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Les participants à l’atelier international d’identification des besoins en renforcement des capacités du réseau des écoles catholiques des pays francophones africains vivant ou ayant connu des conflits. (Kigali, Rwanda). Les participants à l’atelier international d’identification des besoins en renforcement des capacités du réseau des écoles catholiques des pays francophones africains vivant ou ayant connu des conflits. (Kigali, Rwanda). 

Rwanda: un atelier d’identification de besoins pour l’Institut Pacte Éducatif Africain

L’Institut Pacte Éducatif Africain (IPEA) a organisé, en partenariat avec l’Institut de la Francophonie pour l’Éducation et la Formation, un atelier international d’identification des besoins en renforcement des capacités du réseau des écoles catholiques de neuf pays francophones africains vivant ou ayant connu des conflits. Cet atelier s’est tenu en décembre, à Kigali au Rwanda.

Jean Paul Niyigena – Kigali

L’Institut Pacte Éducatif Africain est un organe de la Fondation Internationale Religions et Sociétés. Celle-ci a promu le Pacte Éducatif Africain, déclinaison africaine du Pacte Éducatif Global du pape François. Afin que les orientations majeures du Pacte Éducatif Africain soient implémentées sur le terrain, l’Institut Pacte Éducatif Africain a la mission d’appuyer le réseau des écoles catholiques du continent africain ainsi que d’autres domaines de la vie des peuples, comme les mouvements catholiques de jeunesse et de personnes adultes, dans lesquels l’Église assure l’éducation.

La première activité de l’Institut Pacte Éducatif Africain a donc rassemblé les coordinateurs nationaux du Pacte Éducatif Africain venus des conférences épiscopales du Burundi, du Burkina-Niger, du Cameroun, du Côte d’Ivoire, du Mali, de la République Centrafricaine, de la République Démocratique du Congo et du Rwanda. Y ont pris part également les experts venus des universités partenaires et de l’Institut de la Francophonie pour l’Éducation et la Formation.

Une éducation qui doit faire apparaitre un jour nouveau

La messe d’ouverture a été présidée par Mgr Gabriel Sayaogo, archevêque de Koupéla au Burkina Faso et Co-Président Sud de la Fondation Internationale Religions et Sociétés. Ont concélébré Dom Bernard Lorent Tayart, Abbé Président de Alliance Inter Monastique et Co-Président Sud de la Fondation Internationale Religions et Sociétés ainsi que Mgr Jacques Assanvo Ahiwa, archevêque de Bouaké en Côte d’Ivoire et membre de la Commission pour les Relations avec les conférences épiscopales et les congrégations religieuses pour le Pacte Éducatif Africain. Dans son homélie, le célébrant principal a rappelé que nous ne pouvons que ceux qui savent espérer en une Afrique autre et en un monde meilleur en fraternité. L’éducation catholique, en Afrique, est donc appelée à contribuer de façon significative à cette dynamique consistant à faire apparaître un jour nouveau, une Afrique meilleure réconciliée avec elle-même et avec Dieu.

S’inspirer de la force de la sagesse de l’Ubuntu

Dans son mot d’ouverture, Mgr Gabriel Sayaogo a exhorté les participants à être animés par la volonté de marcher ensemble. «Oui, de l’Afrique, de l’Europe nous voici rassemblés, réalisant que nous partageons le même idéal: transformer l’Afrique pour une éducation de qualité intimement liée à un changement de mentalité, d’une part, et d’autre part, réaffirmer avec force la sagesse de l’Ubuntu: Je suis parce que tu es, et sans moi, tu n’es pas. Je veux juste dire que cette transformation de l’Afrique se fera de concert, main dans la main, pas à pas, dans une atmosphère de partage et de communion entre le Nord et le Sud». 

