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Une militante du Zanu-PF, le parti au pouvoir au Zimbabwe, le 25 juillet 2018. Une militante du Zanu-PF, le parti au pouvoir au Zimbabwe, le 25 juillet 2018.  

Le Zimbabwe ouvre-t-il une nouvelle page ?

Ce lundi 30 juillet, après 37 années passées sous le règne de Robert Mugabe, les citoyens du Zimbabwe sont invités à se rendre aux urnes. Des intimidations d’électeurs ont eu lieu selon l’ONU pendant la campagne, la première qui s’est déroulée dans un contexte de calme relatif depuis la naissance du pays en 1980.

Marine Henriot - Cité du Vatican

Une nouvelle ère souffle sur le Zimbabwe. 37 ans après l’arrivée au pouvoir de l’autocrate Robert Mugabe, les Zimbabwéens se rendent ce lundi 30 juillet aux urnes, après une campagne qui s’est «relativement» bien déroulée, détaille Virginie Roiron, maître de conférence en civilisation britannique et du Commonwealth à Sciences-Po Strasbourg.

Pour la première fois depuis 16 ans, une mission de l’Union européenne a été autorisée à quadriller le pays pour valider le bon déroulement des élections. Une mission de l’ONU également sur place, a de son côté dénoncé des «intimidations» et des «menaces de violences et de harcèlement» d’électeurs.  «Nous restons inquiets du nombre croissant d'informations reçues, en particulier dans les zones rurales, concernant les intimidations d'électeurs, des menaces de violence, de harcèlement et de coercition, notamment de la part de personnes contraintes d'assister à des meetings politiques», a indiqué le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme.

Risque de fraude électorales 

Par ailleurs, l’opposition accuse déjà le parti au pouvoir, la Zanu-PF, menée par l’héritier de Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa, de fraude électorale. Dans le viseur du candidat principal de l’opposition, Nelson Chamisa du Mouvement pour le changement démocratique, les bulletins de votes. «A ce stade avancé, on ne sait toujours pas combien de bulletins ont été imprimés, ni où ils ont été imprimés (...) Il y a eu une négation systématique des standards internationaux en matière de divulgation du matériel électoral», a-t-il détaillé. De plus, le nom d’Emmerson Mnangagwa figure en tête de colonne sur les bulletins, une façon selon l’opposition de mettre en valeur le candidat.

Pour autant, cette campagne est la moins violente qu’a connu le Zimbabwe, né en 1980 après 15 années de guerre civile.  Les élections organisées sous l'ère de Robert Mugabe ont été régulièrement entachées de fraudes et violences. Emmerson Mnangagwa, son ancien vice-président, a promis des scrutins libres et transparents

Une économie nationale en lambeaux 

Cette première campagne sans Robert Mugabe s’est basée autour de la préoccupation principale des Zimbabwéens, la situation économique du pays. Bien que riche en terre fertile et en minerais, le Zimbabwe fait face à la plus grande dépression économique de sa courte histoire. 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, 94% est au chômage. 3 millions de Zimbabwéens, soit le quart de la population, dépendent de l'aide alimentaire internationale.

Faire sortir la population de la pauvreté et attirer les investisseurs internationaux est ainsi l’enjeu majeur de cette campagne. Il faut «montrer que le climat est stable», explique la spécialiste Virginie Roiron.

Enjeu démocratique

Rassurer les marchés passe aussi par l’installation d’une démocratie réelle. «La démocratie est le cheval de bataille de l’opposition» de Nelson Chamisa, avance Virginie Roiron.

Un terrain sur lequel joue aussi Emmerson Mnangagwa. Lors d’un meeting après son arrivée au pouvoir en novembre, l’homme de 75 ans promettait que son arrivée à la tête du pays allait marquer le «début d’une nouvelle démocratie». «Le peuple a parlé. La voix du peuple est la voix de Dieu», avait-il lancé, saluant le rôle de l’armée lors de la transition politique entre Robert Mugabe et lui-même.

L’armée, elle, reste un point d’interrogation: «Est-ce que l’armée acceptera une victoire de l’opposition ? Car elle ne peut pas concevoir que quelqu’un qui n’a pas connu la guerre de Libération des années 70 soit à la tête du Zimbabwe», questionne Virginie Roiron. Nelson Chamisa, a lui 40 ans.

Son entretien à suivre en podcast.

Interview de Virginie Roiron, maître de conférence à Sciences-Po Strasbourg

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30 juillet 2018, 08:46