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Des participants au Congrès sur l'éducation catholique au Nigeria (22-25 octobre 2025). Des participants au Congrès sur l'éducation catholique au Nigeria (22-25 octobre 2025). 

Un Congrès national sur l’éducation catholique au Nigéria

Plus de 500 personnes étaient réunis à Abuja du 22 au 25 octobre pour un congrès sur l’éducation catholique au Nigéria. «Global Compact on Education in the Nigerian context» était le thème de ces assises. Les participants ont réfléchi sur l’application du «Pacte Éducatif Africain», présenté au Pape François en juin dernier. Ces échanges aboutiront à l’élaboration d’un nouveau guide pour les écoles catholiques, a indiqué Mgr Moses Chikwe, président de la commission épiscopale pour l'éducation.

Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

Évêques, religieux et laïcs, représentants des écoles catholiques des 61 diocèses et des congrégations religieuses engagés dans l’éducation ont réfléchi sur la manière dont on peut appliquer, dans ce pays, le «Pacte Éducatif Africain», qui s’inspire du Pacte éducatif global du Pape François pour une Education inclusive et de qualité. C’est ce qu’a expliqué Mgr Moses Chikwe, évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Bowere et président de la commission de l'éducation au sein de la conférence des évêques catholiques du Nigeria. Ce type de conversation vise à repenser l’éducation catholique, de manière à former des hommes et des femmes qui soient plus humains dans leurs connaissances dans un contexte mondial de ségrégation et toutes sortes de divisions, a indiqué le prélat.

Remettre la personne humaine au cœur de l’éducation

Dans ses nombreux messages, le Pape François a renouvelé l’invitation à «sceller un pacte éducatif qui permette de trouver une convergence globale pour une éducation qui sache être porteuse d’une alliance entre toutes les composantes de la personne». Ces nombreux appels interviennent devant un besoin urgent d’humaniser l’éducation, face à un rationalisme servile qui hante le système éducatif au niveau de la planète. Il s’agit donc de remettre la personne humaine au cœur de l’éducation, en y établissant les conditions nécessaires à un développement intégral. Ceci découle également du «Pacte Éducatif Africain», affirme Mgr Chikwe. Présenté au Pape le 1er juin de cette année par une délégation provenant de divers pays d’Afrique, ce projet éducatif a pour objectif de répondre aux préoccupations des peuples africains en matière d’éducation, afin de mieux faire face aux défis actuels, à travers les 7 propositions d’engagements personnels et collectifs lancées par le Pontife romain aux acteurs et responsables éducatifs, le 15 octobre dernier.

Des participants au Congrès sur l'éducation catholique au Nigeria (22-25 octobre 2025).
Des participants au Congrès sur l'éducation catholique au Nigeria (22-25 octobre 2025).

Un nouveau guide pour toutes les écoles catholiques du Nigéria

Selon l’évêque de Bowere, le «Pacte Éducatif Africain» était censé être transmis aux différentes conférences épiscopales du Sceam (Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar), chacune organisant ensuite la diffusion dans différents diocèses, afin que tous en tiennent compte dans leurs pratiques éducatives. C’est dans ce cadre que l’Eglise du Nigéria a organisé ces assises. Fidèle à la mission donnée, l'objectif de ces rencontres était de se rassurer que toutes les personnes réunies, principalement les parties prenantes: enseignants, parents, ainsi que les chefs d'établissement et les coordonnateurs diocésains prennent connaissance de ce document et soient capables d'intégrer l’appel du Saint Père dans leur pratique, a déclaré Mgr Chikwa. Par ailleurs, cette réunion conduira à l’élaboration d’une politique qui puisse guider toutes les actions dans les divers domaines de l'éducation et de la formation des étudiants au sein des diocèses nigériens. Cette opération se soldera par le sceau d'approbation pour que les résolutions prises soient considérées comme une norme, un guide pour toutes les écoles catholiques du Nigéria, a affirmé l’évêque nigérian.  