Faire barrage à tout ce qui dénature l’éducation des jeunes

Dans sa leçon inaugurale, Mgr Jacque Assanvo Ahiwa a rappelé le parcours réalisé par la Fondation Internationale Religions et Sociétés au service du Pacte Éducatif Africain. «Aujourd’hui, notre jeunesse fait face à de nombreuses dérives que le Pape François a relevées et dénoncées dans son Exhortation Apostolique Christus Vivit», a-t-il déclaré. Parmi ces dérives, il a cité : la criminalité organisée, la traite d’êtres humains, l’esclavage et l’exploitation sexuelle, les viols de guerre, les persécutions, le phénomène des enfants soldats, le trafic et la vente de drogue, surtout dans et aux abords des écoles, les abus et les dépendances, la violence et les déviances, l’endoctrinement, l’instrumentalisation, les grossesses en milieu scolaire, l’avortement, la diffusion du VIH, la pornographie, la situation des enfants et des jeunes de la rue, le phénomène de l’immigration. «Face à ces dangers qui guettent et détruisent la jeunesse mondiale, et spécialement celle du continent africain, le Pacte Éducatif se présente comme un rempart sûr pour mutualiser et consolider nos force en vue de faire barrage à tout ce qui dénature l’éducation de nos jeunes», a-t-il déclaré. Le prélat a invité les participants à épouser l’esprit de la synodalité. «La synodalité nous invite à fuir le renfermement sur soi, la suffisance, pour partager les expériences éducatives dans le contexte africain. En ce sens la synodalité est une chance pour notre éducation catholique et l’Institut Pacte Éducatif Africain en est son instrument de réalisation, son cheval de batail».


L’Ecole doit être un lieu sûr pour les plus jeunes

L’intervention du Père Abbé Président de l’Alliance Inter Monastique et Co-Président Nord de la Fondation Internationale Religions et Sociétés, Dom Bernard Lorent Tayart, a souligné que l’école catholique doit être le lieu sûr pour les enfants. Il a invité les participants à mettre en place dans les écoles catholiques un protocole de protections contre toute forme d’abus contre les élèves. Selon lui, la triste expérience des Églises d’Europe doit servir de leçon aux les Églises d’Afrique pour que ces dernières ne tombent pas dans les mêmes erreurs de protéger l’institution au lieu de protéger les victimes et de prévenir les abus. 

Promouvoir une éducation intégrale, centrée sur la personne

Les neufs pays rassemblés pour l’atelier d’identification des besoins totalisent 44 160 établissements de l’école maternelle à l’école secondaire en passant par l’école primaire. On peut donc s’imaginer le nombre d’élèves africains qui fréquentent les établissements catholiques, le nombre d’enseignants et le nombre de familles qui confient l’éducation de leurs enfants à l’Église. L’Église catholique est ainsi l’un des partenaires majeurs des États Africains dans le domaine de l’éducation.

Cependant, comme l’a souligné le Cardinal Fridolin Ambongo, président du SCEAM (Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar), au premier congrès africain de l’éducation catholique, si l’Afrique va mal, l’école catholique doit assumer sa part de responsabilité car beaucoup de dirigeants africains sont sortis de nos écoles. En cela le Pacte Éducatif Africain constitue une prise de conscience et une remise en question du style d’éducation promue jusqu’ici dans les écoles catholiques. Dès lors, l’Institut Pacte Éducatif Africain a la lourde tâche d’inverser la tendance, de promouvoir une éducation de qualité pour une Afrique meilleure. Avec l’Institut Pacte Éducatif Africain, on parlera plus de l’éducation catholique plutôt que de l’enseignement catholique, car l’engagement de l’Église en éducation ne peut qu’être intégral; il porte sur toute la personne.


Trois besoins principaux

L’atelier a permis d’identifier trois principaux besoins:  le style gouvernance des établissements et d’autres instance d’organisation de l’éducation catholique; la formation continue des enseignants et des encadreurs; l’utilisation du numérique et l’identité des établissements catholiques.

La première activité de l’Institut Pacte Éducatif Africain, dans sa mission principale d'appuyer l’éducation catholique en Afrique, a connu beaucoup de succès et, désormais, cet institut se propose comme un grand village de l’éducation sur le continent africain, selon la volonté du Pape François.

Le Pacte Éducatif Africain a été signé à Kinshasa (RDC) le 6 novembre 2022 et présenté au Saint-Père le 1 juin 2023.

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07 janvier 2025, 16:06