En Thaïlande, le combat quotidien d’un prêtre contre le travail des enfants
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«Nous avons du mal à regarder dans les yeux un enfant marginalisé, exploité et abusé». Ce mercredi 8 janvier, lors de sa traditionnelle catéchèse du mercredi, le Pape François s’est indigné de l’exploitation des enfants, notamment par le travail. Selon les Nations unies, 160 millions d’enfants, soit près d’un sur dix dans le monde, en sont victimes.
C’est souvent en raison de la misère que les enfants n’ont d’autres choix que de travailler, pour subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leur famille. Dans les bidonvilles de Bangkok par exemple, «ils sont très nombreux à rester dehors, à ne pas aller à l’école et à faire des petits travaux, comme vendre des choses ou aider à transporter du matériel ou des denrées», témoigne le père Alessandro Brai.
Arrivé en Thaïlande en 2012 avec ses confrères, ils se sont d’abord installés à KhlongToey, l’un des plus grands bidonvilles de la capitale thaïlandaise. En 2023, le prêtre d’origine sarde a rejoint une mission au «Km 48», le long de la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie.
Travailler pour assurer la subsistance de leur famille
Depuis le début de la guerre civile en février 2021, près de 2 millions de Birmans ont fui leur pays pour se réfugier en Thaïlande. «Comme ils n'ont pas de papiers, les familles sont très pauvres, elles ont besoin d'argent», explique le père Alessandro Brai. Une pauvreté qui pousse les enfants à travailler dès leur plus jeune âge.
Dans des familles généralement nombreuses, la mère s’occupe des enfants à la maison, et le salaire du père est insuffisant. «Il y a beaucoup de travail dans les champs, et il n'y a pas assez de Thaïlandais pour le faire, alors les enfants Birmans sont poussés à travailler par leur famille», raconte le missionnaire.
L’éducation, un combat de tous les jours
Face au fléau du travail infantile, le père Alessandro Brai encourage les familles à scolariser leurs enfants. Mais ces enfants, réfugiés en Thaïlande, ne peuvent pas bénéficier de l’éducation publique, n’ayant pas de papiers. Toutefois, quelques centres d’apprentissage gérés par des organisations non-gouvernementales tentent d’inculquer les bases scolaires aux plus jeunes. Les places sont cependant très limitées. Les missionnaires xavériens ont eux aussi ouvert leur propre école en 2022.
Il faut alors convaincre les parents de laisser les enfants à l’école. «Ce qu'on essaie de faire avec les familles, c'est de parler avec les parents, d'essayer de voir comment nous pouvons les aider à vivre sans que leurs enfants aillent travailler», poursuit le père Brai. Ainsi, certains pères de famille sont embauchés par la paroisse ou par d’autres catholiques pour rapporter un salaire décent pour subvenir aux besoins de tous leurs enfants.
Les missionnaires doivent aussi persuader les professeurs de rester derrière leur pupitre. «Parfois, les professeurs vont travailler dans les champs plutôt que d’enseigner pour apporter plus d’argent à leur famille», souligne le prêtre qui s’attache à verser un salaire décent aux instituteurs de son centre.
Les aides des associations internationales
Plusieurs associations œuvrent auprès de ces réfugiés birmans vivant dans la misère, comme Enfants du Mékong, en envoyant des volontaires et des dons. Le père Alessandro Brai reçoit et répartit cette aide «pour les études des enfants, ce qui signifie acheter les uniformes, les fournitures mais aussi la nourriture parce que souvent, ce dont ils ont besoin, c'est de nourriture». Il effectue ainsi un suivi strict pour s’assurer que l’argent est bien utilisé aux fins d’une meilleure scolarisation des enfants.
Le missionnaire, comme ses confrères, se dévoue à la tâche d'offrir la meilleure éducation possible aux enfants, bien qu'il ait conscience de l’immensité de la tâche dans cette région montagneuse du nord-ouest de la Thaïlande: «ce sont des milliers et des milliers de personnes qui ont besoin d'aide parce que beaucoup de familles sont réfugiées là depuis longtemps et il en arrive tous les jours».
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