Un projet de lutte contre les discriminations dans le milieu scolaire

Au Nigeria, les écoles catholiques sont parmi les meilleurs établissements d’éducation, a affirmé Mgr Chikwa. Dans un tel contexte, elles constituent la source d’inspiration pour le reste d’écoles publiques et privées. Une des implications de cette influence est la lutte contre toutes les formes de discriminations dans les milieux scolaires, a déclaré le prélat.  Par ailleurs, ce projet d’inclusion s’engage aussi à l’endroit de tous ceux qui sont privés du droit de bénéficier de l'éducation catholique. Il s’agit essentiellement de trouver comment les enfants des pauvres et des marginalisés de la société peuvent avoir accès aux écoles catholiques, en offrant des bourses aux enfants qui se montrent prometteurs et qui n'ont pas les moyens de payer leur scolarité dans l'enseignement catholique et en organisant des collectes des fonds à leur intérêt. Ce programme vise aussi à réduire les critères de sélections excluant «les enfants sans niveau requis pour être éduqués dans une école catholique». Aussi, les écoles catholiques nigérianes s’engagent à rompre totalement avec la discrimination basée sur le genre qui s’observe encore dans certains lieux. Cette lutte concerne aussi les personnes souffrant d'un handicap physique. Il s’agira donc d’étendre cette conversation à toutes les autres institutions éducatives du pays, les rendant conscientes du «mauvais service que nous serions en train de rendre à l'humanité lorsque nous ne permettons pas à tout le monde d'avoir la possibilité d'être éduqué dans une bonne école».

Former les enfants à la largeur d’esprit

Le Nigeria est un pays regorgeant beaucoup de diversités sociales, aussi bien sur le plan religieux, tribal que régional. Cette situation implique des cercles d’exclusivité s’élargissant chaque fois davantage. Dans un tel contexte, les écoles catholiques se sont engagées à former les enfants à la largeur d'esprit, et à la capacité d'embrasser la fraternité, comme l’a demandé le Pape dans Frateli Tutti. Il s’agit de proposer un récit et des conversations sur le fait que «nous sommes tous frères et sœurs, que nous soyons musulmans, chrétiens, athées ou non pratiquants (…) Que nous soyons Igbo, Hausa, Yoruba, Ibio ou de n'importe quelle autre tribu du Nigeria, nous sommes tous fondamentalement des Nigérians et des humains, et chaque personne mérite le respect». Cela fera beaucoup de bien à la société, a déclaré Mgr Chikwa, regrettant le manque à gagner que cause le ségrégationnisme. «L'étroitesse d'esprit et les divisions que nous connaissons ne nous aident pas à nous ouvrir aux compétences, aux dons, aux talents et aux valeurs que d'autres personnes peuvent apporter. Nous devenons donc très étroits d'esprit dans notre propre pensée et pas assez larges pour embrasser les dons de Dieu qui sont très abondants partout dans tous les peuples», a-t-il déclaré.

Mgr Moses Chikwe, évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Bowere et président de la commission de l'éducation au sein de la conférence des évêques catholiques du Nigeria
Mgr Moses Chikwe, évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Bowere et président de la commission de l'éducation au sein de la conférence des évêques catholiques du Nigeria

Mobiliser les énergies au service de la croissance positive

Le point focal de l’invitation du Pape aux acteurs éducatifs est d'avoir à cœur la personne humaine dans leurs perspectives et recherches. Commentant cette vision, l’évêque auxiliaire de Bowere met en garde les chercheurs sur la façon dont ils utilisent leurs «énergies» et leur formation, leur demandant de s'assurer qu’ils ont à cœur la construction d’un monde commun. «Si je suis un scientifique, je saurai que lorsque je fais des recherches, lorsque je fais quoi que ce soit, ce que je fais peut avoir un impact négatif sur mon prochain. Je serai alors avisé dans la façon dont j'utilise mes connaissances scientifiques», a-t-il renchéri. L’espoir est donc que les prochaines générations soient ouvertes, plus inclusives, plus larges d'esprit et qu'ils considéreront tout le monde comme des frères et des sœurs, a conclu le prélat nigérian, avec un sentiment de gratitude au Pape François pour ce «chemin de fraternité sur lequel il mène le monde». Pour Mgr Bowere, cette exhortation du Saint Père représente un «grand schéma des chosesqui rendra notre monde meilleur». Cependant, cela n'aidera que si on met les énergies au service d'une croissance positive, a-t-il inisté.

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25 octobre 2024, 18:12