18 réfugiés Rohingyas prient lors de la célébration interreligieuse avec le Pape François à Dacca, le 1er décembre 2017. 18 réfugiés Rohingyas prient lors de la célébration interreligieuse avec le Pape François à Dacca, le 1er décembre 2017. 

Les organisations catholiques mobilisées pour les Rohingyas

À l’issue de la rencontre interreligieuse et œcuménique à l’archevêché de Dacca ce vendredi 1er décembre 2017, le Pape François a rencontré quelques réfugiés Rohingyas.

Pour la première fois de son voyage, il a d’ailleurs utilisé ce terme controversé : «La présence de Dieu, aujourd’hui, s’appelle aussi Rohingyas», a affirmé le Saint-Père, tout en demandant «pardon» «au nom de tous ceux qui les ont persécuté».

Depuis cet été, 600 000 Rohingyas vivant en Birmanie ont fui vers le Bangladesh voisin, selon l'ONU. Ils s’entassent dans des camps comme ceux du district bangladais de Cox’s Bazar. C’est là que s’est récemment rendu pendant quatre jours le frère Linto Hubert Gomes, aumônier de la Caritas du pays.

Entretien avec le frère Linto Hubert Gomes, aumônier de la Caritas Bangladesh

Frère Linto Hubert Gomes, aumônier de la Caritas Bangladesh : De ce que j’ai vu, la première préoccupation concerne les enfants et les femmes aussi. Quand ils étaient sur la route entre la Birmanie et le Bangladesh, lors de la traversée de la rivière Naf, c’était très difficile et j’ai appris que beaucoup d’enfants et de femmes ont été tués. Ensuite, ils sont arrivés au Bangladesh et depuis ils sont donc protégés. Et ils sont heureux.

La population bangladaise les aide: il y a des bénévoles et la population locale a aussi de la compassion pour les réfugiés. Ce qui est merveilleux, c’est que nous étions ici avant le gouvernement et nous avons cherché comment aider ces réfugiés. Mais nous avons nos propres préoccupations et nos limites donc nous ne pouvions pas travailler seuls. Nous avions besoin de l’aide du gouvernement local. Et comme nous, le gouvernement est très libre et très ouvert, il nous a aidés et maintenant les réfugiés sont protégés.

RV : Comment vous organisez-vous pour aider les réfugiés?

F.LHG : Nous les avons aidés en collaborons avec le Programme alimentaire mondial. Donc nous, la Caritas Bangladesh, nous avons plutôt fourni des articles non alimentaires, comme de la vaisselle. Et maintenant nous nous concentrons sur le développement, en allant rencontrer les réfugiés dans leurs tentes, dans leurs maisons.

Il y a aussi deux jésuites du Bangladesh qui vivent là-bas, dans le camp de Cox’s Bazar. Ils vont au centre post-traumatique, pour favoriser la guérison des réfugiés. Ils les aident à travers un accompagnement mental et spirituel.

RV : Que vous ont dit les réfugiés sur la situation en Birmanie?

F.LHG : C’est terrible car même les enfants, ceux qui savent parler, racontent que leurs proches ont été tués. Les maisons sont brulées aussi. J’ai pu voir la fumée depuis le Bangladesh.

Il y a une autre chose intéressante à évoquer. Nous avons remarqué que près de 90% des femmes sont enceintes. Donc nous leur avons demandé pourquoi. Et elles ont répondu: «si nous sommes enceintes, alors nous sommes sauvées. Sinon nous sommes torturées ou violées par l’armée birmane ou d’autres parties prenantes au conflit. »

RV : Que pensez-vous de l’accord signé par la Birmanie et le Bangladesh la semaine dernière?

F.LHG : Ils l’ont signé. Mais ça a été une signature forcée. Il faudra du temps pour mettre en place cet accord parce que le gouvernement birman aimerait restaurer son image: voilà pourquoi il a signé. Mais en fait, je pense que ça prendra du temps, que le gouvernement birman ne prépare pas totalement le retour des réfugiés.

(SBL-XS)

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01 décembre 2017, 20:36