RDC: la population de Goma se rassemble pour «Imaginer la Paix»
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
«Malgré la guerre, nous ne nous résignons pas. Nous voulons imaginer la paix ensemble», a déclaré Aline Minani, responsable de la Communauté Sant’Egidio à Goma, dans un entretien accordé à Radio Vatican-Vatican News. Cette rencontre qui se tiendra dans la capitale de la province du Nord Kivu s’inscrit dans la suite du sommet international organisé par Sant’Egidio à Paris du 22 au 24 septembre derniers. Cette initiative qui réunira toutes les confessions religieuses est une réponse au climat grandissant de violences d’insécurité dans cette partie de la République Démocratique du Congo (RDC).
Imaginer la paix, dans un contexte marqué par le désespoir
«Imaginer la paix» est le thème choisi pour alimenter les réflexions et conversations de cette journée. Pour Aline Minani, il faut recréer l’espoir, car la population de Goma et de ses environs «en est arrivée à un point où il est difficile de maintenir l’espoir. Tout le monde semble être perdu, tout le monde vit dans le désespoir». Pour cette congolaise, réunir tous les leaders religieux de la ville est une grande force, car ils vont transmettre un message d’espérance, un appel à la paix et à œuvrer pour la pacification de cette partie du pays. À un moment où beaucoup de «paroles vides circulent», la population a besoin des mots et des actions qui redonnent du sens à ce combat pour la paix, estime-elle.
Rêver Goma sans guerre et sans violences
La rencontre se veut aussi une conscientisation de la population, afin qu’elle prenne une part active à un retour au calme dans cette région. Il s’agit de «pouvoir rêver Goma sans guerre, sans violence, sans insécurité, sans massacre». «Imaginer la paix» devient ainsi une ressource, une fondation à partir de laquelle bâtir une paix réelle. Par ailleurs, «imaginer la paix» devient motif qui pousse à travailler à l’entente et au vivre ensemble, une responsabilité commune. Ce leitmotiv vise aussi à développer un sentiment de résilience et de résistance face à la guerre. Pour Aline Minani, «c’est avec tout le monde qu’on l’imagine»: les pauvres, les personnes âgées, les gens sans abris et même les enfants de la rue dont le nombre grandit à Goma. Personne ne doit en être exclu, a souligné la responsable de Sant’Egidio à Goma, en rappelant les mots du Pape Jean-Paul II lors de son discours de clôture de la première rencontre interreligieuse pour la paix à Assise en 1986: «la paix est un chantier ouvert à tous».
Plusieurs discours, un seul message
Cet événement connaîtra la participation de plusieurs grandes personnalités de Goma, dont Mgr Willi Ngumbi, évêque du diocèse de Goma, les évêques de l’Église anglicane et protestant de l’Église du Christ au Congo (ECC), les représentants de la communauté musulmane du Nord Kivu, le maire de la ville, les représentants de la Mission d’observation des Nations unies au Congo (Monusco) et ceux de la Communauté Sant’Egidio. Le message qui sera adressé est unique, «la paix et la fin de la guerre». Le message du Pape François à la rencontre de Paris sera lu par Mgr Ngumbi. Le dimanche 6 octobre suivant, la Communauté Sant’Egidio répondra à l’invitation de prière pour la paix lancée par le Saint Père lors de la messe de l’ouverture de la seconde session synode sur la synodalité le 2 octobre dernier. Plusieurs jeunes seront réunis pour cette prière, a indiqué Aline Minani.
Que les tissus déchirés se recousent
Un autre espoir suscité par cette rencontre est la cohésion de la communauté gomatracienne. «Que les tissus qui ont été déchirés se recousent. Que d’une seule voix nous puissions crier: non à la guerre, oui à la paix! Que les gens se disent ‘la guerre n'est pas notre avenir, la guerre n’est pas notre destin, notre destin commun est un destin de paix, notre futur est un futur de paix’». Tel est le message que Sant’Egidio compte adresser à la population de la Goma, a déclaré la responsable. Par la même occasion la population de Goma veut aussi faire entendre sa voix auprès des dirigeants congolais, car il y a «assez des vies fauchées, assez de sang qui coule». Pour Aline Minani, «c'est le moment de construire la paix, d'ouvrir de nouveaux horizons et bâtir une paix durable pour notre pays, pour notre région, pour le Kivu, pour le Congo et pour toute la région des Grands Lacs».
La congolaise a conclu en évoquant le soutien l’Église, tant locale qu’universelle, notamment les messages de paix du Pape François, ses prières et ses appels pour mettre fin à la situation désastreuse dont souffrent les Congolais. Tout cela, a déclaré Aline Minani, réconforte, redonne l’espoir et la force de pouvoir continuer à résister, en faisant le bien contre le mal, «toujours le bien et jamais le mal».
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