RDC : mise en garde de Séoul contre les "machines à voter"
«Le gouvernement coréen a dûment expliqué au fabricant (…) les risques potentiels en cas d’exportations de ces machines». L'ambassade de Corée du Sud à Kinshasa met en garde contre l'utilisation des controversées «machines à voter» pour les scrutins du 23 décembre 2018, deux ans après la fin officielle du dernier mandat du président Kabila. «Exporter ses machines au Congo pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour (obtenir) des résultats indésirables liés aux élections, notamment (un) retard additionnel (à leur) tenue.»
Ce communiqué fait suite à la publication par Jeune Afrique d'une enquête sur la transparence des élections en Afrique. L’ambassade précise que l’Association mondiale des organes de gestion des élections (A-WEB), organisation sud-coréenne qui fournissait un soutien technique à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) congolaise, «a rompu ses liens avec le Congo, suivant la position du gouvernement coréen» en décembre 2017. «La communauté internationale est préoccupée du fait que le gouvernement congolais puisse une fois de plus retarder l'élection ou mettre en danger la tenue pacifique et ordonnée de l'élection», peut-on encore lire dans le document qui exprime la position officielle de la Corée du Sud.
Les premières «machines à voter» sont arrivées en janvier en République démocratique du Congo. Fabriquées par la société sud-coréenne Miru-Systems, elles se présentent sous la forme d'un écran tactile. Pour chacune des trois élections (présidentielle, législatives et provinciales), la photo des candidats apparaît sur l'écran. L'électeur choisit son candidat président, député national et député provincial. A la fin de l'opération, la machine imprime les trois noms choisis au dos du bulletin de vote que l'électeur va plier et glisser dans l'urne. Et dès la clôture des votes, la machine est censée afficher les résultats. Si l'opposition congolaise s'est finalement ralliée au calendrier électoral, elle continue de rejeter les «machines à tricher».
Et malgré la mise en garde sud-coréenne, pas question pour la Céni de remettre en cause l'utilisation de ces machines qui permettront selon elle de «réduire le temps de vote et la période d'attente de l'annonce des résultats, la fraude électorale sinon sa suppression, ainsi que le coût global des élections». «La Céni est en affaire avec une firme coréenne, pas le gouvernement coréen. Je sais qu'il y aura d'autres attaques de ce genre, mais cela ne nous ébranlera pas dans notre détermination à tenir des élections telles que voulues par le peuple congolais et non en suivant le diktat des étrangers», a déclaré à l'AFP Corneille Nangaa, le président de la Céni.
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