Les évêques du Honduras prônent l’accalmie
Par Joris Bolomey
«Nous n’avons pas le droit de faire une fois de plus exploser la Constitution de l’État du Honduras et sa démocratie», s’inquiète dans une lettre la conférence épiscopale du Honduras. Car depuis les élections du 26 novembre, le nom du vainqueur n’est toujours pas sorti des urnes.
Avant même sa tenue, le scrutin était contesté, en raison de la candidature du président sortant Juan Orlando Hernandez. La Constitution interdit deux mandats consécutifs, mais le chef de l’État s'est appuyé sur une décision de la Cour suprême l'autorisant à se représenter.
Les autorités électorales ont annoncé ce lundi avoir terminé le dépouillement des bulletins de l'élection présidentielle du 26 novembre. Et contrairement aux premières estimations, le président Hernandez arriverait en tête face à l'opposant de gauche et présentateur de télévision Salvador Nasralla. Ce climat de suspicion a entraîné de vastes manifestions d'opposants au président sortant, avec des affrontements violents avec la police. Au moins une jeune femme a été tuée et des commerces saccagés dans plusieurs villes du pays. En réponse, le gouvernement a décrété vendredi l'état d'urgence pour dix jours, assorti d'un couvre-feu.
«Maintenir un dialogue respectueux entre les membres de la communauté et rejeter toute forme de violence (…) lors des vérifications des bulletins» est donc la priorité, écrivent les évêques du Honduras. «L'État doit garantir des manifestations pacifiques et la protection des droits de tous, y compris le respect de la propriété privée et la sécurité de leurs biens», insistent-ils.
La conférence épiscopale appelle également le Tribunal Suprême Électoral à faire preuve de tranparence et à répondre immédiatement aux demandes de chaque partie. L'opposition accuse le TSE d'avoir falsifié des procès-verbaux pour favoriser le président sortant et dénonce les nombreuses pannes informatiques enregistrées dans le système, ce qui a endommagé selon elle plus de 5.000 procès-verbaux. Suspicions d'autant plus grandes, que le TSE s'est refusé à désigner officiellement le vainqueur de cette élection à un tour, expliquant que cette déclaration pouvait prendre 22 jours en raison de possibles recours. Et lorsque les résultats seront connus, les évêques du Honduras demandent aux candidats de les accepter «de manière sensée et responsable, en pensant au bien commun de la population.»
Les évêques appellent enfin «tous les secteurs sociaux, politiques, académiques et religieux à promouvoir un dialogue franc, efficace et créatif à court terme, permettant de parvenir à des accords minimum de gouvernance, de restauration de la paix et de coexistence citoyenne au Honduras».
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