L’Église de la Côte d’Ivoire s’inquiète de la réduction du couvert forestier
Marcel Ariston Ble - Yamoussoukro
La réduction du couvert forestier ivoirien est une préoccupation que partagent bon nombre d’institutions et organismes en Côte d’Ivoire. Consciente des enjeux que reflète cette réalité, plusieurs organisations ont mené des actions en vue de la restauration des espaces verts dans leur pays. c’est à ce titre qu’au lendemain de la célébration de la Journée nationale de prière pour la paix, la Commission justice, paix et environnement de la Conférence épiscopale ivoirienne, a organisé un panel sur les «États actuels du couvert forestier de la Côte d’Ivoire» en essayant d’imaginer les stratégies et actions à mener pour mettre fin à ce phénomène. C’était samedi 16 novembre 2024, au Centre d’éducation et de formation humaine du diocèse de Yamoussoukro.
Nécessité de contribuer à la politique nationale forestière
La particularité des réflexions voulues par la Commission justice, paix et environnement, en tant qu’organe ecclésial, était de trouver une méthode appropriée pour l’Église d’apporter sa contribution dans la lutte contre ce fléau. «Comprendre la situation nationale concernant le couvert forestier en Côte d’Ivoire, voire dans quelle mesure, des actions concrètes et pérennes pourraient être menées par l’Église, nos fidèles, nos paroisses dans le but de nous aider à sauvegarder nos forêts, car nous sommes tous concernés par ce danger qui nous guette» a fait savoir Vincent Saré, chargé des programmes au bureau national de cette commission. Celui-ci considère que la situation forestière dans leur pays est alarmante, considérant la vélocité avec laquelle l’espace vert s’y rétrécit. «La situation est alarmante, quand on voit comment la forêt s’est amenuisée en l’espace de 20–30 ans en Côte d’Ivoire, c’est pour nous, une sorte d’alarme». D’où l’importance pour lui que l’Eglise agisse, apportant «sa contribution à la politique nationale, mais aussi, au phénomène de l’orpaillage clandestin qui est une gangrène pour nos terres».
Un rythme de déforestation vertigineux en Côte d’Ivoire
Selon l’inventaire forestier et faunique (IFFN) réalisé en 2021 par le ministère ivoirien des Eaux et Forêts, le couvert forestier ivoirien est estimé à 2,97 millions d’hectares. Ceci représente, à en croire ce ministère, 9,2% du territoire. Par ailleurs, seulement 13,3% des forêts classées et 32,2% des aires protégées contiennent encore une couverture forestière dans ce pays. Le lieutenant-colonel Florent Bato, directeur régional des eaux et forêts de Yamoussoukro, conférencier principal lors de ce panel, a fait savoir à la dizaine des participants présents, qu’au cours des six dernières décennies, la Côte d’Ivoire a perdu 90% de son couvert forestier, faisant d’elle, un des pays en Afrique où le taux annuel de déforestation est le plus élevé. À ce rythme, clame-t-il, il lui restera moins de deux millions d’hectares de forêts d’ici 2035, si rien est fait.
Soutenir l’effort gouvernemental de sensibilisation écologique
Dans le développement de son exposé, le lieutenant-colonel Florent Bato a exploré la politique de préservation, de réhabilitation et d’extension du gouvernement, menée par le ministère des Eaux et Forêt depuis 2019. Selon le conférencier, cette stratégie gouvernementale visait «l’amélioration de la gouvernance forestière, le renforcement des massifs forestiers résiduels, leur extension et gestion durable, la reconstitution des zones forestières dégradées et l’adaptation aux changements climatiques». Le directeur régional des eaux et forêts à Yamoussoukro a aussi indiqué que son ministère attend beaucoup de l’Église catholique, non-seulement dans la lutte contre la déforestation, mais aussi dans la reconstitution du couvert forestier ivoirien. Se référant à l’encyclique «Laudato Si», l’homme d’État a affirmé que cette lettre du Pape François représente à ses yeux une véritable boussole dans la protection environnementale, invitant «toutes les paroisses (…) à lui emboîter le pas sur les questions de la sensibilisation de nos populations, de nos fidèles à la conscience écologique».
Un travail en synergie pour lutter efficacement contre l’orpaillage clandestin
Un autre phénomène décrié en Côte d’Ivoire est l’orpaillage clandestin. Interpellé sur les répercussions de cette pratique sur la population, le lieutenant-colonel Florent Bato a tenu à rassurer son auditoire, des actions sont entreprises par le gouvernement en vue de son éradication. Il a par la même occasion convié l’Église à redoubler d’ardeur dans la sensibilisation des populations, les amenant à une prise de conscience réelle des conséquences de ce phénomène. S’il y a des personnes qui survivent à partir de ces activités, Florent Bato a tenu à faire savoir que «c’est toute une population qui est en train d’être polluée, c’est tous les villages et localités qui sont exposés aux métaux lourds, tel que le cyanure», insistant une fois encore sur l'importance d'un travaill en synergie.
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