En France, le «taylorisme est arrivé» dans les Ehpad
Marine Henriot – Cité du Vatican
Alors que dans l’Hexagone, les témoignages relatant des cas de maltraitances dans les maisons de retraites se font de plus en plus entendre, le personnel soignant se dit lui «cassé, usé, à bout».
Ce mardi 30 janvier, lors d’un mouvement de grève inédit, près d’un tiers des salariés d’Ehpad est descendu dans les rues de plusieurs villes de France pour dénoncer leurs conditions de travail. Munis de pancartes «Ehpad Hard Discount» ou de banderoles «maltraitance institutionnelle», ils se sont réunis notamment à Rennes, Strasbourg, Orléans, Lyon ou Toulouse. À Paris, une délégation s’est rendue au ministère des Solidarités et de la Santé mais a annoncé être ressortie «déçue», disant n’avoir obtenu que des «non réponses».
Deux revendications majeures
Si le personnel soignant des maisons de retraite a foulé le pavé, c’est notamment pour demander l’application d’un ratio d’un agent par résident, contre 0,6 en moyenne actuellement. Il demande aussi l’abrogation d’une réforme du financement, appliquée à partir du 1er janvier dernier, qui prévoit de faire converger progressivement les budgets des Ehpad publics et privés, sans tenir compte des particularités des établissements et des disparités départementales.
Agnès Buzyn, la ministre de la santé avait annoncé la semaine dernière débloquer 50 millions d’euros pour les établissements en difficulté, une proposition jugée insuffisante par les syndicats. Près de 600.000 personnes sont actuellement accueillies en Ehpad en France.
Le taylorisme dans les maisons de retraite
Nicolas Martinet fut directeur d’un Ehpad pendant vingtaine d’années dans le Nord de la France. Il a constaté la dégradation progressive des conditions de travail. Pour l’auteur de «Le grand âge est à l’abandon», publié en 2011 aux éditions Salvator, «le taylorisme» est arrivé dans les maisons de retraite, et la logique marchande a maintenant remplacé celle de l’humain dans la gestion des personnes âgées.
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