En Côte d’Ivoire, l'épiscopat appelle à des élections justes
Marcel Ariston Blé – Abidjan, Côte d’Ivoire
«Nous ne voulons plus de conflit post-électoral! Plus de guerre! Plus de morts!», ont clamé les évêques de Côte d’Ivoire, appelant à la responsabilité de chacun. Considérant que la politique constitue une noble mission dédiée à la gestion du bien commun, l’épiscopat ivoirien a rappelé que celle-ci doit être fondée sur des principes éthiques et orientée vers le bien-être de la société. Or, ces dernières décennies ont été marquées par une instrumentalisation de la population, une prise en otage à des fins partisanes, avec une politisation excessive de l’administration, des médias et des syndicats, dénoncent les évêques ivoiriens, soulignant ainsi la nécessité de restaurer l’intégrité et la vocation première de ces institutions.
Un climat sociopolitique préoccupant
Les évêques ivoiriens ont également dressé un état des lieux alarmant de la situation nationale, mettant en exergue la montée de la violence, le phénomène dit «des microbes», qualifiant les enfants en conflit avec la loi, la prolifération et la consommation de la drogue et des stupéfiants en milieu scolaire, ainsi que la restriction des libertés d’expression et de manifestation. Ils ont également fustigé l’achat des consciences, les conflits fonciers, la détention ou l’exil d’opposants politiques, ainsi que la persistance de discours haineux et identitaires, autant de facteurs exacerbant la méfiance et alimentant une tension sociale délétère. «L’élection présidentielle à venir inquiète toute une population dont la mémoire reste blessée par les précédentes élections, surtout celles de 2010 et 2020», soulignent-ils, appelant à une prise de conscience collective pour éviter la répétition des tragédies du passé.
L’intégration politique de tous les candidats
Malgré ce tableau peu reluisant, les évêques exhortent la population à garder l’espérance et à ne pas céder à la fatalité. Ils insistent sur la nécessité d’un dialogue inclusif entre toutes les composantes de la société afin que le scrutin à venir ne soit pas une nouvelle source de discorde, mais plutôt une occasion de raffermir l’unité nationale. S’adressant aux autorités en place, l’épiscopat ivoirien plaide en faveur de l’inclusion de tous les candidats à l’élection présidentielle, estimant qu’un processus électoral ouvert et équitable constituerait un levier décisif pour apaiser le climat politique et accélérer la réconciliation nationale car,malgré les efforts notables du gouvernement, certains chantiers entamés dans cette perspective sont demeurés comme des symphonies inachevées», ont-ils observé, soulignant l’urgence d’un renforcement des fondements démocratiques et éthiques du pays.
L’exigence d’une transparence absolue dans le processus électoral
L’épiscopat ivoirien exprime, également, ses inquiétudes quant à l’indépendance de la Commission électorale indépendante. Il relève que sa composition et son mode de fonctionnement actuels suscitent des doutes quant à son impartialité. Face à ces préoccupations, les évêques de Cote d’Ivoire invitent à respecter les normes les plus objectives de transparence et d’impartialité. «Nous l’exhortons également à honorer son engagement en faveur de l’équité et à travailler à la réduction de toute faille potentielle dans le système qui pourrait miner la confiance du public, dans les futures élections» déclarent-ils. Ils demandent un engagement dans un dialogue constant avec toutes les parties prenantes, en particulier les partis politiques «afin de répondre à toutes les préoccupations, notamment la révision de la liste électorale et d’assurer l’intégrité des résultats».
Travailler en communion sans ruser
Se tournant vers les partis politiques, les évêques souhaitent que leurs acteurs travaillent avec amour «comme un frère ou une sœur, en s’efforçant d’être des artisans de communion et de paix dans la vérité.» Ils font remarquer que le défi demeure et reste à relever à travers «une volonté d’aller de l’avant, sans ruser.» S’adressant aux guides religieux, les évêques les invitent à résister aux tentations du clientélisme politique, à préserver la paix en faisant preuve de dignité devant «le marchandage financier électoraliste et surtout en veillant à ce que la quête du bien-être matériel ne compromette ni leur intégrité ni leur engagement spirituel.» Ils ont, à cet effet, appelé à une intensification des prières pour que le scrutin à venir se déroule dans la paix, la dignité et dans d’excellentes conditions.
Un engagement collectif pour un avenir serein
Aux médias nationaux et internationaux et réseaux sociaux, l’épiscopat ivoirien lance un appel à jouer un rôle de gardien de la démocratie, «en fournissant une information vérifiée, en encourageant un dialogue civilisé, en respectant l’éthique professionnelle exhortant dans la même veine les organes de régulation comme la Haute autorité de la communication audiovisuelle ainsi que l’Autorité nationale de la presse à veiller à la parité dans le traitement des informations de tous les partis politiques.«N’attisez pas la haine!» À l’endroit de la jeunesse ivoirienne, les archevêques et évêques exhortent à refuser toute manipulation. «Nous vous supplions de prendre conscience de votre avenir et d’agir en toute responsabilité.» Quant aux forces de défense et de sécurité, les évêques rappellent leur devoir de neutralité et de professionnalisme, insistant sur le respect scrupuleux des droits fondamentaux des citoyens afin d’assurer un climat électoral pacifique et transparent. Face aux espoirs et aux angoisses suscités par l’élection présidentielle d’octobre 2025, les évêques ivoiriens en appellent à la conscience collective et à un engagement sincère en faveur de la paix. «Nous ne voulons plus de conflit électoral! Plus de guerre! Plus de morts!». Ils invitent chaque citoyen à devenir «artisan de la stabilité nationale».
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