L’Église au Salvador opposée à la réouverture des mines
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«Nous espérons que nos autorités n'abrogeront pas la loi qui interdit l'exploitation minière, protégeant ainsi la vie et la santé de notre peuple». Lors d’un message vidéo en date du 1er décembre, Mgr José Luis Escobar Alas, a réagi à une récente proposition du président Nayib Bukele, qui a souhaité autoriser l’exploitation minière dans le pays.
Une interdiction depuis 2017
Depuis 2017, le Congrès a voté une loi bannissant l’exploitation des mines de métaux, en raison de la pollution qu’elle génère. Une loi qui fait du Salvador le seul pays du monde avec une prohibition totale de cette activité.
Une «absurdité» selon Nayib Bukele, qui a livré sur le réseau social X un plaidoyer en faveur des mines, et en particulier des mines d’or. «Cette richesse donnée par Dieu peut être exploitée de manière responsable pour apporter un développement économique et social sans précédent à notre peuple », a-t-il estimé.
Un danger pour le peuple et l’environnement
Au contraire, Mgr José Luis Escobar Alas prévoit des conséquences désastreuses sur la population et sur l’environnement. L'exploitation minière «augmenterait la déforestation, l'érosion, la perte de sols fertiles et, plus grave encore, la pollution de l'air et de l'eau, causant la mort et des maladies irréversibles chez une grande partie de notre population, en particulier chez nos frères et sœurs les plus pauvres», a-t-il mis en garde. Il a insisté sur les risques de contaminations au cyanure, au mercure et aux autres produits utilisés dans l’industrie minière.
Pour l'archevêque de San Salvador, la loi de 2017 doit être conservée, une «victoire pour le peuple et non pour les partis politiques ou les idéologies».
Le revirement du président
«Le potentiel total pourrait dépasser 3 milliards de dollars, soit plus de 8 800 % de notre produit intérieur brut», a estimé le président du Salvador, une manière pour lui de favoriser l’emploi et l’économie de son pays.
Mgr José Luis Escobar Alas, qui a rappelé l'engagement de l'Église catholique à prendre soin de la Maison commune, a assuré qu'il était possible de chercher d'autres voies que l’exploitation minière pour garantir un développement économique qui ne compromette pas la santé et la vie des habitants.
Ce sujet fait débat depuis plusieurs années au sein de la société salvadorienne, mais jusqu’alors, le président réélu triomphalement en 2024 soutenait l'interdiction de l'exploitation minière.
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