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Le cardinal Baldassare Reina, vicaire général du Saint-Père pour le diocèse de Rome, ouvrant la Porte Sainte de la basilique Saint-Jean-de-Latran, dimanche 29 décembre. Le cardinal Baldassare Reina, vicaire général du Saint-Père pour le diocèse de Rome, ouvrant la Porte Sainte de la basilique Saint-Jean-de-Latran, dimanche 29 décembre.  (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Ouverture de la Porte Sainte du Latran: semer l’espérance et bâtir la fraternité

Cinq jours après l’ouverture de la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre, et trois jours après celle du centre pénitencier de Rebibbia par le Pape, la troisième Porte Sainte a été ouverte dimanche dans la cathédrale Saint-Jean-de-Latran, par le cardinal Baldassare Reina, vicaire général du Pape pour le diocèse de Rome. «Dans ce monde déchiré par les guerres et l'inégalité, faisons en sorte que nos bras ouverts reflètent l'amour de Dieu», a exhorté l’archiprêtre dans son homélie.

Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican

Conformément à la bulle d’indiction du Jubilé, l’ouverture de la Porte Sainte de la basilique Saint-Jean-de-Latran a été ouverte ce dimanche 29 décembre par le cardinal Baldassare Reina. L’archiprêtre de la cathédrale de Rome, délégué par le Saint Père, a présidé le rite et la célébration eucharistique dans la même basilique, dans un élan de gratitude au Seigneur et de profonde espérance, accompagné de la cohorte de cardinaux, évêques et prêtres concélébrants ainsi que des milliers de fidèles et pèlerins venus vivre ce moment de grâces.

C’est avec grande joie que «nous avons vécu le geste de l'ouverture de la Porte Sainte de notre cathédrale; nous avons ainsi voulu renouveler notre profession de foi dans le Christ, Porte de notre salut, en confirmant notre engagement à être pour chaque frère et sœur un signe concret d'espérance, en ouvrant la porte de notre cœur par des sentiments de miséricorde, de bonté et de justice», a fait savoir le vicaire général du Pape pour le diocèse de Rome, dans son homélie en la fête de la Sainte Famille de Nazareth.

Cette célébration, a poursuivi le prélat, revêt une signification encore plus grande puisqu'elle s'inscrit dans la fête de la Sainte Famille de Nazareth, «modèle de toute communauté domestique et miroir de la communion trinitaire». L'invitation qui découle de cette célébration, a-t-il précisé, «est de nous reconnaître comme famille de Dieu, appelée à grandir dans l'unité et la charité mutuelle, et à soutenir dans la prière toutes les familles, en particulier celles qui connaissent des difficultés et des souffrances». S’inspirant de la parabole du fils prodigue dans son homélie (cf. Lc 15, 11-32), particulièrement de la figure du père miséricordieux, le cardinal Reina a invité les fidèles, en franchissant la Porte Sainte, à penser avec une compassion particulière à ceux qui, comme le fils cadet de la parabole, «se sentent éloignés et indignes, et à ceux qui, comme le fils aîné, portent dans leur cœur le poids d'une profonde amertume et ne se sentent plus des enfants bien-aimés».


La Porte Sainte nous introduit dans le cœur du Seigneur

S’appuyant dans son homélie sur les textes de la liturgie du jour, le cardinal italien a expliqué aux fidèles et pèlerins présents que la Parole de Dieu proclamée nous aide à méditer sur notre identité d'enfants du Fils, appelés à vivre en famille avec Dieu. «La Porte Sainte que nous venons de franchir, a-t-il poursuivi, évoque ce geste quotidien que nous faisons en franchissant le seuil de nos maisons». L’archiprêtre de la basilique papale du Latran a renchéri en soulignant que cette porte, désormais grande ouverte, «nous a introduits non seulement dans la maison du Seigneur, mais dans l’intimité de son cœur».

Partant de l’apôtre Jean qui, dans la deuxième lecture, nous donne une proclamation d'une profondeur extraordinaire: «Voyez quel grand amour le Père nous a donné pour que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes vraiment» (1 Jean 3,1), le prélat a fait savoir qu’être enfants de Dieu est une réalité fondatrice qui nous introduit dans une relation vivante et transformatrice avec le Père. «La foi se configure comme une expérience profonde de relation, qui nous insère dans la dynamique de la filiation divine. Cette vérité exige une redécouverte constante, un retour incessant à la source de l'amour paternel de Dieu, qui illumine le sens authentique de notre être et de notre agir». À cette lumière, a indiqué le cardinal, la parabole du Père miséricordieux se présente comme un miroir dans lequel nous sommes invités à nous reconnaître.


