La Pakistan commémore l’assassinat de Benazir Bhutto
Joris Bolomey avec agence – Cité du Vatican
Une marée de 20 000 Pakistanais, brandissant des drapeaux noirs, verts et rouges, couleurs du Parti du Peuple pakistanais (PPP), le parti du clan Bhutto, a commémoré, mercredi 27 décembre, l’assassinat de Benazir Bhutto à Garhi Khuda Baksh, le fief de la famille Buttho, situé à environ 450 km de Karachi.
Deux fois élue Première ministre du Pakistan et première femme de l'ère contemporaine à avoir dirigé un pays musulman, elle a été assassinée dans un attentat-suicide à Rawalpindi le 27 décembre 2007. Selon la version la plus communément acceptée, un assaillant lui a tiré dans le cou après un meeting avant de déclencher sa charge explosive à proximité de son convoi, tuant 24 autres personnes.
Comme l’explique Karim Pakzad, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste du Pakistan et ami de Benazir Bhutto, joint par téléphone, cette femme d’origine «aristocratique aimait le peuple et si elle n’a pas été en mesure d’engager de réforme politique, dans un pays ou le pouvoir reste entre les mains de l’armée, son combat pour la liberté fait d’elle une martyre».
Fervente critique des extrémistes islamistes, elle était notamment menacée par Al-Qaïda, les talibans et d'autres groupes djihadistes locaux. Après l'assassinat, le régime du président Pervez Musharraf avait aussitôt accusé le chef des talibans pakistanais à l'époque, Baitullah Mehsud. Ce dernier, qui avait démenti toute implication, a été tué par un drone américain en 2009.
«Assassin, assassin. Musharraf assassin» scandait ce mercredi la foule accompagnant Bilawal Bhutto, le fils de Benazir qui dirige aujourd’hui la PPP. Car le général Pervez Musharraf est lui-même soupçonné d'avoir pris part à une vaste conspiration afin de tuer sa rivale avant des élections. Après avoir été inculpé du meurtre de Benazir Bhutto en 2013, il a fui le Pakistan en 2016 et vit désormais à Dubaï. En août dernier la justice pakistanaise l’a déclaré «fugitif» et a saisi ses biens. En 2010, l'ONU a accusé dans un rapport le gouvernement de Musharraf de ne pas avoir fourni une protection adaptée à Benazir Bhutto, soulignant que sa mort aurait pu être évitée.
À ce jour, seuls deux personnes ont été condamnées dans cette affaire, deux policiers qui ont écopé chacun de 17 ans de prison pour «leur mauvaise gestion de la scène du crime», lavée au karcher deux heures après les faits.
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