«Les ambitions de domination empêchent la paix», estime le futur cardinal Mathieu

Lisa Zengarini – Cité du Vatican

La clé pour restaurer la paix au Moyen-Orient et dans le monde est que toutes les parties impliquées «abandonnent leur quête de suprématie» et «cessent d'investir du temps, de l'énergie et des ressources dans de nouvelles technologies et stratégies qui nous éloignent de la lumière», a déclaré le cardinal nommé par le Pape, Mgr Dominique Joseph Mathieu.

Depuis 2021, ce franciscain conventuel né en Belgique est à la tête de l'archidiocèse de Téhéran-Ispahan, le seul diocèse catholique de rite latin en Iran, qui abrite un petit groupe de 2 000 catholiques au sein d'une population de 82 millions d'habitants, majoritairement musulmane chiite. Âgé de 61 ans, il est l'un des 21 cardinaux que le Pape François créera lors du consistoire du 7 décembre, ce qui fera de lui le troisième cardinal de l'histoire de la République islamique. Au sein de son ordre franciscain, il a occupé diverses fonctions, notamment au sein de la Custodie provinciale d'Orient et de Terre Sainte, et possède une longue expérience du dialogue interreligieux avec les musulmans.

Le temps est venu d'affronter les conflits avec courage et transparence

S'adressant à l'agence Fides à la suite des récentes frappes aériennes ciblées d'Israël sur l'Iran en représailles à des attaques iraniennes antérieures, Mgr Mathieu a évité tout commentaire politique direct mais a fait remarquer que, dans le contexte de l'escalade actuelle au Proche-Orient, le temps est venu «d'affronter les conflits avec courage et transparence».

«Ce n'est que par une rencontre authentique avec l'autre que l'étincelle de la fraternité peut émerger dans notre maison commune, que Dieu, fait d'amour, nous a confiée», a-t-il déclaré, faisant écho aux appels incessants du Pape François à mettre fin à la spirale de la violence et de la souffrance dans la région.

Nous avons besoin d'actions concrètes de réconciliation et d'unité

Mgr Matthieu a insisté sur la nécessité de construire la paix «par des actions concrètes de réconciliation et d'unité». «En marchant ensemble, malgré nos différences, nous pouvons être de véritables témoins de la paix», a-t-il déclaré.

Dans une précédente interview accordée à l'agence Asianews sur sa création en tant que cardinal et son ministère en Iran, Mgr Mathieu a dénoncé la rhétorique guerrière qui prévaut dans la crise du Proche-Orient et a souligné la faiblesse des institutions internationales, à commencer par les Nations unies.

Le réveil de l'ONU et de l'UE

Il a également relevé les contradictions de l'Union européenne qui, tout en appelant à un cessez-le-feu et à la paix, continue d'envoyer des armes aux belligérants.

Il a rappelé les paroles du Pape François lors de son récent voyage apostolique en Belgique, au cours duquel il a exhorté les gouvernants à «assumer la responsabilité, le risque et l'honneur de la paix», déplorant que, dans plusieurs pays, les investissements les plus rentables soient réalisés dans la fabrication d'armes.