Redécouvrir l’amour miséricordieux du Père

Se focalisant ensuite sur cette parabole dont nous parle l’Évangile selon saint Luc, le vicaire général du Pape pour le diocèse de Rome a expliqué que ce récit nous met face à une représentation claire de notre époque accablée par le poids d'un malentendu: «celui selon lequel Dieu est l'ennemi de notre liberté, l'obstacle à éliminer pour nous sentir enfin créateurs de notre existence». Cependant, a-t-il ajouté, même le fils aîné, qui pourrait sembler être le modèle de loyauté et d'obéissance, est prisonnier d'un profond malentendu. «Sa véritable condition apparaît clairement dans la protestation qu'il adresse à son père lors du retour de son jeune frère: “Il y a des années que je te sers, je n'ai jamais désobéi à un ordre de toi, et tu ne m'as jamais donné un chevreau pour festoyer avec mes amis“» (Lc 15, 29).

Ces paroles révèlent une obéissance sans amour, vécue comme une servitude à une volonté perçue comme despotique, a souligné le prélat, expliquant que les deux fils finissent par interpréter leur place dans la maison paternelle, non comme celle de fils aimés, mais comme celle de serviteurs: «l'aîné déclarant qu'il a servi, et le cadet décidant de retourner à la maison avec l'intention de demander à être reçu comme l'un des salariés de leur père». Une incompréhension qui pourrait avoir des conséquences directes sur la fraternité.

Le cardinal Baldassare Reina s’est arrêté sur un détail important de cette parabole, qui invite à contempler à nouveau l'image de la porte, «cette même porte que nous avons franchie et que nous continuerons à franchir au cours de cette année de grâce». Au moment où le fils prend le chemin du retour, saint Luc souligne avec une précision touchante: «comme il était encore loin» (Lc 15,20). Le prélat a relevé ainsi un trait extraordinaire du cœur paternel: «le père n'a pas seulement attendu, mais il a veillé avec une espérance inébranlable et, en voyant son fils de loin, il sent en lui ses viscères trembler de compassion. Il ne tarde pas, il court vers lui, le prend dans ses bras et l'embrasse avec une infinie tendresse». La maison qui nous attend, a-t-il précisé, n'est autre que la demeure du Père, son cœur, un lieu où nous sommes vus même si nous ne l’apercevons pas encore. «C'est un cœur qui s'avance vers nous alors que nous sommes encore loin, parce qu'il ne s'est jamais séparé de nous».

Devenir des pèlerins de l’espérance et de l’amour

S’adressant aux chrétiens réunis dans la cathédrale Saint-Jean-de-Latran, l’archiprêtre les a invités à être des pèlerins de l'espérance, «de cette espérance, d'un amour qui ne se lasse pas, d'un salut retrouvé, d'une famille recomposée». De ces bras ouverts, a-t-il poursuivi, «nous apprenons à être Église, à en devenir le sacrement, la famille du Dieu qui libère notre liberté vers le bien». Le cardinal italien a ainsi encouragé les fidèles et pèlerins à ne pas hésiter à franchir la Porte qui mène au cœur de Dieu, image vivante de ses bras grands ouverts pour nous accueillir. «Entrons avec confiance, goûtons et contemplons combien le Seigneur est bon (Ps 34,9); et une fois que nous aurons expérimenté la joie de cette appartenance filiale, devenons d'infatigables semeurs d'espérance et des bâtisseurs de fraternité», a-t-il exhorté.

Le cardinal Reina a, en outre, expliqué que la Porte Sainte signifie accepter cet appel et vivre en enfants dans le Fils, témoins du Père qui nous attend alors que nous sommes «encore loin» (Lc 15,20). C'est une invitation à répondre à la grâce de Dieu avec un cœur ouvert, «en nous laissant réconcilier par son étreinte qui restaure notre dignité et nous permet de construire des relations de fraternité authentique», a-t-il précisé.

Aujourd'hui, en franchissant cette Porte que sont “les bras du Père“, le prélat a invité à penser avec une compassion particulière à ceux qui, comme le fils cadet de la parabole, se sentent éloignés et indignes, et à ceux qui, comme le fils aîné, portent dans leur cœur le poids d'une profonde amertume et ne se sentent plus des enfants bien-aimés, notamment les malades, les prisonniers et les pauvres. «Dans ce monde déchiré par les guerres, la discorde et les inégalités, tendons les bras à tous; faisons en sorte qu’à travers nos bras ouverts arrive un reflet l'amour de Dieu», a laissé entendre l’archiprêtre de la basilique Saint-Jean-de-Latran, soulignant que «nous ne nous sauverons pas seuls, mais en famille». Et il a conclu son homélie par cette prière: «Que notre témoignage, comme celui de Marie et de Joseph, soit lumineux et fécond, afin que toute porte fermée devienne une porte ouverte et que tout cœur éloigné retrouve le chemin de la maison du Père».

Ouverture de la Porte Sainte à Saint-Jean de Latran

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29 décembre 2024, 11:20