"Parvenir à une réconciliation durable" au Kenya
Joris Bolomey, avec agences - Cité du Vatican
Au terme de leur assemblée plénière, du 10 au 15 avril, la conférence épiscopale du Kenya (KCCB) a une nouvelle fois appelé à la réconciliation entre le président réélu Uhuru Kenyatta et son opposant Raila Odinga. «Pour parvenir à une réconciliation durable» de nombreux efforts doivent encore être fournis afin de mettre un terme aux divisions nées suite au vote contesté du 26 octobre 2017.
Une élection source de profondes divisions
Le scrutin, marqué par l'annulation en justice d'un premier vote en août, avait été suivie de mois de troubles qui ont fait 92 morts, selon des défenseurs des droits de l'Homme, principalement dans la répression de manifestations de l'opposition. Le pays avait ensuite connu un regain de tensions après que Raila Odinga ait prêté serment en tant que «président du peuple» mardi 30 janvier, malgré la victoire à l'élection présidentielle de 2017 du candidat sortant Uhuru Kenyatta.
Si des signes d’accalmie sont depuis apparus entre ces deux camps, après la poignée de main entre Uhuru Kenyatta et Raila Odinga le 9 mars, les évêques de ce pays d’Afrique de l’est appellent l’ensemble des responsables politiques au dialogue pour trouver des solutions à leurs divergences. Ils souhaitent notamment la transformation de la Présidence en une institution «qui soit au-dessus des partis politiques de manière à ce qu'elle ne fasse pas l'objet d'un âpre conflit politique comme cela a eu lieu dans le cadre des élections présidentielles contestées de 2007 et de 2017».
La Conférence épiscopale kényane a également regretté que «certains partis politiques pensent seulement à la prochaine campagne électorale et sont déjà obsédés par les prochaines élections de 2022 au lieu de concentrer leur engagement sur la résolution des problèmes des Kényans».
Une "corruption endémique"
Revenant sur la situation générale dans le pays, les évêques déplorent que «malheureusement il existe des responsables qui sont là pour piller les fonds qui leur sont confiés». Dans un discours sur l’état de la nation, prononcé vendredi 13 avril 2018 au siège de l’archidiocèse de Nairobi, ils parlent d’une «corruption endémique». Sur fond de tribalisme, «la culture de la corruption est profondément enracinée», déplorent-ils. En 2017, le Kenya était classé 143ème sur 180 pays par l’ONG Transparency international.
Un fléau qui pèse sur l’économie du pays, renforçant les inégalités et accentuant davantage encore le chomage, qualifié par les évêques de «bombe à retardement qui peut exploser d'un moment à l'autre. En proie au désespoir, insistent-ils, de nombreux jeunes finissent par s'unir aux bandes, aux milices et aux groupes terroristes alors que d'autres font usage de drogue et abusent de l'alcool, gaspillant leur vie».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici