Au Pérou, des milliers de femmes hantées par la stérilisation forcée
Marine Henriot - Cité du Vatican
Cela fait plus de 20 ans qu’elles réclament justice. Elles, ce sont ces milliers de femmes péruviennes, en majorité amérindiennes, issus de milieux défavorisés, qui ont subi des stérilisations forcées dans le milieu des années 90.
Le gouvernement de Fujimori avait lancé en 1996 un programme de planification familiale qui prévoyait des ligatures de trompes, théoriquement sur la base du volontariat. Une politique qui avait pour objectif de réduire le taux de natalité et de promouvoir le développement économique. Le pays s’était alors engagé à faire passer le taux de natalité de 3.4 enfants par femme en moyenne à 2.5 en 2000. Des mesures drastiques, approuvées par la Banque Mondiale qui consent au pays un prêt de 150 millions de dollars. Près de 300 000 femmes et 20 000 hommes auraient subi une stérilisation forcée.
Un chemin difficile pour les Amérindiennes
Aujourd’hui, soutenue par des associations et l’opinion publique, ces femmes qui viennent de la forêt amazonienne ou des hauts plateaux incas ont entamé un long parcours judiciaire avec l’espoir d’une reconnaissance et d'une indemnisation. Seulement, la procédure administrative est jonchée d’embûches pour les victimes, dont certaines ne savent ni parler ni écrire l’espagnol. Par ailleurs, nous explique Lissell Quiroz-Pérez, docteure en histoire, spécialiste de l'histoire du Pérou et de l'histoire des femmes, il s’agit de déterminer qui est impliqué et à quelle échelle, depuis les ordres du gouvernement aux docteurs ou infirmières exécutant dans les campagnes.
Fujimori une nouvelle fois face à la justice
Jeudi 26 avril, une lueur d’espoir pour les victimes, le parquet général du Pérou a annoncé engager une procédure judiciaire contre l'ex-président gracié Alberto Fujimori pour la stérilisation forcée de cinq femmes au cours de son mandat, entre 1990 et 2000. Trois de ces anciens ministres de la Santé sont aussi visés. Les victimes avaient déjà porté cette affaire devant la justice il y a 15 ans, sans succès. La dernière avancée remonte à novembre 2015, avec la crèation par le gouvernement péruvien d'un registre national des victimes de stérilisation forcée.
Quels recours pour les victimes et comment étaient réalisées ces stérilisations ? Les réponses dans notre entretien avec Lissel Quiroz-Pérez.
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