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Les camions de l'armée de République dominicaine utilisés pour renvoyer les migrants haïtiens. Les camions de l'armée de République dominicaine utilisés pour renvoyer les migrants haïtiens.  

L’Église s’insurge contre les «déportations» des migrants haïtiens

Alors que le gouvernement de République dominicaine a annoncé mercredi 2 octobre adopter un plan d'expulsion de 10 000 Haïtiens sans-papiers par semaine, les conférences épiscopales dominicaines et haïtiennes se sont inquiétées des traitements injustes et des actes haineux et discriminatoires subis par les migrants haïtiens en République dominicaine.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican  

L'île d'Hispaniola, dans les Caraïbes, est partagée entre Haïti à l’ouest et la République dominicaine à l’est. Entre les deux pays, une frontière de plus de 370 kilomètres, franchie par de nombreux Haïtiens pour fuir la crise sécuritaire, économique et humanitaire dans leur pays. Ainsi, au moins un demi-million d'Haïtiens vivent en République dominicaine, selon des groupes de défense des droits de l’homme. 

Face à cet important afflux de migrants, la République dominicaine a annoncé le 2 octobre un plan d'expulsion à exécution immédiate de 10 000 Haïtiens sans-papiers par semaine. Ainsi, entre le 2 et le 9 octobre, 11 000 migrants ont été renvoyés dans leur pays par le gouvernement dominicain. Nouvelle étape dans la tension diplomatique entre les deux voisins, ces mesures de renvoi ont inquiétés la Conférence épiscopale dominicaine, qui s’est alarmée des «déportations massives d'Haïtiens en situation irrégulière».


«Construire des ponts de fraternité»

Dans leur déclaration, les évêques de la République dominicaine reconnaissent le droit de chaque nation à mettre en œuvre ses lois et ses politiques d'immigration, mais il doit être exercé «avec justice et dans le respect de la dignité humaine».

Ils appellent la communauté internationale à ne pas «oublier Haïti», mais également leur pays à «conserver une attitude charitable», qui sied à la République dominicaine comme «nation chrétienne». En effet, 90% de la population est chrétienne dans ce pays. Les évêques pointent enfin du doigt la corruption des gardes-frontières, qui «deviennent des mercenaires», car les Haïtiens doivent bien traverser la frontière quelque part, nécessitant une complicité ou au moins une forme de mansuétude.

Des femmes renvoyées en Haïti par les forces de République dominicaine.
Des femmes renvoyées en Haïti par les forces de République dominicaine.

«Maltraiter les étrangers est un acte abominable»

La Conférence épiscopale d’Haïti a remercié les évêques du pays voisin pour leur condamnation des «actes d’injustice et de violence que subissent les ressortissants haïtiens» dans une note ce vendredi 11 octobre, et a exprimé sa compassion pour les Haïtiens qui subissent cette situation.

“Les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme n’autorisent aucun État du monde à maltraiter les étrangers (…). La vie de tout homme est sacrée et inviolable. Les problèmes frontaliers se résolvent par des sommets, par des rencontres, par le dialogue.”

Les évêques haïtiens demandent aux autorités de la République dominicaine «de mettre un frein à ces genres d’actes haineux et discriminatoires» car «l’étranger doit être accueilli avec bienveillance». Se tournant vers leur propre gouvernement, ils ont imploré le conseil présidentiel de transition «de créer de saines conditions de vie à travers une gouvernance responsable, engagée pour que nos compatriotes puissent se sentir en paix, en harmonie, en sécurité et dans l’espérance d’une vie meilleure».

Le respect de la vie humaine

Du côté des dirigeants politiques, cette annonce a également fait réagir. La ministre haïtienne des Affaires Étrangères, Dominique Dupuy a fustigé la «politique migratoire du gouvernement dominicain [qui] contrevient aux normes internationales en matière de droits humains ainsi qu’à l’impératif du respect de la dignité humaine», dans un post sur le réseau social X.

En guise de réponse, le porte-parole du gouvernement dominicain, Homero Figueroa, a assuré que les expulsions seraient effectuées selon des protocoles stricts qui garantissent le respect des droits de l'homme et de la dignité des personnes rapatriées.


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12 octobre 2024, 16:32