Vingt ans après la paix en Irlande du Nord, le Brexit ravive les inquiétudes
Entretien réalisé par Joris Bolomey, avec agences – Cité du Vatican
Le 5 octobre 1968, une manifestation pacifique de catholiques en faveur des droits civiques est brutalement réprimée par la police à Londonderry. En quelques mois, tout bascule. Les violences entre républicains nationalistes catholiques, partisans du départ des Britanniques d'Ulster et de la réunification de l'Irlande, et loyalistes unionistes protestants, défenseurs du maintien du Nord sous l'autorité de la Couronne, vont faire plus de 3 500 morts en 30 ans.
Il faudra de longues tractations pour finalement arriver à la signature à Belfast, le 10 avril 1998, d’un accord de paix entre loyalistes et séparatistes. Soutenu par l'IRA, l’armée républicaine irlandaise, organisation paramilitaire luttant par les armes contre la présence britannique en Irlande du Nord, ce texte instaure un partage du pouvoir entre élus catholiques et protestants au sein d'institutions semi-autonomes.
Si les violences sont devenues depuis résiduelles, les tensions politiques restent vives. Depuis 15 mois, Belfast est privé de gouvernement et l'exécutif formé depuis 2007 par le Parti unioniste démocrate (DUP) et le Sinn Féin, parti nationaliste, a implosé en janvier 2017. S’ajoutent à cela, les doutes sur l’avenir de la frontière entre les deux Irlande avec le Brexit. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est un sujet de préoccupation majeur et fait craindre une résurgence des attentats.. La décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne le 29 mars 2019 risque de réintroduire une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande voisine. Mais les moyens d'y arriver demeurent flous.
«La paix nécessite un travail en continu, il ne faut jamais la voir comme acquise», a prévenu Tony Blair, alors Premier ministre travailliste britannique en 1998, cité lundi 9 avril par l’AFP. «L'accord du Vendredi saint (...) devrait survivre au Brexit, mais c'est une complication», espère-t-il.
Pour les nationalistes, un référendum sur la réunification de l'Irlande, dont le principe est prévu dans l'accord de paix, résoudrait la question de la frontière. Cette réunification est même une des principales revendications du Sinn Féin. Ces dernières années, ce parti s’est imposé comme la deuxième force électorale en Irlande du Nord et la troisième en République d’Irlande. Mais si Mary Lou Macdonald, la nouvelle présidente du parti irlandais, montre un visage plus apaisé que son prédécesseur Gerry Adams, une telle consultation ne semble toujours pas bénéficier d'un soutien majoritaire, comme l'explique Christophe Gillissen, professeur d'études irlandaises à l'université de Caen Normandie:
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