New Delhi à l'offensive diplomatique en Afrique
Entretien réalisé par Joris Bolomey – Cité du Vatican
L'Inde a annoncé l'ouverture de 18 nouvelles ambassades sur le contient d'ici 2021. Elles seront installées, selon le quotidien indien Times of India, au Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Tchad, République du Congo, Djibouti, Guinée équatoriale, Érythrée, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Mauritanie, Rwanda, Sao Tomé & Principe, Sierra Leone, Somalie, Swaziland et Togo. Le deuxième pays le plus peuplé au monde en comptait déjà 29. Un soft power qui se place au service de l'appétit économique grandissant de L'Inde. Septième économie mondiale, l'Inde pourrait bien passer à la cinquième place d'ici la fin de l'année, selon l’institut de recherche britannique CEBR (Centre for Economics and Business Research).
Sécuriser l'approvisionnement en matières premières
Depuis 1947, elle entretient des relations étroites à l'Est et au Sud du continent. Et le pays a développé ses investissements et partenariats en Afrique de l'Ouest ces dernières années. Le président indien, Ram Nath Kovind, a effectué deux tournées en Afrique depuis sa prise de fonction fin juillet 2017. Après l'Ethiopie et Djibouti en octobre 2017 et Maurice et Madagascar en mars dernier, il effectue en avril 2018 une troisième tournée, au Swaziland et en Guinée Equatoriale.
L'objectif pour New Delhi est de sécuriser son approvisionnement en matières premières. Troisième plus grand consommateur mondial d'hydrocarbures, le pays importe plus de 75% du pétrole qu'il consomme. Un chiffre qui devrait monter à 95% d'ici 2030. Mais ses ambitions se heurtent à son voisin chinois déjà bien installé.
Dans ce contexte de rivalité, l'Inde joue la carte du non-alignement et de l'anticolonialisme dans l'esprit de Bandung. Lors du dernier sommet Inde-Afrique fin 2015, New Delhi avait promis d’accorder aux pays africains des prêts concessionnels d’un montant global de 10 milliards de dollars, ainsi qu’une aide de 600 millions de dollars sur cinq ans. New Delhi souhaite également signer un accord de libre échange avec l’Afrique, alors que plusieurs pays viennent de créer une Zone de libre-échange continentale africaine.
Et avec le redémarrage de la machine diplomatique en Afrique, l'Inde pourrait accroitre sa présence sur le continent nous explique Jean-Joseph Boillot. Il est conseiller du club du CEPII et auteur de nombreux ouvrages sur les grandes économies émergentes dont Chindiafrique: La Chine, l'Inde et l'Afrique feront le monde de demain, co-écrit avec Stanislas Dembinski aux éditions Odile Jacob.
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