conférences au niveau local. A ces occasions, nous avons toujours eu des réunions avec les consacrés du lieu que nous visitons, du lieu où nous nous trouvons.
Quant à la participation à la vie de la nation congolaise, c’est important de noter que les consacrés dans notre pays sont dans tous les coins. C'est un grand pays avec 48 diocèses, constitués des milieux urbains, mais aussi des milieux ruraux. Les milieux ruraux sont difficiles d'accès à cause du mauvais état des routes. N’empêche que les consacrés y soient. Nous œuvrons notamment dans le domaine de l'éducation et de la santé, essayant toujours de rendre un bon témoignage.
Nous insistons beaucoup auprès des consacrés sur le bon témoignage, surtout dans le domaine de l'unité. En Afrique et dans notre pays, on parle beaucoup du tribalisme dans la vie politique, dans la vie sociale. Nous essayons tant bien que mal de former des communautés universelles, des communautés qui rassemblent des consacrés de différentes tribus. Ceci est un grand témoignage, un bon témoignage. Ce même témoignage est requis dans nos chapitres généraux ou élections dans nos différentes congrégations. Nous luttons pour ne pas tomber dans ce que nous reprochons aux hommes politiques: campagne, favoritisme, tribalismes, etc. Nous veillons à ce que les élections se fassent dans un bon esprit.
En regardant vers l’avenir, quels défis se présentent pour la Cosuma et la vie religieuse en général en République Démocratique du Congo?
Comme je viens de le dire avec la question précédente, un des grands défis de la vie religieuse dans notre société, c'est justement l'unité et j'ajouterai même de la communion. Dans un milieu, dans une société où l'on cherche à se rassembler d'après les origines tribales ou ethniques, nous voulons être des signes d'unité et de communion. Un autre défi, c'est celui de la formation: former des consacrés aux valeurs et des consacrés compétents dans leur travail. Grâce à la Fondation Hilton, nous avons la chance de continuer à organiser des formations, notamment pour les religieuses, mais le défi reste celui d’en former davantage, de donner une formation de qualité aux religieux, particulièrement ceux de droit diocésain. Un autre défi, par ailleurs, est celui des milieux ruraux, comme je venais de l’expliquer. Les milieux ruraux dans notre pays sont difficiles d'accès à cause du mauvais état des routes. Les consacrés qui sont habitués aux villes ont des difficultés à s'y rendre. Nous avons le devoir d'aller partout, dans les 48 diocèses, et ce n'est pas facile de circuler dans le pays. Pour finir, il y a les déviations aux quelles est exposée la jeunesse aujourd'hui. Comme vous le savez, les jeunes que nous recevons pour la vie consacrée proviennent de notre société, de nos milieux. C'est des jeunes qui sont exposés à toutes les déviations des réseaux sociaux et tout le reste. Former de vrais consacrés, de vraies religieuses, provenant de ces milieux, reste un grand défi. Il y a beaucoup d'autres défis mais je me limiterai à ceux-là.
Père Rigobert Kyungu, vous êtes président sortant de la Cosuma. Avez-vous un dernier mot avant de conclure notre interview?
Mon dernier mot serait celui de gratitude. Je remercie tous ceux qui nous ont soutenus pendant ces trois ans de travail pour la Conférence des supérieurs majeurs au Congo. Je remercie tous les membres de notre comité et tous les présidents et présidentes des provinces ecclésiastiques, tous les consacrés de notre pays, mais aussi nos partenaires, qui ont beaucoup aidé, surtout sous le plan financier. Sans cela, nous ne pouvons pas organiser tout ce que nous faisons. Reconnaissance aussi, bien sûr, à notre hiérarchie, la Conférence épiscopale, le Dicastère, la nonciature et tous nos collaborateurs. Je dirais aussi que je souhaite vraiment un bon mandat à ceux qui vont continuer cette œuvre que le Seigneur nous a confiée, les prochains animateurs de la Cosuma RDC. Que le Seigneur les assiste aussi, comme il l'a fait avec nous.
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