Les évêques d'Afrique australe, proches de l’Église et du peuple mozambicains
Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican
C’est avec consternation que la Conférence épiscopale d’Afrique australe (SACBC) a affirmé, dans son message rendu public ce vendredi 8 novembre, avoir suivi les élections au Mozambique «avec un vif intérêt et une préoccupation pastorale». Comme l'a observé l’Assemblée interrégionale des évêques d'Afrique australe (IMBISA) le 9 octobre 2024, «les élections se sont déroulées dans un contexte de grand mécontentement et d'une forte demande populaire pour un renforcement de l'État de droit et une plus grande transparence dans l'administration électorale», tel que le rappelle le message signé par Mgr Sithembele Anton Sipuka, le président de la SACBC.
Dans cette situation, que l'IMBISA a si bien décrite, poursuit la note, «nous avions espéré que ces élections ouvriraient la voie à une atmosphère démocratique pacifique, conduisant à la fin de la violence et de la souffrance affectant les gens ordinaires de votre beau pays», a-t-il déploré.
La SACBC déplore les irrégularités des élections au Mozambique
Les évêques catholiques d’Afrique australe ont souligné qu’ils ont été très attristés de lire la déclaration de Mgr Saúre du 22 octobre 2024, décrivant le climat dans lequel se sont déroulées les élections générales dans son pays: «une fois de plus, il y a eu des fraudes à grande échelle, telles que le bourrage des urnes, des avis falsifiés et bien d'autres moyens de dissimuler la vérité. Les irrégularités et les fraudes, commises en grande partie en toute impunité, ont renforcé en effet le manque de confiance dans les organes électoraux, dans les dirigeants qui abdiquent leur dignité et méprisent la vérité et le sens du service qui devraient guider ceux à qui le peuple confie son vote. Ils poussent ainsi le peuple à confirmer ses soupçons et à remettre en cause la légitimité des élus».
Par ailleurs, la SACBC se dit être profondément choquée et attristée par la répression brutale exercée par les forces de sécurité en réponse à «une manifestation aussi pacifique», en l’occurrence celle du jeudi 7 novembre. Les prélats d’Afrique australe prient pour ceux qui sont morts des suites des violences et souhaitent un prompt rétablissement à ceux qui ont été blessés. Ils ont exprimé également leur soutien au président de la Conférence épiscopale du Mozambique pour demander aux autorités de s'attaquer aux causes du mécontentement suscité par ces élections et de respecter la volonté du peuple mozambicain. «Si la situation devait se détériorer, nous demandons à la région de la SADC de faire face à ces retombées», a martelé la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe.
Solidarité avec le peuple affligé du Mozambique
Poursuivant leur message, les membres de la SACBC ont exprimé leur regret face à la décision du gouvernement sud-africain d'approuver les élections en dépit de ces plaintes généralisées, et sa promptitude à féliciter un parti qui «a gagné» alors que les gens sur le terrain ont l'impression que leur voix n'a pas été entendue. Selon les prélats, il sera difficile de continuer à réprimer la volonté des gens qui veulent être libres. «Si le gouvernement en place continue sur cette voie, il sera impossible de gouverner le pays et la vie deviendra plus misérable», ont-ils indiqué.
Dans ce contexte de tension et d’incertitude, les évêques d’Afrique australe ont exprimé leur solidarité avec l’Église et les habitants du Mozambique, «qui sont les “petits“ du Seigneur et que le Seigneur aime». Avec leur confrère évêque, les membres de la SACBC ont affirmé le principe fondamental de l'enseignement social catholique selon lequel toutes les parties doivent placer le bien commun au-dessus de tous les intérêts privés, de parti et de groupe. Sur ce point, ils ont fait écho de l'appel lancé par l'archevêque de Maputo et vice-président de la Conférence épiscopale du Mozambique, Mgr João Carlos, «appelant à la retenue et au respect du droit de manifester et de s'abstenir de détruire les biens publics et privés».
Le Mozambique mérite la vérité et la paix
Les évêques catholiques d’Afrique australe se sont joints, en outre, à l’appel de Mgr Saúre à la nation pour «avoir le courage de dialoguer, de déterminer les résultats des élections de manière transparente en publiant et en comparant les avis originaux détenus par les différents acteurs, de créer des espaces de collaboration dans la gouvernance et d'envisager un éventuel gouvernement d'unité nationale; d'impliquer les institutions compétentes et sérieuses du pays dans la gestion des processus électoraux, présents et futurs; et de donner au Mozambique un avenir plein d'espoir».
Les membres de la SACBC ont conclu leur message de soutien ont exprimant leur souhait de rendre visite prochainement au président de la Conférence évêques du Mozambique pour exprimer leur solidarité avec le peuple mozambicain et l'Église de ce pays d’Afrique australe en ces temps d'épreuve. «Le Mozambique mérite la vérité, la paix, la tranquillité et la tolérance! Prions pour la paix, soyons des artisans de la justice et témoignons de la vérité, car “la vérité vous rendra libres“ (Jean 8, 32)», ont écrit les prélats.
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