Un rapport sénatorial s’alerte du mal-être des policiers français
Timothée Dhellemmes – Cité du Vatican
«Il y a une urgence absolue à mener une révolution culturelle» : c’est ainsi que le sénateur François Grosdidier (LR), rapporteur de la commission d'enquête sur «l'état de la sécurité intérieure», évoque l’état des forces de l’ordre françaises, en particulier la police. Dans un texte de plus de 175 pages, 21 sénateurs de différents bords politiques constatent la «crise» que traversent les quelque 247 000 policiers et gendarmes français.
Un taux de suicide très important
Cette commission avait été créée le 17 janvier 2018 après une vague de suicides qui a endeuillé les forces de sécurité à l'automne 2017. Dans la police, le taux de suicide est supérieur de 36% à la moyenne nationale. Le paroxysme de la crise traversée par les services de police en France a été l'assassinat revendiqué par l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) de deux agents le 13 juin 2016 à leur domicile en région parisienne.
Le texte des sénateurs regrette une insuffisance de moyens mis à la disposition des forces de police, une mauvaise coordination des services, ainsi que la faible reconnaissance professionnelle des agents, qui aboutit à leur «épuisement moral». Les sénateurs ont recensé près de 22 millions d'heures supplémentaires non récupérées ni indemnisées, «un niveau jamais atteint à ce jour». Cette surcharge est principalement due à la menace terroriste et à la délicate gestion de la crise migratoire.
La vie de famille affectée
«Avec les cycles de travail actuels, un policier passe un week-end sur quatre ou sur cinq en famille», relate le rapport. Sur le plan matériel également, c'est le «grand dénuement», avec des «locaux délabrés et indignes de l'accueil du public» et un parc automobile «vétuste».
Cet état des lieux est partagé par Georges Gasperini, président de l’association «Police et humanisme», qui regroupe des policiers chrétiens souhaitant partager sur leurs pratiques professionnelles. Selon lui, «il y a effectivement une accentuation des difficultés pour les policiers depuis 2015», à cause de la menace terroriste constante. Moralement, la pression s’avère d’autant plus forte que «chaque policier est une cible potentielle».
Georges Gasperini met en avant la «suractivité» des fonctionnaires de police, qui «ne peuvent pas prendre les temps de repos auxquels ils ont légitimement droit». Si cela conduit certains services «à un état de burn-out», Georges Gasperini s’inquiète surtout de «l’impact énorme» sur la vie de famille.
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